Chapitre 21 : La Ternaíre
À mon entrée, des torches s’allumèrent les unes après les autres de chaque côté du mur, illuminant le chemin. À la lueur des flammes, mon ombre vacillait contre la paroi. Je pris une profonde inspiration et, tout en refoulant mes craintes, avançai sans me retourner, déterminé à découvrir ce qui m’attendait au bout. Après quelques mètres, le sol se mit à descendre et, tandis que je m’enfonçai de plus en plus profondément sous terre, le faible éclairage venant de l’ouverture disparut.
La surface de la pierre, étrangement lisse, était douce au toucher. Je laissais la paume de ma main glisser sur la paroi. Les flammes m’offraient une sensation de chaleur et de réconfort que je savourais avec joie. Jamais je n’avais eu peur du noir et pourtant, sans ce feu, je n’aurais probablement pas eu le courage de poursuivre mon chemin.
Bientôt, cette cavité fit ressurgir d’anciens souvenirs du tréfonds de ma mémoire. Bien que différente, elle me rappelait le jour où j’étais parti en colonie de vacances avec mon frère. Bien des années plus tôt, notre groupe avait exploré une grotte au cours d’une session de spéléologie mais, si mon frère avait adoré cette escapade, cela n’avait pas été mon cas. Je n’avais jamais été particulièrement claustrophobe mais, à cause d’un stupide défi de Thomas, je m’étais retrouvé coincé dans une crevasse où j’avais été privé de tout mouvement. Sans l’aide des moniteurs, j’aurais été incapable d’en ressortir. Ce jour-là, j’avais paniqué au point que, depuis, j’appréhendais toute exploration d’un lieu obscur et inconnu.
Surtout si cela se passait dans une grotte.
Mon pied percuta un caillou dont les rebonds résonnèrent en échos et perturbèrent le silence oppressant qui envahissait le lieu. Cela suffit à me sortir du tourment de mes vieilles peurs. Je les chassai de mon esprit et, décidé à ne pas rester ici plus que j’en aurais besoin, accélérai le pas.
« Détends-toi ! me rassura Astérion avec confiance. Tu n’as absolument rien à craindre de cet endroit, il est tout aussi empreint de magie que le reste de la cité.
— Et c’est censé me rassurer ? répliquai-je.
— Cette magie est la même que la tienne, Peter. C’est Atalamos qui offre la protection de Thorlann et qui a façonné cet endroit. Pourquoi voudrait-elle te faire du mal ?
— Ton épée n’est vraiment pas banale si elle est capable de faire autant de chose, soulignai-je en profitant de la conversation pour occuper mes pensées.
— En effet, elle possède de nombreuses capacités uniques. Tout comme la faux maudite de mon frère. »
À l’évocation de l’arme d’Hepiryon, je tressaillis. Comment oublier son manche aussi sombre que les yeux de son hôte et sa lame d’un blanc fantomatique qui paraissait capable d’anéantir n’importe quel obstacle ?
« De quoi est-elle capable ? demandai-je avec une pointe d’anxiété.
— Tu as raison de la craindre, Peter, me répondit Astérion en devinant mes émotions. Elle peut arracher l’âme d’un corps et l’enfermer à tout jamais dans sa lame, la condamnant alors à un supplice éternel. »
Je déglutis, épouvanté.
« Rien que ça ? marmonnai-je à haute voix. »
Malgré la faiblesse de mes paroles, je les entendis résonner.
« Oh non ! ajouta l’Immortel. Elle doit être capable de faire bien d’autres choses mais je ne connais pas toutes ses capacités. »
Il n’avait pas saisi l’ironie de mes propos mais je m’en fichais. Dépité, je m’enfermais dans un silence qui avait le mérite de ne pas m’apporter d’inquiétudes supplémentaires. J’en avais déjà assez comme cela.
Je perdis très vite la notion du temps mais j’étais certain de n’avoir marché guère plus d’une heure. Trente minutes peut-être ? Le décor restait inlassablement le même et la seule distraction que j’avais trouvé était de compter les torches. J’avais abandonné une fois arrivé à deux cent quarante-trois. Ancré dans la routine, je mis quelques secondes à remarquer les reflets argentés qui commençaient à danser sur les murs. Et finalement, sans m’en rendre compte sur l’instant, je venais d’atteindre le bout de mon parcours : l’antre céleste.
Comme me l’avait décrit Talane, ce n’était qu’une simple cavité circulaire avec en son centre un bassin de la taille d’une pataugeoire remplie d’une eau parfaitement lisse mais étrangement argentée. Ma première pensée fut que cela ressemblait à du mercure. Les reflets du liquide dansaient sur le plafond voûté. Mes pouvoirs sensoriels, qui fonctionnaient de manière aléatoire, se remirent en marche dès mon entrée dans l’antre. Sans savoir d’où je détenais une telle certitude, je savais que cet endroit était connecté à une énergie plus grande encore que je n’arrivais pas à discerner, elle se trouvait hors de Thorlann. Mais je sentis plusieurs similarités avec ma propre puissance, ce qui rendit confiance à mon instinct.
Mon pouls, qui avait accéléré brusquement en découvrant que je touchai au but, descendit à un rythme presque normal.
« Parfait, murmurai-je. Maintenant, découvrons ce que tu caches. »
Je me déshabillai, ne conservant que mon caleçon, et entrai lentement dans le puits. Ce liquide métallique, que je prenais pour de l’eau, était pourtant bien différent. Il était anormalement épais et sa couleur d’acier n’avait rien pour m’inciter à m’y endormir. Étrangement, il n’était ni chaude, ni froid. J’avais simplement l’impression d’entrer dans de la mélasse qui enveloppait mon corps comme une seconde peau. Arrivé en plein milieu, le fluide ne m’arrivait qu’aux genoux, mais je me remémorai les paroles de Talane et décidai de m’allonger et de me laisser flotter.
Après quelques instants dans un silence total, je finis par me détendre. Mais c’est alors que le bassin se mit à luire avec plus d’intensité et qu’une masse du fluide se souleva et m’enveloppa le visage. Je n’eus même pas le temps de me débattre ou de réagir que mon esprit vacilla.
Je réouvris les yeux, envahi par la terreur de la noyade. Pourtant, je clignai des paupières une bonne dizaine de fois, désorienté, en découvrant le paysage. Je ne me trouvais plus dans l’antre céleste mais bien au bord d’une falaise inconnue. Une brume épaisse s’étendait de toute part et recouvrait le lieu d’un voile aveuglant. Je ne pouvais distinguer que le vide à un pas de moi, sans pour autant connaître sa profondeur que j’imaginais sans fin. Moins effrayé mais pas pour autant entièrement rassuré, je décidai de reculer pour m’éloigner du précipice. Cependant je me rendis compte être incapable de faire le moindre pas. Mes pieds semblaient figés dans le ciment.
L’inquiétude revint à la charge tandis que j’essayais de penser à autre chose qu’au vide et me démenais pour libérer mes jambes paralysées. J’étais certain que ce n’était pas ma peur qui les pétrifiait ainsi. Un éclat vert apparut alors face à moi, me forçant à me couvrir les yeux avec mes bras. Au-dessus du gouffre, une silhouette imposante aux contours incertains, surgit de cet éclat. Il avait une forme humanoïde et ses yeux luisaient à travers le brouillard avec la même intensité qu’une paire d’émeraudes.
« Te voici donc venu pour réclamer ton dû, entama la silhouette d’une voix grave qui me laissa deviner que c’était un homme. »
Abasourdi, j’étais incapable de prononcer le moindre mot.
« L’héritage de la terre nécessite la patience et la loyauté, Peter Leroy. Mais un jour viendra où tu devras faire un choix entre les deux : agir par loyauté au détriment du temps nécessaire à ta réussite ? Ou sacrifier ce qui compte pour toi et te frayer un chemin parmi tes peurs ? Seul l’avenir m’offrira la réponse duquel, entre ton cœur et la raison, tu prendras parti. Avant de t’offrir mon pouvoir, tu dois accepter une chose en échange : Feras-tu barrage au Chaos telles la plus imposante des montagnes et la plus implacable des forêts ? »
Je ne comprenais pas ce qui se passait. Mon cerveau était comme drogué et s’efforçait de rester lucide. Pourtant, à la fin de ses mots, ma langue se dénoua et j’entendis clairement ma propre bouche articuler :
« Qu’est-ce que vous voulez dire par « sacrifier ce qui compte pour moi » ? Vous insinuez que mes proches vont… mourir ?
— J’ai dit ce que j’avais à dire, libre à toi d’en comprendre la signification ou de laisser le temps faire son travail. Je réitère donc ma demande à présent : Acceptes-tu ? Tu n’auras pas de seconde chance. »
Sa réponse ne me satisfit pas mais je sentais le sommeil peser de plus en plus sur mes paupières à chaque seconde qui s’écoulait. Avais-je été drogué ? Dans un dernier élan de lucidité, je compris ce qu’il sous-entendait : si je m’endormais, plus jamais je n’aurais la possibilité d’obtenir ce pouvoir.
« Oui, j’accepte. »
Parmi la brume, il me sembla le voir hocher la tête.
« Ta destinée te mènera vers les ténèbres et la souffrance, Peter Leroy. À toi de trouver le moyen de rejoindre le soleil. »
L’homme scintilla et, dans un nouveau flash couleur émeraude, me traversa. Le choc acheva ma maigre résistance et l’inconscience me submergea.
La seconde fois, je repris connaissance avec moins d’appréhension. Je devinais ce qui m’attendait. Malgré tout, mon cœur battait la chamade tandis que je découvrais le nouveau décor dans lequel, par je ne sais quel moyen, je me trouvais. Cette fois, c’était, non pas le vide, mais un volcan qui me faisait face. Sa lave bouillonnait et rendait l’atmosphère suffocante. Respirer relevait du supplice. Très vite, la sueur se mit à suinter sur tout mon corps.
Un éclat d’un rouge vif surgit au-dessus du liquide bouillant, captant mon attention. De nouveau, une silhouette se dessina, tout aussi informe qu’un mirage engendré par la chaleur d’un désert. Comme précédemment, seuls les yeux de l’individu étaient nets. Ils se braquèrent sur moi et me firent frémir par la puissance des flammes qui les animaient. Les forges d’Héphaïstos lui-même paraissaient incendier ses pupilles.
Avec un timbre grave et la force de mille hommes, qui me fit grimacer et porter la main à mes oreilles, il entonna :
« Le courage et la détermination sont, à mon sens, les plus valeureuses des qualités. Sources de réussite, tu ne devras cependant pas les confondre avec la bêtise et l’entêtement qui pourraient être cause de nombre de tes échecs. Cependant, prends garde. Lorsque tu te tiendras face à celui que l’élément purificateur a brisé, tu seras appelé à réveiller mes qualités qui t’ont permis de rejoindre le peuple des enfants des éléments, tout en te libérant de tes propres entraves. Ce sera l’unique manière pour toi de survivre. Acceptes-tu, Peter Leroy, héritier d’Astérion, de faire face à tes faiblesses et de laisser la flamme qui anime ton âme réduire en cendre tes adversaires ? »
De nouveau ses explications formaient plus de question que de réponse à mes attentes. L’entêtement, source d’échecs ? Celui dont l’élément purificateur a brisé ? Faire face à mes faiblesses ? Encore des énigmes sans le moindre sens ! Si je ne sentais pas la fatigue s’insinuer dans chaque partie de mon être, j’aurais cherché à obtenir plus de précision.
Pourtant, je ne pouvais prendre un tel risque. Le temps m’était précieux.
« Oui, répondis-je de la même voix. »
Ma voix était en totale contradiction avec mon état intérieur et, pourtant, quelque chose me donnait la force de faire face à ces êtres incorporels et à m’exprimer de manière affirmée face à eux. Était-ce Astérion ? Ou bien un effet de la Ternaíre ?
« Bien, reprit l’esprit du feu. Cependant, sache que si elles t’ont maintenu en vie jusqu’ici, elles pourraient bientôt causer ta perte, humain. »
Et sur cette dernière mise en garde, une vague de flamme me traversa avec la puissance du souffle d’un dragon.
L’odeur du sel effleura mes narines et mes paupières s’ouvrirent dans la seconde. Debout et toujours immobilisé par une étreinte invisible, je me trouvais sur un rocher en plein milieu d’une mer sombre et agitée. Les vagues ébrouaient avec violence l’épais roc sur lequel j’étais juché. Cette fois, être incapable de bouger me convenait : le vent ne pouvait pas me déloger et me faire chuter vers la profondeur des abysses. Le ciel gris enveloppait les environs d’un voile funèbre et libérait sur moi un flot perpétuel qui aplatissait des mèches de cheveux trempées sur mon visage.
« Peter Leroy, enfin te voici. »
Mes yeux se plissèrent car, dans un éclat aveuglant qui aurait pu passer pour un éclair s’il n’était pas bleu, une silhouette aux iris de saphir se forma face à moi. Je devais repousser mes cheveux dégoulinants pour l’apercevoir. Mais comme les autres, elle n’était qu’une vague forme humaine dans le vide, tel un fantôme sans réelle consistance. Sa voix chantante, d’une douceur apaisante, reprit malgré la tempête qui faisait rage :
« Ô jeune mortel, noblesse et audace te seront essentielles pour relever les épreuves et achever la tâche commencée par d’autres mais qu’il t’ait imposé de clore. Tu devras faire preuve d’une grandeur d’âme inconnue de grand nombre des tiens si tu veux espérer arriver à tes fins. Mais écoute attentivement mon conseil : lorsque tout te semblera sans espoir et que tu te sentiras brisé, n’oublie pas que même dans les endroits les plus sombres se trouvent une lueur d’espoir. Et le plus souvent, ce sont les autres qui nous l’apportent. Maintenant, Peter, promets-tu de toujours lever la tête même lorsque toute espérance semblera vaine ?
— Oui, dis-je aussitôt comme envoûté par sa voix, je le promets. »
À la fin de mes paroles, la mer s’arrêta subitement de malmener mon promontoire et le soleil perça faiblement mais vaillamment à travers les nuages menaçants. La fatigue pesait sur mes épaules mais je réussis à saisir les dernières paroles de l’incarnation.
« Que le destin ait pitié de toi dans ce cas, termina la femme avant de me traverser dans un éclair bleuté. »
Et le monde bascula pour la troisième fois.
C’était l’ultime fois où j’allais faire face à ces silhouettes élémentaires, je le savais. Ou plutôt, je le sentais. Le vent fouetta mon visage et souleva mes cheveux devenus secs, tandis que je clignais des yeux avec nervosité. Mes paupières peinaient à rester ouvertes, malmenées par les violentes bourrasques qui pétrifiaient de froid tout mon corps. Je me trouvais à plusieurs centaines de mètres dans les airs, terres et mers réduites à un mélange de couleur sous mes pieds. Il fut un temps où j’avais eu peur de l’altitude, facilement pris de vertige. Une peur qui avait disparu depuis l’obtention de mes pouvoirs.
Malheureusement pour moi, je ne volais pas. Non, figé, j’attendais la venue du quatrième esprit afin d’entendre ses paroles que j’espérais plus réconfortantes que ses prédécesseurs. Il ne se fit pas attendre. Face à moi, dans un flash de lumière pâle, une nouvelle silhouette me fit face et me fixa de ses yeux d’un gris brumeux surprenant.
« Contrairement à ce que pensent les tiens, parla l’homme d’une voix claire et calme, la sagesse ne s’obtient pas avec l’âge. D’après moi, le plus jeune des enfants peut être plus sage et sensé que le plus âgé des anciens. Non, Peter Leroy, la sagesse ne s’obtient qu’avec la réflexion et l’acceptation de notre destin. Une destinée bien lourde pour un si jeune garçon qui ne rêvait que de normalité, n’est-ce pas ? »
C’était une question purement rhétorique, je le savais.
« L’injustice est inévitable dans ce monde, reprit-il, tu en es la preuve vivante. Mais il faut que le fardeau repose sur quelqu’un et, aujourd’hui, ce quelqu’un c’est toi. Viendra un jour où tu devras faire preuve de plus de sagesse que ton expérience ne t’aura permis d’acquérir. Le Chaos vacillera et t’offrira l’opportunité de le destituer afin de sauver tant d’existences. Mais auras-tu la sagesse d’agir et d’accomplir ton rôle ? La sagesse vient avec l’acceptation, sans elle tout jugement est corrompu. »
J’assimilai ses paroles dont le sens m’échappait tout autant que celles des précédents. Et à nouveau, je restais silencieux. Il n’attendait aucune réponse.
« La seule chose dont je suis certain c’est qu’après cette rencontre, tu deviendras bon. Tu saisiras enfin l’importance de la bienveillance et de l’amour… au détriment de tes sentiments. (Il s’interrompit quelques instants avant de reprendre :) Maintenant, mon garçon, dis-moi : Acceptes-tu le poids qui t’incombe de t’opposer à l’exode d’une nouvelle ère tragique pour ton peuple et qui menacera tant de ceux que tu aimes ? Acceptes-tu cette infortune dont nul n’aurait voulu et pourtant, qui aujourd’hui, pèse de jour en jour sur tes épaules ? »
Cette fois, étrangement, les mots furent plus difficiles à prononcer. Accepter de me battre ? Accepter de faire face au mal ? C’était un droit que je n’avais pas eu jusqu’alors. Pouvais-je tout simplement dire non et revenir à mon ancienne vie ? Les mots qui restaient coincés dans ma gorge scelleraient mon sort à tout jamais.
« Ai-je le choix ? murmurai-je, accablé. »
Depuis une semaine, chaque jour s’enchaînait en apportant de nouvelles découvertes et de nouvelles péripéties. Ma vie de simple parisien était à présent loin derrière moi, pour ne pas dire révolue, et je n’avais eu à aucun moment la possibilité d’arrêter toute cette folie ! Comment pouvait-il me demander d’accepter un tel destin alors que, la seule solution que l’on m’avait proposée, avait été de laisser le contrôle à Astérion ? D’ailleurs, ce n’était pas une solution car je cesserai tout bonnement d’exister !
Je n’avais jamais imaginé qu’avoir de tels pouvoirs apporterait un tel supplice ! À mes yeux, c’’était une malédiction ! J’avais abandonné ma famille, fui mon pays pour apprendre à me battre face à des monstres qui n’auraient jamais dû exister ! Cela me torturait jours et nuit et ne prévoyait pas de cesser ! Le tourment associé à mes propres peurs fit couler une larme le long de ma joue. Je l’essuyai aussitôt d’un revers de la main, agacé de ma sensibilité qui me donnait l’impression d’être d’une stupide fragilité.
La silhouette m’observa en silence avant de reprendre avec délicatesse :
« Jamais plus te ne redeviendras celui que tu as été, Peter. Aujourd’hui, l’es-tu encore ? Tu dois accepter, non pas approuver mais accepter, consciemment, ce pour quoi tu as été élu. Sinon, ni le plus grand des courages, ni la plus grande des loyautés et ni la plus grande des audaces ne te permettront de réussir là où tant d’autres échoueraient. Non, seules ta bonté et la sagesse te permettront de concilier le reste et d’avoir une chance. »
Après quelques secondes à repousser l’impression enivrante de sommeil qui obscurcissaient mes pensées, je prononçai une ultime fois fébrilement :
« Oui, je l’accepte. »
Une bourrasque, plus forte que les autres, me percuta, m’enveloppant dans un cocon de vent et de fraîcheur qui acheva ma résistance.
Morphée m’ouvrit ses bras pour de bon.
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