Sur la route radio à fond on the road - député way of life my darling - entre Paris et Région. J’ai toujours sa carte, à côté de l’ambassade du Japon et de Coopagri. Pourquoi Coopagri ? Ce n’est pas la lettre J. Plus la place de faire autrement.

Je me suis imaginé qu’elle s’appelait Julie, prénom désuet un peu masculin allant si bien avec ses cheveux courts, obligé, avec les fours.

Je = Julie sauf trois lettres U-L-I. Dans un autre ordre, Lui. Je et Lui. Phase mytho maniaque, complètement narcissique.

J’ai mené mon enquête. Paris lui pesait, rien n’était prévu, ici, pour une activité artisanale comportant de nombreuses contraintes techniques et de sécurité. Elle voulait un peu de solitude pour créer ses bijoux, et de l’espace, et de longues après-midi pluvieuses avec un chat sur les genoux auprès d’un feu. Elle n’était plus là. Elle avait mis les voiles. Déception d’amour ?

Une carte professionnelle, celle de Paris, voilà tout ce que j’ai pu obtenir, dans un magasin d’antiquité de l’autre côté de la rue, un peu plus loin.

Elle ne s’appelle pas Julie. Son prénom, c’est Nathalie. Son nom de famille, Abrafim. Ou alors, le nom d’un autre ?

Je sens une pointe de jalousie monter en moi donnant une légère accélération. Je ralentis. Ce n’est pas raisonnable. Tout de même. Qui est Je pour Elle ? Ce n’est pas raisonnable. Je n’existe pas, seulement un inconnu entré dans son échoppe pour un bijou à une autre. Dénégation « non-non-non » - qui avait-il d’autre à dire - Elle n’en a rien cru, évidemment, et Je est oublié. Je = Néant.

Sa carte, elle est toujours là, à la lettre J.

Cela fait quelques secondes. Je rêve, oublie d’appuyer sur l’accélérateur, on me dépasse, c’est dangereux. Prochaine bretelle, Je sors de l’autoroute, direction l’Argonne.

Des heures à sillonner, au hasard, à humer l’air des villages de l'Argonne, m’arrêtant ici, ou là, au petit bonheur. C’est agréable, comme la Plaine.

Pas trace d’un atelier. Evidemment arrivée trop récente. Essayer internet ? Une seconde rencontre au hasard, c’est peut-être trop demander. Je reprends la prochaine bretelle en direction de Paris. Je ne suis pas malheureux. C’est une chance de pouvoir tester un bonheur, de découvrir ce qu’elle aime, en ce lieu. Périphérique déjà. Paris sourire aux lèvres et murmure de son nom.

Je quitte Mainlieu pour Paris. Elle file en Argonne. Ça me fait réfléchir.