& 04 ; Attirés comme des aimants

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Quand Skyler passe la porte de son appartement, il a toujours un poids sur le cœur. Du mal à respirer. Et la marque de ses ongles au creux des paumes à force de serrer les poings. Mais un seul visage dans son esprit qui le hante et le nargue. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas repensé à lui, des mois qu'il parvenait à le garder loin de ses pensées conscientes – les rêves, ça ne compte pas. Des mois qu'il avait arrêté de penser à lui à la moindre chose, la moindre chanson, la moindre odeur. Jackson...

Ces souvenirs étaient tout autant une torture qu'une caresse. Parfois, ils l'aidaient à se sentir mieux, d’autres fois ils le précipitaient dans le gouffre plus violemment que n'importe quoi d'autre. À la longue, Skyler avait décidé que c'était mieux pour lui de ne plus s'y accrocher. Ça ne rimait à rien. Jackson était sorti de sa vie aussi vite qu'il y était entré, sans se retourner, sans même se soucier des dégâts. Ils ne se reverraient plus, jamais. Et même si le hasard faisait qu'ils se recroisent, ils ne s'adresseraient pas la parole.

C'est ce que pensait Skyler, il y a quelques mois. Et c'est ce qu'il pensait quand il est arrivé à New York. S'il avait pu, il serait allé ailleurs. Mais il devait quitter Boston et aller dans une ville où il pourrait facilement trouver du travail pour ne pas se retrouver dans une mauvaise situation à nouveau. New York était toute désignée, la présence supposée de Jackson ne devait pas poser problème. Quelles étaient les chances qu'ils en viennent à fréquenter les mêmes personnes ? Quelles étaient les chances ?

— Fais chier...

Il retire ses chaussures et les balance dans le coin de l'entrée avant d'aller jusqu'à sa chambre en déboutonnant sa chemise. Il la laisse tomber sur le lit avant d'attraper un vieux sweatshirt et de l'enfiler. Il a froid, le malaise lui donne froid. Il se sent comme si on avait réussi à lui retirer quelque chose qu'il ne savait même pas qu'il avait encore, ni à quel point ça lui était précieux : l'illusion de représenter encore quelque chose pour quelqu'un. Il pensait qu'il avait perdu ça depuis longtemps.

Quelques minutes plus tard, il est installé sur son canapé, la télévision allumée sur une chaîne quelconque, une bière déjà bien entamée, posée sur la table basse. Il avait longuement hésité à les acheter, ces bières, lors de sa dernière expédition à la supérette, se disant qu'il y avait peu de chance qu'il invite quelqu'un chez lui et que, donc, s'il buvait, ce serait seul. Tant pis, s'était-il dit.

Il prend une autre gorgée quand des coups sont frappés sur sa porte d'entrée. À aucun moment, il ne s'imagine que ça peut ne pas être un de ses voisins qui vient pour une raison quelconque, alors il ouvre la porte sans prendre le temps de regarder par l'œilleton. Et pour la deuxième fois de la soirée, il a la surprise de trouver Jackson devant lui.

Pendant plusieurs secondes, ils se regardent en silence et le cœur de Skyler se serre dans sa poitrine. Est-ce qu'il est en train de rêver ? Voyant Jackson ouvrir la bouche pour parler, il lui claque simplement la porte au nez et repart dans le salon. Pris par le souvenir d'une vieille habitude, Jackson retient la porte et entre.

— Tu sais que j'ai toujours détesté que tu fasses ça, lance Skyler en se rasseyant, sans le regarder.

— C'est faux, sinon tu verrouillerais la porte. Et tu ne m'as jamais demandé d'arrêter, ou même de partir.

— En effet.

Jackson détourne les yeux quand ceux qui le troublaient tant se relèvent une seconde vers lui, trop révélateurs. En effet, il ne lui avait jamais demandé de partir, de disparaître du jour au lendemain. En revanche, lui claquer la porte au nez lui montrait au moins son mécontentement.

Malgré l’enthousiasme frileux du locataire des lieux, Jackson vient s'installer sur un tabouret devant le comptoir qui sépare le coin cuisine du salon, et observe l'endroit. L'ancien appartement de Skyler, à New Haven, n'était pas très grand mais celui-ci arrive à l'être encore moins. Laissant son regard traverser le salon, éclairé par une lampe halogène et la télévision, il aperçoit un lit dans une alcôve séparée par un rideau à peine tiré. Avec une pointe de soulagement qu’il n’admettrait pas, il constate que son ex-ami vit seul.

Ne supportant plus le silence, ce dernier se cale dans le dossier du canapé et demande d’un ton las :

— Qu'est-ce que tu fais ici, Jax ?

L'interpellé baisse une seconde les yeux sur ses mains, posées sur ses cuisses. Qu'est-il venu faire ? Il n'en est même pas certain, en réalité. Pourtant, il a longuement réfléchi à ce qu'il voulait dire mais maintenant qu'il est à nouveau dans la même pièce que lui, son esprit s'égare. Il n'arrive pas à contrôler son regard qui observe celui qu’il connaissait si bien et qui s'entête à garder les yeux rivés sur la télévision. Ce serait tellement plus simple s'il n'était pas si beau. Si les courbes douces de ce visage, pourtant changé, ne lui rappelaient pas tant de choses. Il passe une main dans ses cheveux avec un soupir.

— Je... Je crois que je regrette ma réaction, explique-t-il en baissant les yeux. Ce soir. J'aurais dû... J'en sais rien... Faire autrement...

— Ah oui ? Faire autrement que me forcer à mentir à mes patronnes et vos amis ? rétorque Skyler, sarcastique. Je vois pas ce qui te fait dire ça, tout le monde avait l'air d'y croire !

— Tu n'étais pas obligé.

— Tu te fous de moi !?

Leurs regards se croisent enfin et la colère portée par l’éclat de voix du plus âgé est également visible dans ses beaux yeux sombres. Comment peut-il dire cela sans même sourciller ? Comme s'il avait eu le choix après que Jackson se soit présenté à lui comme s'ils ne s’étaient jamais vus !

— Tu aurais préféré que je dise que tu mentais ? Devant tes amis ? Non, ça n'aurait rien arrangé !

Avec une moue dégoûtée, il reprend sa bière et en boit une gorgée. De quoi aurait-il eu l'air s’il avait fait ça ? De quoi avait-il eu l'air, d'ailleurs ? Chacun d’eux sait bien que les autres autour de la table se sont doutés de quelque chose. S'il avait été plus calme, Skyler aurait pu être plus convaincant. Mais comment aurait-il pu être calme après un choc pareil ?

— C'est vrai, admet Jackson. J'aurais pas dû dire ça, excuse-moi.

— Mais je comprends, reprend rapidement Skyler. Tu n'avais pas envie de me revoir et je le savais déjà. Tu peux t'en aller, je démissionnerai dès que j'aurai trouvé un autre job et tu ne me reverras plus.

Le visage de Jackson marque sa surprise, ses yeux écarquillés, la bouche entrouverte, à chercher ses mots. Démissionner ? Disparaître à nouveau de sa vie ? Merde, pourquoi cette simple pensée lui déplaît autant ? Pourtant, Skyler a raison. Ne s'est-il pas dit, plus tôt dans la journée, que s'il reste loin de lui, il se portera mieux ? Entre eux ça a été chaotique, ça a été... tellement de choses. Mais jamais simple ; jamais facile, et Jackson ne veut plus de ça. Cependant, il ne veut pas non plus que Skyler parte, tout comme il ne veut pas s’en aller.

Il se reprend et se redresse un peu.

— Tu n'as pas à faire ça.

— Je vois pas bien quelle autre solution j'ai. Qu'on doive se voir tous les jours ?

— Ce serait si terrible ?

Perdu par les raisonnements de son invité forcé, Skyler finit par hausser les épaules. Il pensait qu’ils voulaient, l’un comme l’autre, rester les inconnus qu’ils sont devenus, mais ce ne serait peut-être pas si terrible qu’ils ne le soient pas. S'il doit être honnête envers lui-même, il n’y a pas que l'angoisse qui a affolé son cœur quand il l'a revu au bar. Pendant quelques instants, sous la confusion, il a été heureux. Pendant quelques instants, des scénarios improbables se sont joués dans son esprit, parmi lesquels la possibilité de se retrouver. Cela dit, ils ont disparu à la seconde où Jackson a menti.

— Je sais pas si j'arriverai à mentir à Poppy et Vera, avoue-t-il en passant une main nerveuse sur sa nuque.

— Tu n'auras pas à le faire. Je comptais dire la vérité à ma sœur, de toute manière.

— Ah bon ?

— Il me fallait juste un peu de temps pour me faire à l'idée que tu es à New York. J'avais besoin de mettre de l'ordre dans mes pensées.

— Et tu as réussi ?

— Pas vraiment...

Les deux hommes échappent un léger rire, soudain un peu plus à l'aise en présence de l'autre. Leurs regards s'accrochent et Skyler sent ses joues rougir mais il ne s’esquive pas. Jackson lui a manqué. Malgré la colère, malgré la rancœur, malgré tout, Jackson lui a manqué. Ils étaient proches, dans le passé, et Skyler aurait aimé que ça veuille vraiment dire quelque chose. Jusqu'au soir de son départ, il avait espéré.

— Bon, je... je vais te laisser, marmonne Jackson, rompant le silence. Je dirai à Poppy de ne pas te faire passer un interrogatoire lundi.

— D'accord.

Arrivé près de la porte, Jackson pose une main sur la poignée avant de se tourner vers Skyler pour lui souhaiter une bonne nuit et obéir à cette petite voix dans sa tête qui lui dit de partir. Mais son corps ne peut pas bouger, l’hésitation est trop forte. Il sait qu’il doit partir, mais maintenant qu'il est si près qu'il pourrait toucher sa main en bougeant à peine la sienne, c’est trop difficile. Il pourrait le toucher et il doit bien avouer qu'il en crève d'envie. Eh merde, je suis foutu. Il n'arrive plus à le refouler. Sa raison se laisse doucement engloutir par le monstre de jalousie tapi dans son ventre. Ce monstre que seul Skyler arrive à attiser. Et ce soir ne fait pas exception, pas même après plus de cinq ans. Le voir flirter avec Giulia, avec Joyce, ça l'a réveillé ; enragé et affamé. Il vient juste de s'en rendre compte et le monstre réclame la seule personne capable de le calmer.

Il lâche la poignée et fait un pas vers son ancien amant qui, nonchalamment appuyé contre le mur, hausse les sourcils. Sans un mot, Jackson se contente de réduire la faible distance qui les séparait encore. Il pose une main sur le mur, à côté de la joue de Skyler qu'il effleure d'une légère caresse, les yeux dans les yeux. Skyler franchit alors le vide jusqu'à sa bouche. Tendrement, il y dépose ses lèvres, incapable de résister à la tentation, à l'invitation muette. Là encore, la caresse est légère et ça aurait pu s'arrêter là. Ça aurait pu n'être qu'un baiser sans conséquence, juste pour s'assurer que les dernières braises de leur relation passée sont bien éteintes, qu'ils peuvent avancer sans l'autre. Mais le contact est si doux qu'il termine d'enterrer la lucidité de Jackson. Son autre main se pose sur la joue de Skyler alors qu'il le plaque contre le mur et reprend avidement sa bouche.

Cinq ans. Il avait tenu cinq ans et en trois putain de secondes il a complètement flanché. En trois secondes, il se rappelle pourquoi il avait décidé de partir sans attendre de revoir Skyler, sans lui laisser une chance de s'expliquer. Parce que, face à lui, il perd complètement ses moyens. Il pensait avoir surmonté tout ça. Il n'est plus le gamin incapable d'assumer sa sexualité qu'il était à l'époque, et qui se défendait si vivement de ne pas s’assumer, emporté dans le sillage de cet homme flamboyant qui jouait à tout va. Maintenant, il est plus mâture, il a trouvé une vie qui lui convient, un job et... et tout.

Il rompt le baiser enfiévré pour regarder son amant aux joues empourprées, déjà dans le même état d'excitation que lui. Par un baiser. Tout a volé en éclats par un foutu baiser. Il prend son visage en coupe entre ses mains, amenant l'un de ses pouces sur ses lèvres roses. Skyler ferme les yeux, soupire, fronce légèrement les sourcils, en proie à sa propre lutte intérieure.

Ils ont leur réponse : il n'y a pas de braises ; c'est un feu ardent qui n'a jamais cessé de les consumer.

— J'avais oublié que tu embrassais aussi bien, souffle Skyler alors que ses lèvres s'étirent en un sourire troublé.

Jackson rit doucement et enlève son pouce pour le remplacer par sa bouche, encore. Il voudrait être sage, ne rien précipiter, mais il sent les doigts de son partenaire caresser son cou jusqu'à aller se perdre dans ses cheveux pour l'attirer un peu plus contre son visage. Alors il presse encore davantage ses lèvres contre celles de Skyler, étouffant quelques soupirs quémandeurs. Il descend ses mains sur la taille de Skyler, agrippant le sweatshirt dans lequel il s'est camouflé. Ses doigts le brûlent de toucher cette peau, de retrouver les sensations oubliées de leurs nombreuses caresses, mais il se contente de les crisper sur le tissu, à s'en faire mal. Il écarte alors son visage pour plonger dans les yeux maquillés de noir.

— Dis-moi maintenant si tu veux qu'on s'arrête, grogne-t-il. Parce que je suis pas certain de réussir à me contrôler encore dans cinq minutes.

Sa voix rauque de désir provoque des frissons sur la peau de Skyler qui sent son ventre se tordre d’envie. Il secoue la tête en resserrant légèrement ses doigts sur les mèches rousses.

— Je ne veux pas qu'on s'arrête.

Un sourire se glisse sur les lèvres du plus jeune qui passe aussitôt ses mains sur l'arrière des cuisses de Skyler pour le soulever. Celui-ci enroule alors ses jambes autour de la taille de Jackson qui le plaque plus fort contre le mur et commence à onduler contre son bassin, leur arrachant quelques soupirs. Les mains de Jackson passent enfin sous le sweatshirt et il sent, avec une certaine satisfaction, la peau frissonner sous ses doigts. Skyler l'attire alors à nouveau contre lui pour un nouveau baiser, plus lent et langoureux. Leurs lèvres se caressent inlassablement, comme pour rattraper les cinq années qui les ont séparé.

Puis il laisse glisser sa bouche le long de la mâchoire de son amant, abîmant ses lèvres sur la barbe courte pour y déposer quelques baisers. Mais avant qu'il ne puisse atteindre la gorge de Jackson, celui-ci fond sur la sienne et se met à suçoter sa peau

— N-non Jax, j'ai rien pour cacher des suçons.

— Encore mieux...

Il s'arrête néanmoins avant que la marque ne soit trop évidente, puis recommence de l’autre côté, au creux de son cou, puis à nouveau un peu plus haut. Skyler grogne un peu mais le laisse faire, il commence à avoir des difficultés à penser et oublie vite où est le mal dans les marques possessives de Jackson sur sa peau. Agrippé à son cou, il bouge ses hanches pour lui tirer quelques soupirs qui s'échouent contre sa peau humide.

Ne résistant plus à ses pulsions, Jackson passe ses bras dans le dos de Skyler pour l’attirer contre son torse. Sans beaucoup d'effort, il l'amène jusqu'au lit qu'il a pu apercevoir plus tôt, dans la petite alcôve sombre et le laisse tomber sur le matelas qui proteste avec quelques grincements. La lumière venant de l'halogène les éclaire doucement et le cœur de Jackson s'affole légèrement à la vision de cet homme allongé, le souffle court, et qui essaie tant bien que mal de reprendre ses esprits.

Skyler s’assoit et glisse une main dans ses cheveux décolorés qui retombent sur son visage avant de retirer son sweatshirt. Il a tellement chaud, il ne sait plus si ça vient de lui ou si c'est la température de la pièce qu'ils ont réussi à faire monter à un point presque insupportable. Joueur, il envoie le pull sur son partenaire qui n'a toujours pas bougé et sursaute légèrement en recevant le tissu contre son visage.

— Eh, mais c'était à moi ça ! s'étonne-t-il en jetant un regard plus concentré sur le vêtement.

Il pensait l'avoir perdu quand il est parti de New Haven. Enfin, c'était le cas, de toute évidence, mais il ne pensait pas que c'était lui qui l'avait. Ni qu'il l'aurait gardé toutes ces années. Il note à peine la rougeur qui s'est emparée du visage de son amant, trop troublé par les émotions qui se bousculent dans sa tête et dans son foutu cœur. Il jette le sweatshirt sur le lit avant de se débarrasser de son t-shirt puis de son pantalon avec un certain empressement. Puis il rejoint Skyler sur le lit, à genoux près de lui, et scelle leurs lèvres dans un nouveau baiser brûlant.

Il ne leur faut que peu de temps pour se retrouver nus l’un contre l’autre et Jackson se redresse pour attraper son pantalon. Il fouille ses poches, en sort son portefeuille, d'où il sort un préservatif. Qui disparaît de sa main quand Skyler s'en empare pour l’en vêtir.

— T'as du lubrifiant ? grogne Jackson en se redressant un peu.

— Table de chevet.

Jackson tend un bras vers le premier tiroir et commence à l'ouvrir mais Skyler l'arrête en relevant à peine les yeux vers son geste.

— Deuxième tiroir.

Jackson esquisse un sourire face à ses réponses laconiques qui trahissent trop bien son désir – il n’y a que dans ces moments-là qu’il se montre aussi peu bavard. Sortant la bouteille en plastique, il fait couler sur ses doigts le liquide transparent et attrape les jambes de son amant pour les passer autour de sa taille. Il se penche sur lui pour l'embrasser et entreprend de tendres caresses pour le préparer. Un gémissement d’inconfort s'étouffe dans leur baiser mais les bras de Skyler passent dans le dos de Jackson pour qu’il ne soit pas tenté de s’arrêter.

Assailli par les vagues d’un plaisir grandissant, Skyler se rend à peine compte qu'il est en train de lui griffer les épaules. Il glisse sa langue entre ses lèvres avant d'être obligé de rompre le baiser, cherchant son air. La seconde suivante, il se retrouve sur le ventre, la bouche de Jackson embrassant sa colonne vertébrale. Puis c’est son corps entier qu’il sent contre lui. Et, soudain, la douleur le pourfend, il étouffe un cri de joie en mordant son poignet. Putain. Des étoiles se mettent à danser devant ses yeux.

— Ça va ? lui demande Jackson, la voix grondante. Excuse-moi, j'ai pas...

— Non, ça va, le coupe-t-il. Ne t'inquiète pas, ne t'arrête pas.

Répondant à la demande de son amant, Jackson commence un mouvement de va-et-vient sans attendre, de toute façon il n'en aurait sans doute pas été capable tant l’excitation lui brûle l’épiderme. Il agrippe Skyler par les hanches, ne retenant même pas les longs soupirs de plaisir qui sortent de sa bouche.

Les gémissements langoureux des deux hommes ne tardent pas à envahir la pièce. Jackson laisse l'une de ses mains glisser sur le dos de Skyler et ne s'arrête que lorsqu'il atteint sa nuque. Intensifiant ses coups de butoir, il appuie légèrement sur sa main et Skyler se penche, posant le haut de son torse et sa joue sur le lit. Un cri lui échappe, les vagues de plaisir redoublent et il doit attraper le drap entre ses dents pour réussir à étouffer ses cris, ne laissant plus dans la pièce que les grognements de Jackson et les grincements du lit. L'orgasme le traverse, long et intense, tendant son corps de façon telle que Jackson jouit à son tour en s'enfonçant en lui une dernière fois.

Jackson se penche pour embrasser la nuque offerte puis se retire et se laisse tomber sur le lit. Un peu amusé, il regarde Skyler s'allonger à son tour en échappant un gémissement douloureux. Il enlève le préservatif et le jette à côté du lit avant d’attirer Skyler sur lui. Celui-ci enfouit son visage contre son cou, embrassant distraitement sa peau salée de sueur.

— Je t'ai pas fait mal ? murmure Jackson en passant ses doigts dans les cheveux blonds.

— Non. C'était... incroyable.

Jackson échappe un rire heureux et dépose un baiser sur le front de son partenaire. Il enlace son corps fin, profitant d’une étreinte qu’il attendait depuis cinq ans… même s’il ne l’avouera pas. Il rompt le silence après quelques longues et délicieuses minutes.

— Dis, tu t'es laissé aller depuis la dernière fois, le taquine-t-il en caressant son ventre tendre.

— Hey ! J'ai perdu du poids, je te signale ! rétorque Skyler en se redressant un peu pour lui lancer un regard assassin.

— Oui, justement !

Le sourire gentiment moqueur de Jackson se pose sur la moue boudeuse de Skyler et a rapidement raison d'elle. Ils échangent un baiser tendre. Le trentenaire a eu d'autres choses à penser que de maintenir sa musculature ces dernières années... contrairement à Jackson, visiblement. Il y a cinq ans, ils étaient aussi musclés l'un que l'autre, à présent Jackson arrive à le soulever comme s'il ne pesait rien.

— Je sais que tu préfères les mecs musclés, souffle Skyler après avoir rompu le baiser.

— Non... Non, pas forcément.

C'est toi que je préfère. Jackson détourne les yeux, impossible de formuler ainsi sa pensée.

— Pas si c'est toi, se contente-t-il d'ajouter.

C'est quoi ça ? Skyler se redresse, espérant cacher ses joues qui ont brusquement rougi. Mais il s’attire un haussement de sourcils interrogateur.

— On va attraper froid si on reste sur la couette, fait-il remarquer en s'écartant.

Il tire la couette et le drap pour se glisser dessous puis, quand il regarde à nouveau Jackson, une pensée l'effleure. Peut-être qu’il n'a pas prévu de rester. Ils ont couché ensemble d'accord, mais peut-être que, pour Jackson, ça ne représente rien. Et pour lui ? Qu'est-ce que ça représente, pour lui ?

— Tu... tu restes, cette nuit ? demande-t-il sans oser le regarder.

Un baiser lui répond, alors que Jackson se glisse à ses côtés sous la couette, enlaçant à nouveau jalousement son corps.

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