13 août
On était à plus de deux mois après le début de la crise mondiale et pour moi, ça faisait déjà un mois à vivre dans ce patelin. J’étais rapidement devenu le maître de ces lieux et tout m’appartenait, même si j’avais honte de rentrer par effraction dans les maisons du village. Au vu des réserves de bouffes qui étaient en train de diminuer, je n’aurais bientôt plus d’autres choix que de quitter Artenay pour continuer ma route pour la capitale. J’avais essayé de faire une cartographie rapide de la commune et chaque maison où j’avais fini de récupérer la nourriture, je dessinais une croix rouge pour signifier qu’il n’y avait plus rien.
Les véhicules, je n’en avais conduit aucun, même la voiture que j’avais récupérée à Châteauroux ne me servait plus à rien. De toute façon, ça m’aurait servi à rien de visiter les alentours étant donné que j’aurais à chaque fois trouvé que des maisons vides. Je me demandais combien il y avait de morts dans tous le pays. Je pense que le bilan aurait absolument effrayant à connaître. Les livres, il y en avait heureusement partout, ce qui me permettait de tuer le temps et de m’enfermer dans une bulle rassurante où je pouvais imaginer encore un monde qui tournait normalement. L’électricité n’était plus présente, ce qui me forçait par conséquent à me coucher et e me lever en même temps que le soleil, un peu comme au Moyen-Age. C’était dommage parce que s’il y avait encore du jus, j’aurais pu regarder la télé ou du moins regarder un DVD. Mais j’étais obligé de faire avec les moyens du bord et donc ne rien faire. Je dois admettre que ma petite vie en solitaire se passait plutôt bien, j’essayais tant bien que mal à chaque fois à relativiser.
J’imaginais la fin de ma vie avec mes proches autour de moi, des funérailles avec de nombreuses célébrités venue pleurer ma perte et probablement des siècles plus tard mon entrée au Panthéon comme un artiste remarquable de ma génération. Au lieu de ça, je finirais par mourir de façon incognito et en ayant plus personne pour transmettre mes œuvres. Je n’avais là plus cette envie de tenir un journal, car après tout ça sert à rien de décrire tout mes faits et gestes comme si c’était sacré. Néanmoins, je pense que ce sera un bon témoignage de ce qu’il s’est passé.
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