Cet été j’ai la chance de passer toutes mes vacances avec Clémence, Maël et Clara à mes côtés, nous en profitons pour avancer quelques bricoles dans le jardin, nous occuper du potager et du verger chaque début de matinée. Nos après-midis sont consacrés à la détente: visites, promenades ou baignade, puis lorsque nous rentrons, trois soirs par semaine, je prépare la rentrée au collège avec Clara, nous révisons un peu le programme, surtout par de petits jeux et activités ludiques.

Elle semble ravie de pouvoir suivre les traces de sa mère dans le collège privé Taisson, à Alès, mais inquiète de devoir prendre le bus tous les jours. Ce n'était pas notre collège de secteur, mais Caro avait préféré qu’elle fasse ses études dans le privé, tout comme elle et Clems, je trouvais sa demande totalement justifiée vu leur réussite.

Nous passons une partie de notre temps libre à préparer la grange pour accueillir tous nos visiteurs de l’été, à commencer par ma joyeuse équipe au complet pour le weekend du 14 Juillet. Nous sommes heureux de retrouver les jumeaux, qui nous présentent leurs compagnons, Julie et Bastien qui, sans aucune surprise, sont jumeaux eux aussi.

Ces retrouvailles s’accompagnent d’une immense émotion pour tous, puisque en dehors de Christophe, nous sommes enfin tous réunis pour la première fois depuis de longues années. Dès leur arrivée, Caroline et Soum annoncent attendre un heureux événement pour la fin de l’année, ainsi, le premier toast du weekend est porté en leur honneur.

De notre côté, Caro ne nous a encore rien annoncé et a entamé une seconde série d'injections, ce qui suppose que le premier essai a été infructueux. Elle nous avait prévenu que cela pourrait prendre du temps avant de fonctionner et que dans certains cas, ça ne fonctionnait pas du tout. Pour autant, je ne suis ni inquiet, ni impatient, Clémence est aussi dans cet état d’esprit et nous avons suffisamment à faire avec Maël pour le moment.

Ces quatre jours passent à une vitesse folle entre journée au bord du Gardon, visites au chateau de Fressac, à Anduze et Lézan, rires, discussions plus serieuses et joie de se retrouver comme au bon vieux temps.

Fidèle à son habitude, Clara papillonne tout sourire de l’un à l'autre, recevant encouragements des uns pour ses résultats, compliments des autres pour son entrée au collège et admiration pour sa curiosité, son intérêt pour le monde qui l’entoure, qu’elle couche sous la mine de ses crayons.

Maël est un amour, fidèle à lui-même, paisible quelle que soit l’activité choisie, tantôt dans sa poussette, tantôt dans le porte bébé, il profite de chacune de nos balades pour observer le paysage en souriant de toutes ses gencives baveuses.

Amy est rayonnante aux bras d’un Lucas adopté immédiatement, il se montre blagueur, taquin, s’intégrant avec brio à notre grande troupe de joyeux lurons. Les Jumeaux sont toujours aussi bavards tout comme leurs moitiés, ce qui leur vaut quelques boutades. Claire est devenue une magnifique femme avec sa peau caramel, son corps fin et musclé, j’ai retrouvé avec Amy, David et Zélie trois compagnons avec qui me mesurer et tous les quatre nous nous lançons quelques défis sportifs, accompagnés parfois par Caro. La mère de ma fille a retrouvé toute sa forme et tente de rivaliser avec nous, mais l’esprit de compétition qui nous anime lui fait grandement défaut.

- Je comprends mieux comment Justin a réussi à garder la forme à la fac. Vous êtes de grands malades!

- Et encore, à l’époque, c’était encore un autre niveau, on pouvait passer une journée entière à s'entraîner, maintenant, on a moins de temps pour.

- C’est vrai que nos sorties du dimanche c’était quand même quelque chose… Je me souviens encore quand tu m’emmenais passer la journée au Ventoux, surtout la boucle des Glacières… Le tour de la Barthelasse et de la Motte aussi, on l’a fait un paquet de fois…

- Ouais, c’était une de nos sorties préférées à quelques pas de chez nous, on pouvait même y aller en bus. Les rives de la Durance c’était pas mal aussi

- Surtout l’été…

J’échange un regard avec David qui éclate de rire.

- Pourquoi vous riez?

- On a vu des choses par là-bas… J’ose même pas en parler…

- Disons que certains bosquets abritaient des scènes plutôt cocasses…

- De quel genre?

- Du genre… Queuleuleu…

- C’est dégoûtant!!!

- Mais ça nous a bien fait rire… Plusieurs fois…

Je me souviens très bien de ces sorties là, où nous avions croisé des groupes de personnes d’un certain âge en train de s’adonner à des pratiques sexuelles un peu bizarres, en groupe et se mélangeant. Nous avons du mal à stopper le fou rire qui s’empare de nous.

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Deux semaines plus tard, nous retrouvons Papé et Mamé sur le quai de la gare de Nîmes, souriants et heureux de retrouver la famille au grand complet. Ils avaient refusé que nous allions les chercher en voiture et préféré prendre le train malgré l’inquiétude de Caro,“Ca nous rappellera notre jeunesse”, nous ont ils expliqué au téléphone.

- Bonjour les enfants. Bonjour ma chérie, mon dieu que tu as grandi!!!

- Le voyage s’est bien passé?

- On est parti, on est arrivé, avec tous nos bagages et sans se fatiguer. On en voulait pas plus…

- Génial! Je suis tellement contente de vous avoir à la maison pour cette semaine.

- Ça nous fait plaisir de changer un peu d’air, de vous voir en bonne santé. Et votre petitou?

- Il est à la maison avec Clémence, au frais. Princesse, tu m’aides à porter les bagages?

- Mais enfin!!! On peut s’en charger!!!

- Nous aussi. Alors profitez-en.

Ils sont ravis de découvrir notre petit coin de paradis, notamment la vieille grange et le potager qui n’a cessé de s’étendre au fil des saisons et de nos envies. Avec Clara, nous l’avons agrémenté de plantes aromatiques, de fleurs pour attirer les insectes, surtout les abeilles et envisageons d’installer quelques ruches sur notre vaste terrain.

Nous partageons le repas tous les sept sur la terrasse de Caroline, chez qui ils s’installent pour la semaine, même s’ils nous affirment que la grange leur aurait suffit.

Le programme de la semaine est assez classique, visite de la bambouseraie et d’Anduze, marché et visite de Saint-Jean en train à vapeur, un tour au Pont du Gard et un repas chez Céline en famille.

- Je voulais profiter que nous soyons tous réunis, pour vous annoncer une grande nouvelle…

Avec Clems, nous comprenons immédiatement de quoi il s’agit dans les regards émus que nous échangeons.

Je suis enceinte…

Lorsqu’elle prononce ces trois mots, un sourire immense illumine son visage et ses yeux se posent alternativement sur nous deux. J’y sens un bonheur et une gratitude immense et la façon dont Clémence serre ma main dans la sienne me fait comprendre qu’elle ressent elle aussi beaucoup de joie.

- Mais… Comment? Avec qui?

- Je vais pas entrer dans les détails, il y a une paire d’oreilles encore chastes. Simplement je vous annonce fièrement que ce sera le petit frère, ou la petite sœur, presque naturel de Clara…

- Mais Justin…

- Mais non m’man, pas comme ça rassure toi… J’ai participé de manière… Détournée…

- Ça aurait été vraiment trop bizarre et dégoûtant… Comme le faire avec mon propre frère…

- Ma petite chérie, on est tellement heureux pour toi… Pour vous… Peu importe la façon… On sait que Justin est un papa formidable et qu’il vous rend tous les quatre heureux, c’est tout ce qui compte.

- Merci de votre confiance…

- Mais vous allez faire comment? Avec Maël, et le bébé, et vous trois?

- M’man, on fera comme on fait depuis le début, ça a bien fonctionné jusque là…

- Tu sais Annie, on est heureux comme ça, Clara est comme notre propre fille, Caro, comme une sœur pour nous deux, alors un enfant de plus ou de moins, ça changera pas grand chose…

- Oui… Tant que vous êtes heureux comme ça…

Dans un coin de la salle, Céline nous observe et me gratifie d’un clin d'œil et d’un sourire au passage.

Cette magnifique nouvelle est le sujet de toutes les discussions qui animent le repas et une fois les enfants couchés, nous nous retrouvons tous les cinq pour en parler encore de longues minutes sous les étoiles. Je suis étonné par l'ouverture d’esprit de Papé et Mamé sur le sujet, ils semblent parfaitement comprendre et accepter cette décision, nous racontant par la même occasion certaines histoires osées de leur jeunesse.

Le lendemain, les grands-parents de Caroline nous quittent avec une pointe de tristesse dans le regard, mais affichant un immense sourire en nous promettant de revenir dès le printemps pour la naissance de notre enfant.

Nous profitons des heures suivantes pour discuter plus tranquillement de l’arrivée de notre troisième enfant, tout en préparant notre départ vers les Pyrénées. Je passe aussi plusieurs coups de fil en Avignon pour annoncer cette future naissance. A leur surprise succèdent la joie et les félicitations, Caro et Soum nous faisant remarquer que nos enfants n’auront que quelques semaines d’écart.

La semaine suivante se passe au calme chez François et Marinka, Zoé est devenue une magnifique petite fille, Timo ressemble comme deux gouttes d’eau à son père et Maëlou nous semble minuscule à ses côtés.

Nous sommes heureux de nous retrouver, de voir nos deux garçons côte à côte et de leur annoncer la grossesse de Caroline, sans qu’ils ne posent aucune question indiscrète, ni ne semblent choqués par notre démarche.

Même si Clara approche de l'adolescence, sa relation avec Zoé nous étonne, comme à chaque fois elle se montre prévenante, bienveillante et la petite fille en profite pour l’embarquer dans ses jeux, lui demander de lui lire des histoires.

Nous ne prévoyons pas de visites de forteresses pendant cette semaine, mais des journées de farniente au bord de l’eau et notre pèlerinage habituel à Rennes-le-Château avant de retrouver nos Cévennes adorées et d’entrevoir avec sérénité la rentrée des classes.