Nous profitons de notre séjour pour redécouvrir la région: Vichy, ses vieux quartiers, ses parcs, ses boutiques, son marché couvert, nous rendons visite aux quelques connaissances de Caro, au restaurant dans lequel elle a travaillé et où nous sommes invités à prendre le repas. Elle nous emmène aussi à la découverte des différents châteaux aux alentours: Lonzat, Saligny, Thoury, Beauvoir, Montgilbert (ou ce qu'il en reste…), nous retournons également à Billy et Lapalisse.

Nous profitons de la météo clémente pour passer une journée au PAL, parc d'attractions et zoo, pour le plus grand plaisir de Clara, randonner jusqu’au sommet du Puy de Dôme et admirer la vue, revisiter Gergovie… Et surtout rester à buller au bord de l’eau après nos séances de sport dans les parcs.

A plusieurs reprises, je profite de virées shopping ou détente des filles, pour aider Papé à nettoyer le jardin, tailler les haies, refendre et ranger son stock de bois.

- C’est gentil d’avoir proposé de m’aider Justin. Vous savez, avec l'âge, c’est de plus en plus difficile pour moi de faire tout ça et je ne peux pas compter sur grand monde pour un coup de main. Il y a quelques années, j’aurais terminé de ranger le bois dans la journée, l’an dernier il m’a fallu presque une semaine…

- C’est normal de participer et d’aider, vous nous invitez pour deux semaines de vacances, c’est un juste retour des choses et encore, je suis loin de l’équilibre si je prends en compte tout ce que vous avez fait pour les filles.

- C’est avant tout les nôtres, de petites, vous savez, on ne pouvait pas les laisser à la rue. Puis, voir grandir mon arrière petite-fille, c’est tellement de bonheur et de joie… J'imagine que vous devez regretter un peu d’avoir raté tout ça?

- Bien sûr, mais… J’en profite maintenant et… J’espère me rattraper, un jour, avec ses frères et sœurs…

- Je ne comprends toujours pas ce qui a pu leur passer dans la tête à ces deux-là…

- Alors les hommes, je vois que vous passez plus de temps à jacasser qu'à ranger ce bois! Un petit rafraichissement?

- C’est pas de refus!

- Jacasser? Nous? On se divertit en travaillant, c’est tout… Je disais à Justin que je ne comprenais toujours pas la réaction d’Elise et Hervé…

- C'est vrai… On ne l’a pas élevée comme ça, bien sûr nous allions à la messe de temps en temps, surtout pour les grandes occasions, elle avait fait son catéchisme… Mais devenir extrémiste comme ça, c’est sûrement l’autre gros bêta qui lui a retourné le cerveau… Je l’ai jamais vraiment aimé celui-là…

- J’ai pas tellement eu le temps de les connaître, je les ai toujours trouvés un peu froids, distants, assez stricts… Mais j’ai vu de quoi ils étaient capables…

- Faut avouer que c’était assez vicieux ce coup là, mais vous vous êtes bien débrouillés.

- C’est aussi grâce à vous… Sans votre témoignage, les choses auraient peut-être été plus compliquées.

- C’était pas de gaieté de coeur, mais nous avons pensé que c’était nécessaire, pour nos petites… Elles sont tellement heureuses depuis qu’elles vous ont retrouvé.

- C’est un bonheur partagé… Ça n'a pas été facile pour moi toutes ces années vous savez…

- Oui… Caro nous en a parlé… Mais tout s’est arrangé… Alors maintenant il faut profiter.

- Allez vous reposer Papé, je vais terminer seul…

- Vous êtes sûr?

- Oui…

Lorsque les filles rentrent, il me reste encore un joli petit tas de bûches à débiter, le soleil commence doucement à décliner mais la chaleur est encore bien présente et j’ai quitté mon t-shirt trempé pour être plus à l’aise. Clara arrive en courant pour m’aider tandis que Caro et Clémence nous observent d’un peu plus loin.

- On dirait Charles Ingalls…

- En beaucoup plus sexy quand même…

- Il est quand même vachement bien tanqué…

- Pas touche!!!!

- T’es pas jalouse quand même?

- SI!!! Avec toutes les mamans qui lui tournent autour à l’école, y’a de quoi!

- T’as raison… A ta place je le laisserais même pas sortir de la maison…

- Et si au lieu de vous foutre de moi vous veniez m’aider?

- On est en vacances, quand même!

- Moi aussi…

- C’est bon, on arrive!

En moins d’une heure le tas de bois a disparu, tout est rangé proprement sous l'abri et je peux m’accorder une douche bien fraîche sous laquelle Clems me rejoint rapidement, les yeux débordants de désir, les mains curieuses et la bouche gourmande. Tout juste séchés nous nous retrouvons nus et enlacés sur le lit, elle sur moi, puis moi sur elle, laissant, longuement, libre cours à nos envies.

- Dites-moi donc, mademoiselle l’infirmière, qu’est-ce qui vous met dans un tel état?

- Si tu t’étais vu, torse nu, en train de fendre le bois, la sueur dégoulinant sur ton torse musclé…

- Ça fait vraiment cliché de mauvaise série B.

- Ouais, mais ça m’a rendue toute chose… Et je crois que j’étais pas la seule…

- Je crois que c’est plutôt la remarque de Caro qui t’as obligée à marquer ton territoire.

- Genre Mr se croit irrésistible… Mais c’est vrai aussi… Et puis zut, à la fin, t’étais tellement sexy, j’y peux rien!

- Merci mon amour…

C’est avec un gros pincement au cœur que nous quittons la fraîcheur de l’Auvergne et du Bourbonnais, à la fin de notre séjour, pour aller retrouver la chaleur du Gard puis d’Aix. Caro semble avoir beaucoup de mal, de son côté, à dire au-revoir à Papé et Mamé pour monter en voiture, mais poussée par ses grands-parents, qui nous promettent une visite dans les prochains mois, elle finit par s’installer en sanglotant aux côtés de Clémence sur la banquette arrière tandis que Clara débute le voyage à mes côtés. D’une oreille, j’entends les deux filles discuter en murmurant, enfin, j’entends surtout Clems essayer de consoler Caro et je souris discrètement, heureux de cette complicité.

Après une pause repas à St Flour, Clara et Caroline échangent leurs places et la petite fille ne tarde pas à s'endormir, la tête reposant sur les genoux de sa tata qui se laisse gagner à son tour par le sommeil.

- Ça va mieux?

- Oui… Je suis désolée Justin…

- Désolée de quoi? Je comprends que tu sois triste de les quitter… On a passé deux belles semaines de vacances, ils nous ont accueilli à bras ouverts, ils ont été aux petits soins… Je suis triste aussi de rentrer… Mais on reviendra… Je te le promets.

- Merci… C’est pas tellement ça… Je me suis rendue compte qu’une partie de ma vie… Que j’avais d’excellents souvenirs ici avec Clacla, avec eux, malgré les circonstances… Et… Ils veulent que j'hérite de la maison, quand le moment sera venu…

- C’est super ça…

- Ouais… Mais ça fait beaucoup d’un coup, tu te rends compte? Vous, qui me proposez de partager votre terrain pour nous installer et ça… J’ai toujours dû me débrouiller avec pas grand chose et là, tout me tombe dessus… Ça fait quelques années que j’ai du mal à joindre les deux bouts et je risque bientôt de me retrouver propriétaire de deux maisons, avec un boulot qui paye mieux et de l’argent à la banque…

- Caro… Si tu refuses notre proposition, je t’en voudrai pas. T’es grande et t’as le droit de faire tes propres choix sans rien devoir à personne. De vivre ta vie comme tu l’as toujours fait… Si tu préfères rester à Aix, ou venir vivre ici…

- Non, ça ferait trop de peine à Clara, elle est trop attachée à vous maintenant… Et… Moi aussi… J’aime bien vous savoir près de nous… J’ai envie de revenir chez nous, de retrouver ma région…

- Merci… J’ai pas envie de me retrouver éloigné de vous deux, moi non plus… J’aime bien Aix, mais je préfère les Cévennes…

- Puis en dehors de ta femme et toi, j’ai personne d’autre…

- Tu vois qu’on est d’accord…

Ces deux semaines de vacances nous ont fait le plus grand bien et après une nouvelle escale à Lézan et Anduze, c’est reposés et sereins que nous reprenons le chemin d’Aix et du retour au travail.

Je termine mes vacances par quelques baladesen vélo, quelques sorties running accompagné de Clara, profitant du beau temps et de la chaleur jusqu’au dernier moment et lorsque je retrouve ma classe et mes collègues, je suis prêt pour une nouvelle année.

Quelques jours plus tard, Caro nous invite chez elle pour nous annoncer qu’elle a eu de bonnes nouvelles de l’avocate et qu’elle accepte finalement notre proposition. Ses parents se séparent de leur entreprise pour déménager en région parisienne et lui versent l’argent qu’ils lui doivent, plus un petit bonus grâce à la plus-value sur la vente, ce qui lui permet d’entrevoir encore plus sereinement l’avenir.

Ainsi, dès la deuxième semaine de septembre, nous entamons toutes les démarches concernant l’achat du terrain et la cession d’une parcelle de cinq cent mètres carrés à Caroline et Clara. De mon côté, je recontacte plusieurs artisans locaux et trois constructeurs de maisons modulaires en conteneurs maritimes pour établir les devis définitifs des travaux.