Son lit était grand. On avait fait l’amour pendant une partie de la nuit, et à mon réveil elle dormait encore profondément. J’étais nu, en train de chercher où étaient mes vêtements. Je me sentais un peu honteux d’avoir couché avec une femme qui avait dix ans de moins que moi, mais d’un autre côté c’était très rare qu’une femme me fasse cet effet là. Je lui mis une couverture sur son dos, puis je déposa sur sa table de cuisine mon numéro de portable. Je me rhabilla et quitta son appartement.

En fermant la porte d’entrée, une vieille femme descendit les escaliers et me regarda droit dans les yeux. Je sentis un regard soupçonneux de sa part. Apparemment, je n’étais pas le seul homme à avoir pénétré dans cet immeuble pour aller au même numéro d’appartement. J’imagine que Cindy avait ses raisons d’avoir un tel comportement. Elle était jeune, jolie, bien habillée...c’était sans doute le genre de femme dont tout homme pouvait très facilement tomber amoureux.

Après avoir retrouvé ma voiture, je retourna chez moi à Espelette retrouver ma petite vie de solitaire en ce premier jour de l’été. Dans mon salon, je me laissa tomber sur mon fauteuil après m’être servi un verre de Perrier. Je regardais mon verre, j’y voyais ces petites bulles remonter à la surface et mon regard se leva vers l’écran de ma télé éteint. Je n’osais plus regarder ni même écouter les informations. Internet me suffisait amplement et ce qu’on y voyait devenait de plus en plus laid. La France, par le biais de l’OTAN, réclamait une intervention militaire en soutient à la Finlande. On allait entrer dans une guerre et la Russie menaçait d’utiliser l’arme nucléaire, qui venait d’être utilisée par les Chinois durant leur attaque de Taïwan. Une réunion de crise à l’ONU était en cours pour savoir ce qui allait devoir être fait.

La Finlande était à présent entièrement sous contrôle russe, et ils prévoyaient d’envahir également la Norvège. C’était officiel. La Lituanie était aussi menacée d’annexion. Une guerre était en train de s’avancer de plus en plus en Europe, sans qu’on sache si on serait obligé de revenir à une mobilisation générale. A l’échelle locale, pour ce qui était de ce virus, le taux d’incidence était tellement fort que ces rumeurs d’évacuation de la côte commençait à se préciser. Le préfet le laissait même sous-entendre. Dans mon voisinage, certains avaient pris les dessus pour fuir rapidement leur maison en prenant tout ce dont ils avaient besoin.Au final, la ville se vida sans même se demander si ça arriverait réellement ou pas. Je repensais à Cindy et à la soirée qu’on avait passé ensemble.

C’était une rencontre inattendue, mais au moins j’avais rencontré quelqu’un de sympathique et le temps d’une nuit je n’avais pas été seul. Une jeune femme comme elle, ça ne se trouve pas à chaque coin de rue. Le théâtre avait été une bonne idée, et je reçus un peu plus tard dans la journée un SMS de ma part pour dire que j’étais un chic type, qu’on pouvait se voir pour boire ensemble un verre ou manger dans un restaurant. Je me sentais aux anges, je voyais les choses de façon plus positive.

Cela dit, par les temps qui couraient, c’était impossible de dire combien de temps une idylle pouvait durer entre deux individus.