« Non, ça suffit ! J'en ai plus rien à foutre ! »

« J'en reviens pas qu'il m'ait fait ça ! Me larguer, comme ça !

— Deb’, te mets pas dans un état pareil pour un mec. Il... il en vaut pas le coup. »

« T'as qu'à rester avec elle ! Je sais que tu l'aimes, arrête de mentir !

— Quoi ? De quoi tu parles ? Jax... »

« C'est qu'un connard. Même pas capable de me le dire en face ! »

« Tu sais quoi ? C'est fini. Je veux plus te voir. »

Alors que les évènements de la soirée ne cessent de tourner dans son esprit, la douleur s'étend brusquement. Ça lui coupe le souffle, ça lui broie les côtes. Et ça lui laisse un goût métallique dans la bouche. Les voix résonnent dans sa tête. Rejouant les scènes. Baignées dans un magma qui engloutit jusqu'à ses sens. Bientôt, il n'entend plus que la voix désespérément grave gronder en boucle ses dernières paroles. Avec colère. Avec rancœur.

Puis elle cesse. Elle disparaît alors que ses larmes brûlantes se retrouvent balayées par une pluie battante et gelée. La douleur s'intensifie encore. Il essaie de respirer mais a l'impression qu'un poignard traverse son torse. La douleur est insupportable, la panique commence à ramper dans ses veines en même temps que les frissons sur sa peau frigorifiée.

— Sky ?

Il tourne la tête vers sa droite et, voyant Deborah près de lui, se souvient de l'endroit où il se trouve. Sa voiture. Enfin, ce qu'il en reste. Une odeur métallique emplit l'espace restreint. La tôle broyée. Le sang. Le sien et celui de Deborah. Surtout celui de Deborah qui, la tête posée sur son épaule, a les mains posées sur son abdomen fendu.

— Deb’ ? Je suis désolé...

— Ce n'est pas ta faute, chéri. J'ai...

Un gargouillis de sang l'interrompt, le liquide épais coule au coin de sa bouche. Ils se mettent à trembler plus fort. Frigorifiés. Paniqués. Figés par la douleur. Il pose sa tête sur celle de Deborah, les larmes ravageant toujours son visage. Au loin, ils commencent à entendre des sirènes.

— Ah. Ils sont là pour toi. Je t'aime, Skyler.

— Moi aussi, Deb’. Moi aussi, je t'aime.

L'une des mains sanguinolentes de Deborah se soulève pour se poser sur celle aux ongles vernis de blanc. L'autre serre encore son portable avec lequel elle a réussi à appeler les secours. Les longs doigts du jeune homme se referment sur ceux de Deborah, il essaie de lui parler mais ses sanglots l'en empêchent. Quand les doigts s'échappent à cause du sang, ils retombent mollement, et la respiration de Deborah s'éteint.

Combien de temps s'écoule ? Peut-être des heures. Probablement quelques courtes minutes. Alors que les évènements de la soirée recommencent à tourner dans sa tête, le goût métallique devient plus net sur sa langue, respirer devient tellement douloureux.

« C'est fini. »

— Je suis désolé.

Des bruits de portières lui parviennent à travers celui de la pluie. Des bruits de pas précipités. Et les sirènes qui sont si proches. La lumière des phares lui fait baisser la tête.

— Monsieur, on va vous sortir de là. Comment va la jeune femme avec vous ?

— Elle... Elle est…