Samedi 2 Avril 2022 (2/2)
Immédiatement, Marie vient déposer notre fils, au chaud dans les bras de sa mère qui fond instantanément en larmes en le voyant pour la première fois. Je regarde Maël puis mon regard croise celui de Clémence et nous nous sourions simplement, une nouvelle fois nous n’avons pas besoin de mots pour nous communiquer notre bonheur, notre fierté et notre amour.
- Félicitation ma belle, t’as fait du très bon boulot…
- Merci Caro, merci Greg, merci Marie, merci les filles… Merci mon amour… C’est… Wahou!!!
- Il est trop mignon… Bravo mon amour… Je… Je sais pas quoi te dire de plus…
- Ne dit rien… Tes regards suffisent…
- Tu peux essayer de le mettre au sein, c’est le meilleur moment…
- Marie tu m’aides s’il te plait. Juss, tu peux aller te changer si tu veux et aller prévenir tout le monde.
Je me relève délicatement aidé de Caro, en prenant garde de ne bousculer personne malgré mes muscles engourdis et mes mains en compote.
Sous la douche je commence à prendre conscience des derniers événements, à réaliser leur portée, je suis tellement heureux, soulagé que tout se soit bien passé et lentement, les larmes de bonheur coulent.
Je me sèche et me rhabille rapidement pour retourner auprès des deux vedettes du jour, Nadine se tient aux côtés de sa fille et son petit-fils, je profite de sa présence quelques minutes pour appeler, rassurer mes parents et Clara, envoyer un message à tous nos amis pour leur annoncer la bonne nouvelle.
Sans perdre une minute, je rejoins la salle d’accouchement, Maël a terminé son premier repas et on me le confie le temps de couper le cordon et de le transférer dans la salle d’examens. Pendant ce temps, Clémence termine le travail en compagnie de Caroline avant d’avoir droit à une toilette complète, un examen poussé et un lit confortable.
Nous nous retrouvons enfin seuls tous les trois quelques minutes plus tard dans la salle d’accouchement, je laisse le couffin où notre bébé s’est endormi près du lit pour venir m’installer aux côtés de Clems qui sourit encore en le regardant.
- T’as été super mon coeur, c’était vraiment rassurant de t’avoir contre moi. Je suis tellement fière de nous, regarde comme il est beau et costaud.
- Beau comme sa jolie maman, costaud comme son papa, 57cm, 3kg780… T’as encore été formidable aujourd’hui. Je t’aime Clémence et aujourd’hui, tu m’as offert la plus belle preuve de ton amour.
- Je t’aime aussi mon Juju…
- Tu veux te reposer un peu?
- Je suis à bout de force, merci… Tu le laisses là?
- Tu voudrais que j’en fasse quoi? Je vais aller voir ta mère, la remercier et la renvoyer chez elle.
- Dis lui de passer nous voir avant…
- Okay. A toute.
Je dépose tendrement un baiser sur ses lèvres tandis que ses yeux se ferment déjà, puis sur le front du petit bonhomme, avant de retrouver Nadine que je serre dans mes bras.
- Merci Justin, c’est le plus beau des cadeaux que vous pouviez nous faire.
- Merci Nadine de ta présence, Clems veut te voir deux minutes, même si je pense qu’elle s’est endormie.
- J’y vais vite et je rentre, Pierre doit trépigner. Tu embrasseras tes parents.
- Ils ne devraient pas tarder à passer avec Clacla.
Je file m’installer dehors sur un banc le long du bâtiment, répondre aux messages de nos amis, et prendre le temps de me perdre dans mes pensées en fumant une cigarette.
- Ça va Juss? T’as l’air inquiet?
- Pas du tout, je laisse redescendre la pression, j’en profite pour souffler.
- Je peux t’en prendre une?
- Sers toi… Merci Caro, t’as été fabuleuse, je suis vraiment heureux que tu aies participé à la naissance de Maël, ça compte beaucoup pour moi et je pense que ça a beaucoup aidé Clems aussi, je l’ai sentie vraiment détendue.
- C’est partagé… Tu sais, Clémence reste ma seule amie proche aujourd’hui, bien sûr Ingrid compte vraiment beaucoup, mais… On bosse ensemble depuis trois ans, on se voit presque tous les jours depuis cinq ans, on vit presque ensemble, c’est vraiment important pour moi, tout ce qu’elle a accepté depuis nos retrouvailles, les efforts auxquels elle a consenti. Puis notre relation avec toi, ça nous rapproche…
Je passe un bras autour de ses épaules, l’attire vers moi et dépose mes lèvres sur son front, nous restons quelques secondes ainsi, en silence…
- PAPA!!!! MAMAN!!!!
- Coucou ma grande…
- Ben alors, on vous dérange tous les deux?
- Je… J’allais… Je retourne bosser j’ai fini ma pause…
- Attends deux secondes Caro… Je plaisantais… Je suis heureuse de vous voir comme ça tous les deux… Merci d’avoir été présente pour la naissance de notre petit-fils…
- De rien Annie, c’est mon boulot. Bisous ma chérie? Faut que j’y retourne…
- A tout de suite maman…
- Alors?
- Tout s’est bien passé, ils vont bien tous les deux, même si Clems était claquée…
- On va voir Maël?
- Oui, mais juste deux minutes, Tata a besoin de se reposer.
Après une rapide visite à Clémence, mes parents nous quittent tandis que Clara insiste pour rester avec nous et réussit finalement à me faire changer d’avis. Assise sur une chaise, coincée dans un coin de la chambre entre le mur et le couffin de son petit frère, elle veille sur lui en silence et en souriant.
Avec Clémence, nous nous attendrissons de cette image de la grande sœur veillant sur son petit frère, de son calme et de son silence, en toute simplicité. Elle aura même droit au privilège de le tenir dans les bras et de participer à son premier changement de couche en grimaçant et se pinçant le nez.
Nous attendons la fin de la garde de Caro pour quitter tous les trois l'hôpital, la séparation est difficile, j’ai l’impression de les abandonner, mais je suis rassuré par l’équipe de garde de nuit.
Le lendemain, nous avons droit aux premières visites, Nadine, Pierre et mes parents bien sûr, Caro et Clara qui passent la journée avec nous, mais surtout Claire, David et une Caroline pétillante, les bras chargés de cadeaux. Je suis vraiment heureux de les retrouver, depuis le début de notre projet, notre déménagement, nous avons eu moins de temps pour nous retrouver et les voir ici aujourd’hui me fait chaud au cœur. Après une rapide visite à Clémence et Maël, quelques photos et des félicitations chaleureuses, nous nous retrouvons un moment à l'extérieur.
- Alors tu te sens comment?
- Je crois qu’aujourd’hui je suis le mec le plus heureux du monde… J’ai pu participer à l'accouchement du début à la fin, Caro était là avec nous, j’ai vu naître mon fils, c’est quelque chose d’indéfinissable…
- Clems avait l’air encore fatiguée, mais votre fils est une petite merveille.
- Merci Claire, elle a fait le choix d’accoucher le plus naturellement possible, sans anesthésie, alors elle a vraiment douillé. Ça a duré plus de quatre heures quand même, j'étais tout contre elle, dans la baignoire, à la fin et je peux vous dire que physiquement, elle a tout donné.
- J’arrive pas encore à réaliser que notre petit Justin, celui que j’ai trouvé triste comme la pierre, à la B-U, il y a quelques années, celui qui nous faisait rire aux éclats, le roi de la surprise, soit aujourd’hui papa.
- Caro, t’as oublié Clara! Mon pote, je suis heureux pour vous deux, je t’ai connu au fond du trou quand la seule chose qui te faisait sourire, c’était d’aller courir et là, je suis en train d’essayer de me souvenir de la dernière fois que je t’ai vu un peu triste…
- Je comprends Caro, même si j’aime ma fille au-delà de ce qui est imaginable, j’ai loupé les six premières années de sa vie. Je suis son père, mais j’ai toujours l’impression que malgré le lien immensément puissant qui nous uni, l’amour que je lui porte, le plaisir et la joie que je ressens auprès d’elle, il manque quelque chose entre nous.
- Tu vas devoir faire attention avec elle, de pas la laisser de côté.
- C’est pas prévu, je vais peut-être avoir moins de temps à lui consacrer, mais je sais qu’elle sera toujours avec nous, pour s'occuper de son petit frère, pour nous aider comme elle le fait depuis quelques semaines. Elle est grande maintenant et je sais qu’elle a aussi envie de prendre un peu son indépendance, de passer du temps avec ses amis à Lézan.
- Un peu comme nous en fait, même si on ne se voit pas souvent, on sait qu’on compte toujours les uns pour les autres et que si on a besoin on trouvera toujours une oreille attentive.
- C’est exactement ça ma Clairette… Du coup chaque moment passé avec vous est vraiment chargé d’émotion et de plaisir. Vous restez ce soir?
- Désolé mais Zélie m'attend, ses parents sont en métropole et on doit passer la soirée au théâtre.
- Ça m'aurait pas dérangée, Robin a prévu une soirée avec ses potes du boulot, mais on a pris qu’une voiture…
- C’est pas grave, on se revoit bientôt?
- On reviendra tous ensemble quand vous aurez pris vos marques chez vous, peut-être pour l'anniversaire de Caro.
- Avec plaisir, en tous cas merci de votre visite, je suis content que vous ayez fait le déplacement.
- Je crois qu’on ne pouvait pas faire autrement…
Les trois jours qui ont suivi, les visites se sont enchaînées au rythme des besoins de Maël et Clémence. Léa, Fabien, Cécile, Aurore ont réussi à faire le déplacement pour nous féliciter, Amy a passé de longues minutes au téléphone avec Clémence, François et Marinka ont pris le temps de nous envoyer un message pour nous faire part de leurs vœux et même Gaby et Nico se sont prêtés au jeu.
De mon côté, dès le lundi, j’ai retrouvé mon poste et mes élèves, avec un sourire de bonheur affiché, une photo supplémentaire à accrocher près de mon bureau et l’impression de marcher sur un petit nuage avant de passer quelques jours à la maison pour que nous prenions nos marques tous les trois.
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