1er juillet

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La canicule était plutôt forte depuis quelques jours. Des bénévoles passaient dans chaque tentes pour nous donner de quoi boire ainsi qu’un papier pour nous indiquer que d’ici la fin de soirée et au plus tard demain nous serions transférés dans un autre camp dans le Lot. Ce camp de réfugiés commençait à arriver à saturation ce qui fait qu’ils étaient obligé d’en ouvrir d’autres dans la région et c’était complètement au pif. Cindy partait avec moi dans ce nouveau camp qui devait se trouver sur les hauteurs de Cahors. Les bénévoles demandèrent à ceux qui venaient avec nous de venir pour un genre de réunion pour nous expliquer comment cela se ferait. Etant donné que les trains commençaient à être réquisitionné par l’armée, ce serait par bus qu’aurait lieu le transfert.

Nous aurions la chance de vivre dans des préfabriqués avec climatiseur, fenêtre et des installations communes comme des douches, des toilettes ainsi qu’un accès à l’électricité. Il n’y a pas à dire, on serait sans aucun doute mieux lotis là bas, mais c’était une bonne chose je trouvais de nous faire changer d’endroits, car je pense que tôt ou tard j’aurais fini par quitter ce camp actuel pour partir ailleurs. Ce briefing était intéressant, j’avais même hâte d’y aller.

D’ailleurs, avec Cindy nous décidions d’aller dans un restaurant du centre-ville. Elle s’était changée, avait mit une nouvelle robe et s’était mit du vernis à ongle noir sur ses mains et ses pieds ce qui lui donnait un look peut être plus adolescent, mais adolescente de famille friquée. Pour elle s’était important de se maquiller et de bien s’habiller parce que de toute façon, pour elle c’était une évidence. Le vernis à ongle, c’était le petit plus qu’elle aimait et qu’elle avait l’habitude de mettre depuis le collège.

Et sa paire d’escarpins à talons, c’était parce que sa mère l’avait toujours encouragée à en porter alors dans son appartement elle en avait toujours eu plus d’une paire, de même qu’un dressing toujours bien garnis. Ses vêtements coûtaient relativement chers, et elle se doutait bien que sa garde-robe de son appart était probablement pillée, de même que ses chaussures ne devant plus êtres présentes. Je m’en rappelle très bien de sa collection de chaussures, elle en avait pour toute les saisons et à assortir selon des tenues bien précises.

Le restaurant avait une terrasse sur le toit. On avait une vue magnifique sur les toits de la ville ainsi qu’un bout des Pyrénées. Manger avec ce cadre était une expérience formidable, de même que l’ambiance était très bonne avec ces guitaristes qui jouaient des airs connus. Nos repas étaient très bons, et ce fut à ce moment là qu’elle me parla de son ex.

- Je crois qu’il m’a déjà emmené déjeuner ici, commença-t-elle en buvant son verre de vin, ça n’a pas changé depuis la dernière fois que je suis venue. On a habité ici pendant trois ans.

- Vous vous êtes rencontrés ici ? Demandais-je

Elle hocha la tête

- On venait de finir nos études. Moi de droit, lui son école d’ingénieur. Des projets pour son entreprise, il en avait énormément. C’était un type vraiment très investi dans son travail, mais pas dans sa vie privée. Alors je l’ai plaquée, surtout que j’avais envie d’avancer sur les deux plans. J’aurais voulu avoir avec lui des enfants. Et toi, t’as été en couple ? Me posa-t-elle en découpant un morceau d’entrecôte.

- Ouais, j’étais avec une Italienne. Elle était artiste peintre, et moi je suis écrivain. On a été en couple pendant plus d’une dizaine d’années, et crois moi que ça n’a pas été facile non plus la rupture.

- T’aurais voulu avoir des enfants avec elle ?

- Ouais, j’aurais aimé en avoir, répondis-je en buvant une gorgée de vin. Mais actuellement, je me dis que finalement j’ai bien fais de pas en avoir parce que sinon, ils auraient jamais connus ce que nous on a pu connaître avant ces évènements.

- Oh ça, je suis tout à fait d’accord, dit Cindy avec un grand sourire, c’est précisément ce que je me suis dit quand Bayonne s’est faites évacuer. Si j’avais eu des enfants, ç’aurait été probablement quelque chose de compliqué de pouvoir les gérer et savoir exactement ce que nous on ferait.

Cindy était une jeune femme très intelligente. Pendant l’autre partie du repas elle voulait parler de culture, de littérature, de film, de musiques. Elle avait raison de vouloir changer de sujet, j’adorais parler culture avec d’autres personnes.

- Il y a un livre que j’avais adoré lire, c’était Les lettres de Russie si je me rappelle bien, disait-elle. Je l’ai vraiment trouvé très intéressant dans sa façon d’être écrite, et j’avais l’impression que ce n’était pas une fiction, mais une correspondance qui avait bien eu lieu. Je la regarda avec un petit sourire. Elle essayait de comprendre pourquoi je la regardais comme ça. Puis, je finis par répondre.

- En fait, c’est moi qui ait écrit ce livre, déclarais-je Son visage commença à s’illuminer, puis elle pouffa de rire avant de dire.

- C’est pas vrai ? Franchement j’ai adoré ce livre. Mais comment as-tu eu cette idée ? C’était vraiment un roman très prenant que j’ai lu à plusieurs reprises. Je suis même allé voir le film au ciné.

- L’idée de ce livre m’est venue quand j’avais fait un voyage avec Déborah à Moscou et à SaintPétersbourg. Ce sont des endroits absolument merveilleux, et c’était en voyant la relève de la garde au tombeau de Lénine, sur la Place Rouge de Moscou que j’ai eu cette idée.

- Et pourquoi t’as accepté d’en faire un film ?

- Parce que je savais que je pourrais me faire encore plus d’argent, répondis-je avec une sourire. Cela la fit rire

C’était très plaisant de la voir aussi détendue que ça et rire pour un peu tout et n’importe quoi. On sortit du restaurant aux alentours de vingt-deux heures pour aller dans des bars qui étaient plutôt huppés et où c’était ambiance boîte de nuit avec de la musique diffusée à fond. Je nous offrit une bière qu’elle but très rapidement avant de se mettre à danser en plein milieu du bar avec d’autres jeunes. Moi aussi j’avais envie de me détendre comme elle, alors je me mit à danser et même à m’attabler avec un groupe de femmes qui avaient au moins la quarantaine et qui étaient à la recherche de beaux gosses à baiser.

C’était des cadres de banques ou de grosses entreprises, maquillées comme si elles allaient au travail mais vêtue pour aller en soirée. L’une d’elle était en polo Ralph Lauren avec un jean et une paire de botte haute marron. Vu la chaleur qui faisait encore dehors, c’était intéressant de la voir habillée comme si c’était encore le printemps et sa collègue portait une paire d’escarpin à plateforme. Toutes étaient impressionnée de discuter avec un auteur, mais c’était quelque chose dont elles se foutaient allégrement. L’une d’elle, du nom de Catherine, me dit même « On est pas là pour faire des discussions philosophiques ! » avant d’éclater de rire, jusqu’à ce qu’une autre du nom de Véronique lui répondit « Ca l’empêche pas d’être un mec intéressant ! ». J’étais en bonne compagnie, je dois l’admettre. On approchait d’une heure du matin, quand Cindy partit avec un groupe de mecs, moi avec Véronique et Catherine. Toutes les deux étaient mariées et mères de famille. Ce fut chez Véronique que je finissais la soirée. Véronique me proposa un café que j’acceptai puis vint s’asseoir sur le canapé à côté de moi. Elle posa sa tasse sur une petite table en verre puis enleva sa paire de talons.

- Je n’aurais jamais pensée un jour emmener un mec chez moi, dit elle en me caressant la cuisse. T’es beau, tu sais ?

Je ne sais pas quel âge elle avait, mais je dois admettre que c’était encore une belle femme qui prenait bien soin d’elle. Elle était cadre dans une banque et me disait qu’elle avait la chance de rouler en Mercedes. Sa vie se résumait à faire des déplacements non seulement en région, mais aussi en France voir en Europe. Cela lui plaisait car elle dormait dans des hôtels de luxe et voyageait toujours en première classe, aussi bien en avion qu’en train. Soudain, elle se leva et m’invita à la rejoindre pour fumer sa cigarette sur le balcon de son appartement. Au loin, on voyait un orage. Puis elle me montra ses enfants en train de dormir. Quand elle se retourna vers moi, Véro avait les larmes aux yeux. Je lui demandais pourquoi elle pleurait.

- Ils comprennent pas ce qui est en train de se passer, ils sont jeunes. Si jamais Toulouse est menacée, je ne sais pas du tout où on va pouvoir aller. Toi tu sais où tu vas ?

- On va nous transférer dans la journée à Cahors. Ils nous ont dit qu’il y avait de plus en plus de réfugiés qui vont venir donc on doit faire de la place.

- Oh Seigneur ! S’exclama-t-elle dans un cri étouffé. Mais qu’allons-nous faire ici ? Où devons nous aller ?

- Je n’en sais rien

Elle me prit dans ses bras tout en continuant de pleurer. Je resta longtemps chez elle avant de rentrer au camp, le jour commençait tout juste à pointer son nez. Cindy était arrivée quelques minutes avant moi et dormait déjà à poing fermés.

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