Samedi 2 Avril 2022 (1/2)

6 minutes de lecture

Nous avons tout de même attendu une semaine avant d’annoncer notre décision à une Caroline tendue par l’attente, qui a immédiatement fondu en larmes entre nos bras.

Cette joie sincère me fait chaud au cœur et j’ai du mal à ne pas craquer à mon tour lorsque Clems se laisse aller, elle aussi.

Il a ensuite fallu prendre les renseignements dont nous avions besoin sur la procédure médicale et surtout sur l’aspect légal de l’acte, mais nous nous sommes vite rendu compte que Caro avait tout anticipé, comme à son habitude.

La procédure a juste pris plus de temps que prévu, interrompue par l’arrivée précoce, mais tant attendue, d’un petit être prénommé Maël.

La livraison a lieu au tout début du mois d’avril, alors que nous languissons en lézardant sous le tiède soleil du printemps. Il y avait quelques heures que Clémence avait commencé à ressentir les premières contractions, la nuit avait été assez calme et nous avions même pu profiter d’un réveil coquin à l’heure où l'astre du jour laisse apparaître ses premières lueurs.

Ensuite, nous nous sommes installés sur notre terrasse pour prendre notre petit déjeuner en compagnie de Clara, qui nous avait rejoint accompagnée de ses fidèles crayons, tandis que Caro avait pris la route du boulot.

Depuis quelques semaines, elle prenait soin de sa tata comme de sa propre mère, toujours disponible pour l’aider, accomplissant les tâches ménagères de base, m’aidant pour la cuisine et les courses.

- Princesse, je crois que c’est l’heure…

- Le bébé arrive?

- Oh que oui!!! Juss! Appelle ta mère pour Clara, puis la mienne pour la prévenir qu’on file à la mater.

- Dix sept minutes! On a encore un peu de temps…

- Peut être mais c’est plus la même là!

- Clacla, tu files chercher ton sac à la maison et tu nous rejoins à la voiture!

- Oui p’pa. Courage Super-Tata!

- Merci ma petite chérie, t’es adorable.

- Allez, on est parti!

J’ai calmement rassemblé quelques affaires, fermé la maison, prévenu nos proches et la maternité, puis je l’ai aidée à se lever et à rejoindre la voiture à côté de laquelle Clara nous attend en piétinant. Après de nouvelles contractions et la perte des eaux au milieu du jardin, nous prenons enfin la route de la maternité d’Alès où Caro nous attend.

Le comité d’accueil est imposant: fauteuil roulant, porteurs de bagages, applaudissements et haie d’honneur, rien ne manque lorsque nous débarquons à la maternité où Nadine et ma mère nous rejoignent rapidement. Après un gros câlin et un énorme baiser à sa Super Tata, Clara nous quitte pour rentrer à Lézan.

Immédiatement, Clémence est installée en salle de travail, Grégoire, le gynéco de garde nous y attend avec une joie certaine et son accueil est chaleureux, Caro, sourire jusqu’aux oreilles, l’assiste pour les premiers examens et la pose du monitoring.

- Bon, je vais pas te faire le topo complet, tu connais ça par coeur. Je te laisse te rendre compte par toi-même que tout est parfait sur l’écran: rythme cardiaque normal, position optimale, le p’tit bonhomme attend juste que la porte s’ouvre…

- Merci Greg. Caro, tu peux peux préparer la baignoire s’il te plait?

- C’est fait! Eau maintenue à trente-six degrés pile-poil, musique d’ambiance et diffuseur d'arôme en route! Y’a plus qu'à!

- Vous me laissez cinq minutes le temps que je finisse de me préparer. Mon coeur, attends moi devant la porte, dès que j’en ai terminé, tu viendras m’aider à me changer…

- D’accord…

Je rejoins tout le monde après l’avoir embrassé tendrement. Nous allons glisser quelques mots à Nadine pour la rassurer, puis elle nous quitte pour aller téléphoner à Pierre et mes parents.

- Ça va aller Justin?

- Bien sûr… Tout se passe bien, tout se présente bien et t’es là avec nous…

- T’es trop calme. J’ai pas l’habitude ici…

- C'est pas comme si elle était entourée d'inconnus, elle fait partie des vôtres. Tu remercieras tout le monde pour l’accueil, c’était vraiment sympa.

- On voulait marquer le coup. Et Clara?

- Fidèle à elle-même, calme, posée, elle a été adorable avec Clems et avait l’air heureuse de l'arrivée imminente de son petit frère. Je lui ai promis que ma mère la ramènerait dès que Maël serait là.

- Je suis super heureuse pour vous deux, c’est vraiment la concrétisation de votre amour.

- Je suis heureux aussi, ça n'a pas toujours été simple entre nous, quand on s’est séparé pendant nos études, j’ai vraiment cru que c’était la fin, qu’on avait laissé passer notre chance.

- Et tu t’es planté…

- En beauté... Merci Caro…

Envahi d’émotion, je l’ai prise dans mes bras et serrée contre moi. Nous avons été rapidement interrompus par une petite femme brune d’une cinquantaine d’années.

- Excusez-moi, je vous dérange?

- Pas du tout, Justin, je te présente Marie, la sage femme qui va s’occuper de nous… De vous…

- C’est donc vous le fameux Justin? Je comprends mieux les filles en vous voyant.

- Hep! Pas touche Marie! C’est chasse gardée!

- Oui, c’est moi… Ça me fait drôle, parce que j’ai l’impression de tous déjà vous connaître, enchanté Marie.

- MON AMOUR!!! TU PEUX VENIR!

Calmement, nous retrouvons Clémence qui semble ravie de voir Marie à mes côtés, nous l’aidons, entre deux contractions, à se déshabiller pour enfiler son peignoir, puis nous l’accompagnons dans la pièce voisine.

En entrant, j’y découvre une douce lumière tamisée, la baignoire qui trône au centre, une petite chaîne hi-fi qui diffuse une musique relaxante mélangeant chants d’oiseaux, bruit de ruisseaux, bruissement du vent dans les arbres accompagnés de quelques notes d’instruments à vent. Le diffuseur de parfum aromatise l’air de senteurs d’agrumes, les murs sont tapissés de photos de nature, de la cascade des Mathieux, de la Fontaine des Amours et de Rennes le Château. Je reconnais dans toute cette ambiance la patte de Clémence et immédiatement je m’y sens parfaitement bien et apaisé. La porte à peine refermée, Clémence quitte son peignoir et vient se glisser dans l’eau, nous pouvons voir son visage se détendre en quelques secondes et son sourire s’élargir.

- Merci Caro, c’est parfait.

Nadine nous rejoint pour venir prendre la main de sa fille, tandis que je me saisis de l’autre, et que Caro remet en place le matériel de surveillance.

Le travail a duré plus de quatre heures pendant lesquelles mon regard et ma main n’ont quitté les siens que lorsqu’elle décidait d’aller faire quelques pas avec Nadine qui ne tenait pas en place. Caro ne sort de la pièce que pour nous ravitailler en infusions de plantes ou aller faire un compte rendu détaillé à Greg, encourageant et rassurant Clémence lorsque les contractions devenaient trop fortes.

- Juss, tu comptes toujours assister à l'accouchement jusqu’au bout?

- Bien sûr…

- Même s’il avait envie de se barrer, je le lâcherai pas. Faut qu’il assume jusqu’au bout maintenant…

- Tu sais qu’il peut venir avec toi dans la baignoire? Juss?

- Ma puce, tu veux un peu de compagnie?

- Avec plaisir… Je crois que… Bouge-toi, y’en a plus pour longtemps!!!

- Tu peux te retenir deux minutes?

- Demande à ton fils… Allez!!!

- Justin, tu prends vite une douche, juste là, et tu viens!

En moins de deux minutes, je suis douché, en maillot de bain et je me glisse derrière ma belle qui, après un dernier examen, est sur le point d’entamer la dernière ligne droite. Je glisse mes mains dans les siennes, approche ma bouche de son oreille, pour lui murmurer tous les mots d’encouragement et d’amour nécessaires.

- Greg, Caro, Marie, j’ai envie de pousser!!!

- On est prêt, tu peux y aller quand tu te sens prête.

- Vas-y quand tu le sens ma puce, je suis là, avec toi, maintenant c’est à toi de jouer. Tu vas y arriver… Je suis si fier de toi, si heureux d’être ici avec toi… Je t’aime Clémence… Inspire… Bloque… Et pousse!!!

- ALLEZ!!!

- Super… Continue comme ça ma belle… T’es sur la bonne voie… Respire…

La présence et la voix apaisantes de Caro à nos côtés est d’une aide précieuse. Quelques secondes de répit, je me détends un peu, elle aussi, puis enchaîne plusieurs poussées supplémentaires

Allez Clemsou, à toi de jouer…

- UN! DEUX! TROIS!!!

- T’es au top Clémence… La tête est passée, encore un petit effort pour les épaules... Respire un peu. Et tu pousses dès que tu peux…

- UN! DEUX! TROIS!!!

- Super ma belle, reprends ton souffle, on arrive au bout, un dernier petit effort. Tu peux le faire…

Quelques minutes plus tard, les premiers cris de Maël raisonnent dans la pièce tandis que Clémence s’écroule dans mes bras et que Caro vient nous enlacer tendrement en pleurant.

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