Bientôt, l'adolescente termina l'ensemble de ses exercices, elle ne savait si son humeur légère rendait le travail plus facile, mais elle avait réussi à finir ses devoirs plus vite que d'habitude. Pendant qu'elle rangeait ses affaires d'école, Félicia constata que son amie continuait à s'échiner sur ses bouquins : était ce la conséquence de son état probablement nerveux, provoqué par leur échange tendu de tout à l'heure ? La jeune fille se sentait d'humeur à essayer de se faire pardonner, et quoi de mieux pour y parvenir que de proposer à son amie de l'aider à terminer ses exercices ? Mais avant de lui soumettre cette proposition, il paraissait indiqué de la sonder.

- Azura ?

- Oui ?

Premières indications : le ton de sa voix restait assez doux, elle n'avait pas répondu brusquement, tout en ne lui adressant pas un regard. Félicia pouvait donc raisonnablement en conclure que son amie gardait un reliquat de fâcherie contre elle, mais probablement pas suffisamment prononcé pour provoquer un refus à une proposition d'aide à terminer ses devoirs.

- Tu veux que je t'aide à finir ?

- Non, non, ça va aller.

Félicia n'insista pas, elle comprenait que son amie ne pouvait se raccommoder aussi facilement. En tous cas, elle avait laissé une porte ouverte. Elle imaginait sa proposition faire son œuvre dans l'esprit d'Azura, coincée entre son désir d'en finir avec ses exercices, et le soupçon de rancune qui lui restait à son encontre. Sans doute quand la jeune fille serait suffisamment excédée par le devoir récalcitrant, elle remettrait sur le tapis l'offre d'aide de Félicia. En attendant d'être appelée, cette dernière faisait semblant de s'occuper à diverses occupations ménagères, saisissant très bien que rester plantée à regarder son amie s'échiner ferait inéluctablement monter l'agacement en elle, pour finalement exploser en récriminations énervées. Mais finalement Azura parvint à clôturer son travail scolaire, et elle n'eut pas besoin de solliciter un soutien quelconque. Elle se leva et secoua sa tête, comme pour chasser la fatigue qui s'y était accumulée. Ce soir là, l'adolescente ne souhaitait pas rester plus longtemps dans ce lieu, contrairement à certaines soirées où elle aurait voulu demeurer très longuement, à deviser avec la meilleure amie dans le monde jusqu'au bout de la nuit. Mais elle ne pouvait tout de même pas partir sans lui adresser un regard ni une parole.

- Bon, à demain alors.

Azura assurait le minimum syndical. Parfois les au-revoir se faisaient beaucoup plus chaleureux, et pouvaient trainer en douce longueur, comme les deux amies rechignaient à se séparer, même pour simplement quelques heures. Félicia devina qu'il ne serait pas présentement judicieux de taquiner gentiment celle qui se prenait peut être vraiment pour une grande savante. Autant laisser la légère tension persistant entre elles se résorber tranquillement au fil du temps. Demain trouverait sûrement une Azura à l'humeur en forme de ciel bleu sans nuage, disposée entièrement à plaisanter avec entrain avec sa re-meilleure amie.