L'oiseau
Pourtant, parmi tous les flocons, il y en avait un qui demandait autre chose que d'être admiré. Il y avait un flocon qui demandait énormément de choses. Il demandait pourquoi les autres aimaient être admirés. Il demandait pourquoi il était là. Il demandait d'où il venait. Il demandait où il s'en irait. Il demandait qui il était. Et personne ne lui répondait.
Les autres flocons lui disaient que la neige se devait d'être silencieuse. Ils restaient immobiles, admirant leur reflet dans leur voisin, guettant les passants et passant la journée à compter le nombre de personnes qui s'étaient extasiées. Mais lui, Flocon parmi la masse, sans même un nom pour le distinguer des autres ; lui, allez savoir pourquoi, se demandait pourquoi.
Vint un moment où un oiseau se posa sur sa branche.
Notre flocon, sans-même lui dire bonjour, lui demanda :
« Qui suis-je ?
— Tu es un flocon de neige.
— Qu'est-ce que la neige ?
— Tous les êtres blancs qui tombent du ciel en hiver.
— Pourquoi la neige ?
— Pourquoi tant de questions ?
— Parce que je veux savoir.
— Pourquoi as-tu besoin de savoir ?
— Pourquoi ne veux-tu pas me répondre ?
— Parce que la réponse ne te servirait à rien.
— Mais si nous on ne sert à rien... je voudrais le savoir.
— On sert à quelque chose : les gens sourient quand ils nous voient.
— Tu crois qu'on a été créés pour ça ?
— Ça change quoi qu'on ait ou non été créés pour ça ? Du moment que c'est l'effet qu'à ton existence, tu sers à quelque chose.
— Mais si les gens passent sans nous regarder, si ils râlent, si ils nous piétinent sans faire attention à nous,...
— Tu auras été là et tu auras été beau. Peut-être que ça suffit. Tant pis pour eux s'ils n'ont pas été capable d'apprécier. Toi tu auras été là. Tu auras été là à essayer de rendre leur monde plus joli. Peut-être que ça suffit.
— Tu crois qu'on a été créés pour rendre le monde plus joli ?
— Je ne sais pas. Je sais juste qu'on est là. Et qu'on à le pouvoir de rendre le monde plus joli. A moi ça me suffit. »
Puis l'oiseau s'envola. Et notre flocon se dit que peut-être, ça suffisait. Il essaya de faire comme les autres flocons. Il fut heureux de faire partie de ce tout, de participer à embellir le paysage.
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