Février 2023

6 minutes de lecture

Peu de temps avant les fêtes de fin d’année, l’état de Caro inspire quelques inquiétudes et son médecin décide d’anticiper son congé de quelques semaines pour éviter toute aggravation de son état de santé et préserver le bébé, tandis que Clémence reprend son poste initial.

Elle avait décidé d’ignorer le sexe de notre enfant et j’accepte volontier ce choix, lui laissant aussi tout le loisir, avec l’aide de Clara de choisir son prénom.

Au tout début de l’hiver, le 20 décembre, Caroline met au monde la petite Aïssa, une magnifique métisse à la peau caramel, aux yeux bleus et à la chevelure noire. J’arrive à organiser un aller retour rapide en Avignon pour les féliciter au nom de nous tous, et passer un, trop court, moment avec eux en leur expliquant les derniers événements.

Pour nous il a fallu attendre le 14 février, en fin de soirée, pour qu’un petit bonhomme vienne agrandir la famille. Un petit bout de chou d’à peine deux kilos neuf cent dix, du haut de ses 47 centimètres. Un mini bébé qui nous comble, une nouvelle fois, de bonheur. Cette fois les rôles sont inversés, et c’est Clémence qui assiste du début à la fin à l’accouchement de Caro, suivant le même rituel.

Dès le milieu de l'après-midi, Clems m’avait prévenu que la situation s’était accélérée et qu’elle accompagnait Caro à la maternité.

A la fin de la classe, j’ai filé sans perdre de temps, pour les rejoindre, non sans avoir téléphoné rapidement en Auvergne, pour annoncer la bonne nouvelle, et rassuré Clara que ma mère venait de récupérer à sa descente de bus à Lézan.

L’accouchement est nettement plus rapide que celui de Clémence. Je le passe à encourager Caro, à la soutenir, lui donnant le rythme dans la dernière ligne droite, lui tenant la main du début à la fin, jusqu'à entendre les premier pleurs de notre fils et qu’elle ne s’écroule à bout de forces dans mes bras en pleurant.

- Merci mon chou. Ça m'a fait du bien de te sentir près de moi tout le long.

- Alors pourquoi tu pleures?

- Parce que je réalise vraiment à quel point c’est important pour moi et à quel point tu m’as manqué pour Clacla… Je m’en veux Justin, de pas avoir eu le courage de te prévenir, que tu n’ai pas pu être là, à mes côtés ce jour-là…

- Chut! C’est du passé tout ça. Regarde comme il est beau, comme il ressemble à Clara.

- Et comme il a la dalle! Bravo ma copine, t’as été super courageuse… Maintenant, à la bouffe!!!

- Merci ma Clemsou!!! T’as géré de ouf!

Dès l’heure suivante, après son installation dans la chambre, Caro retrouve notre fille qui fond en larmes en voyant son petit frère et viens plonger dans nos bras de façon plutôt inhabituelle.

Clémence commence sa garde de nuit à dix neuf heures et passe toutes les dix minutes pour s’assurer que tout va pour le mieux.

- Alors, vous avez choisi le prénom?

- Ben… On était pas trop d’accord toutes les deux alors…

- Moi j’avais choisi Benjamin, mais… On s’est disputé aujourd’hui… Je veux pas que mon petit frère s’appelle comme lui… Sa remarque nous fait sourire, même si elle semble très touchée par la situation, nous comprenons enfin ses larmes à son arrivée.

- Et toi?

- J’arrive pas à me décider… Jules, Timéo, Robin…

- Maman? Pourquoi pas Valentin? Il est né le jour de la Saint Valentin, alors ce serait une bonne idée…

- Juss?

- Si t’es d’accord… C’est à vous de décider…

- Je suis pour… Valentin Fournier-Fabre… Ça sonne super bien en plus. Ça te plais ma princesse?

- Oui! Oui! Oui!

Je quitte la chambre quelques minutes après, en même temps que Clémence, que je “coince” dans un recoin pour lui voler un baiser langoureux.

- Juss!!! C’est ni l’endroit, ni le moment!!!

- Je vois pas de quoi tu parles…

- Sois sage!!!

- Oui madame l’infirmière…

- Qu’est ce qu’il te prends?

- Tu te rends compte que c’est la première fois que je te vois au boulot, en tenue… Ça me fait de l’effet…

- T’es couillon… Promis demain matin quand je rentre, je me change pas, et je viens te réveiller dans cette tenue, complètement nue en dessous… File avant que quelqu’un nous grille!

- Je sais pas si je vais réussir à tenir jusque là…

- Dégage maintenant! Je vais avoir des problèmes!!!

- D’accord… Je t’aime ma puce…

- Je t’aime aussi, gros bêta…

Une tape sur les fesses plus tard, je sors de la maternité pour me retrouver sous la lumière des lampadaires, allumer une cigarette et enfin annoncer la bonne nouvelle à nos amis.

“ Coucou les amis!!!

Notre petit Valentin est arrivé parmi nous aujourd’hui, c’est avec une immense joie et une très grande fierté que nous vous présentons nos 47 centimètres et 2,910 kilos de bonheur.

Gros bisous à tous.

Clara, Caro, Maël, Juss et Tata Clems…”

Nous quittons la maternité assez tard ce soir, avec Clara, profitant le plus possible d’être tous ensemble. Seul Maëlou manque à l'appel, mais après le chamboulement de l’après-midi, Nadine nous a affirmé qu’il était tombé comme une masse en début de soirée.

Dans la voiture, elle s’enferme dans un mutisme que je ne lui connais pas dans ces circonstances.

- Quelque chose cloche princesse? C’est Benjamin? Tu veux en discuter?

- Oui. Oui. Et pas vraiment!

- OK… Tu sais que si tu as besoin, tu n’as qu'à venir me voir.

- Ouais…

- Ma princesse, c’est pas parce que vous vous êtes disputés, que tu dois pleurer, être triste, ou en colère contre lui… C’est normal, parfois ça arrive… Et un jour comme aujourd’hui, tu devrais mettre ça de côté et être heureuse d’avoir un deuxième petit frère.

- Il est trop mignon en plus, mais tout minuscule par rapport à Maëlou…

- Tu sais chaque bébé est différent, il grandira à son rythme, et peut être qu’il ressemblera plus à maman qu'à moi… Toi et Maël, vous êtes plutôt grands comme moi, et si tu regardes bien il est déjà costaud, alors que toi tu es plus élancée, comme maman…

- Je trouve qu’il me ressemble beaucoup quand j’étais bébé.

- Oui… C’est ce qu’on se disait avec Maman… Et Benji?

- Tu sais, j’aime pas être fâchée avec les gens, mais quand je suis arrivée au collège ce matin, je lui ai donné le porte clé qu’on a fabriqué tous les deux, et lui il m'a même pas dit merci. Il est parti comme ça…

- Peut être qu’il s’est senti coupable de pas avoir pensé à t'offrir quelque chose ou qu’il s’est senti mal à l'aise devant vos amis…

- Je m’en fout de son cadeau, je voulais juste lui faire plaisir… Et les autres… Je m’en fout aussi…

- Alors demain, à l'entraînement, tu vas le voir, et vous en discutez tranquillement tous les deux. Explique lui simplement…

- Tu sais, je suis pas amoureuse de lui hein… C’est juste un super copain… Je l’aime bien c’est tout…

- Et il est au courant de ça?

- Ben… Je lui en parlerai demain…

Cette discussion semble lui redonner le sourire et après un bon repas en tête à tête, une bonne nuit de sommeil, un réveil coquin avec mon infirmière d’amour, nous passons faire un coucou à Maël avant de retrouver le reste de notre famille.

Valentin a beaucoup mangé au cours de la nuit, se réveillant à de nombreuses reprises et Caro est marquée par le manque de sommeil, les traits tirés elle nous accueille tout de même avec un sourire épanoui.

Elle profite de notre présence pour se reposer, tandis qu’avec Clara, nous nous partageons Valentin.

“ Hello Darling.

Congratulations, one more Mini-Darling, as cute as his Dad. Big kisses to all six. Enjoy.

Lucas and Amy”

“Bonjour Darling.

Félicitations, un Mini-Darling de plus, aussi mignon que son père. Gros bisous à tous les six. Profitez-en bien.

Lucas et Amy”

L’après midi, je dépose Clara à son entraînement et constate avec joie que la dispute est oubliée, même si Benjamin semble touché par ce qu’elle lui dit. Ce qui ne les empêche pas de rester ensemble tout au long de la séance, Clara continuant à l'encourager, le pousser, le motiver comme à son habitude.

Après quelques jours un peu désorganisés, notre vie a repris son cours. Maël est très intrigué par ce nouvel arrivant, Clara pouponne autant que possible, nous rendant de grands services quand les deux garçons décident de s’unir pour chanter faux.

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