Les années passent, et couve sur un nid d'optimisme une famille d'oiseaux de mauvaise augure, grands pourfendeurs des causes délétères, déployant leurs ailes de protection sur une vie par trop libertaire, inconsciente ou pensée inacceptable.

Afin de m'extraire d'un amas considérable de préceptes et de conseils toujours bienveillants, mais qui ternissent mon idée du bonheur, qui chaque jour, chaque heure, atteignent une part non négligeable de la vie telle que je la conçois, non par leur valeur mais par leur masse informe et pesante, il me faut faire un inventaire de tous ces conseils, ces pensées de notre époque, ces phrases toutes faites, signes d'une peur viscérale de l'humanité au regard porté sur un avenir qu'elle estime incertain et certainement pire que notre passé - faut-il avoir la mémoire si courte ? -, pensées si difficiles à ne pas accepter, à contredire et à mettre en doute sous peine de passer pour un incompétent, un égoïste, un ignorant ou à tout le moins un abruti.

Je vais donc, dans un bordel organisé, m'atteler à dresser quelques listes, par catégories, de ce qui, au quotidien, a tenté de grignoter, bienveillance en tête, une part de ma joie de vivre. Je suis guéri, désormais, libéré de ces obligations morales, et prend tout cela pour un enjeu politique qui masque en réalité une époque de doutes, de renoncement philosophique et de complaisance vis-à-vis d'un état qu'il convient d'adopter : la culpabilité.

Notons qu'il est une forte probabilité que ces listes soient sujettes à controverses, débats, sources de levées de boucliers idéologiques. Elles n'ont pas pour but de prendre parti, ni de tenter de trouver une explication ou de faire passer un message autre que : la surcharge tue l'intention, elle étouffe le bon sens et nuit à la responsabilité individuelle. Tous les combats sont bons à mener pourvu qu'ils tentent de répondre à une déficience, une peur rationnelle, mais tous les combats ne peuvent être menés par chacun, sous peine de tuer notre humanité par étouffement, et de créer le terreau d'une révolte, d'un besoin de liberté qui éclate. Commentez, je serai sincère, droit et humain. Ne prêtez aucune intention péremptoire à ces listes, par ailleurs souvent suivies et partagées, si ce n'est de libérer mon esprit de trop, beaucoup trop, de belles intentions.