Il avait neigé

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Cette année là, il avait neigé. Au moment où personne n'était vraiment réceptif ; personne sauf les enfants. C'était la période des examens et les étudiants avaient trop de soucis en tête pour penser à s'extasier sur la neige. Les adultes, quant à eux, avaient trop l'habitude de la neige pour être encore capables de s'en émerveiller, et préféraient rouspéter contre les sols glissants et les flocons mouillants.

On se réveillait le matin et il y avait seulement quelques endroits blancs par ci par là ; faisant ressembler le paysage à un coloriage qui n'aurait pas été terminé. Quelques touches blanches, si peu nombreuses que c'était plus triste qu'autre chose. Puis, à un moment dans la journée, survenait une avalanche de flocons. Si vous aviez regardé, vous auriez pu les voir tomber au ralenti et tourbillonner comme s'ils étaient légers, légers,...

Et il y avait toujours quelques personnes pour regarder : le nez collé à la fenêtre, observant l'atterrissage des flocons, suspendus aux suspens de savoir s'ils allaient tenir ou fondre instantanément au contact du sol. Quelques personnes pour regarder ; mais trop peu. La neige était cette chose qui était plus belle de loin. Une beauté qu'on gâchait si on s'en approchait trop, risquant de souiller la blancheur ou la lisseur du sol. La neige était plus belle observée de derrière une vitre. Si vous aviez regardé, vous auriez pu voir le paysage se colorer petit à petit de blanc, comme un tableau se créant juste devant vous ; juste pour vous.

Le mieux, ça aurait été d'voir une baie vitrée dans votre salon. Vous auriez pu avoir l'impression d'être à l'intérieur de ce paysage ; donc à l'extérieur. Tout en restant bien au chaud à l'intérieur. Et sans risquer de détériorer cette merveille en y laissant des traces de pas. Vous auriez pu admirer cette vue fabuleuse qu'aucune photographie ne peut retranscrire. Car aucune photographie ne peut retranscrire la perfection de cette impression créée par la conjonction de la staticité et du mouvement (Non, pas même un bon gif animé, qui ne créerait pas une telle immersion que votre baie vitrée).

Le sol était blanc. Blanc et tout lisse. Vous auriez peut-être pensé que tous les bonhommes de neige du monde, toutes les batailles de boules de neige, tous les anges dessinés en battant des bras, n'auraient pas valu le coup d'aller mettre un pied dehors et saccager cette pureté. Ou vous auriez peut-être pensé, à l'inverse, que la neige devenait plus belle encore quand vous interagissiez avec elle. Vous auriez peut-être préféré, plutôt que de l'admirer de loin, rire avec elle, sourire avec elle, jouer avec elle. Vous auriez fait des batailles de boules de neige, des bonhommes de neige et des silhouettes d'ange. Mais pour ça, il aurait déjà fallu que vous remarquiez la neige.

Cette année là, il avait neigé. Et vous n'aviez pas été réceptif. Tous autant que vous étiez. Vous n'aviez pas pris le temps d'admirer la neige. Vous auriez pu passer des heures à manger en admirant la vue et en vous extasiant sur le moindre de ses détails. Vous auriez pu faire ça chaque jour de Décembre sans vous en lasser. Mais vous n'avez pas pensé à admirer la neige. La neige qui ne demandait pas mieux que d'être admirée.

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