Chapitre 2 : L'illusion de contrôle (4/4)

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Je monte sur mon vélo, essuie rapidement mes larmes, et commence à pédaler. Les bruits du monde se fondent autour de moi, la musique dans mes oreilles m'accompagne, et je pédale, lentement, de plus en plus vite. Les larmes continuent de couler, mais cette fois, je souris à travers. C'est un sourire de joie, un sourire d'émotion pure. Je sens mon cœur battre plus fort, mais ce n'est plus de la peur. C'est de l'espoir. C'est de la force, un mélange confus d'émotions qui m'envahissent.

Je n'ai pas de mots pour décrire ce que je ressens. Mais à cet instant, je me sens plus vivante que jamais. J'ai l'impression d'avoir mûri en deux jours plus que en 19 ans. Comment est-ce possible ? Je me mets à rire. Un rire étrange, qui ne veut rien dire, mais qui m'échappe, joyeux, sincère. Je rigole, je pleure, je suis perdue dans cette tornade d'émotions. Tout est confus, mais ça me fait du bien.

Je tombe à genoux en riant et en pleurant en même temps, mes courses échappant de mes mains. C'est ça, le monde. Il n'est jamais une ligne droite. Quand tu veux le détester, il te prend tout ce que tu aimes, te retire ceux que tu veux garder, mais en même temps, il te donne des moments comme celui-ci. Il te donne un espoir tout neuf, un peu fragile, mais tellement précieux. C'est comme un son, doux, qui résonne en moi. Un bijou d'espoir, scintillant au plus profond de moi, là où même la lumière du jour ne peut atteindre. Et pourtant, il est là. Un peu comme un rêve que tu n'oses espérer, mais qui prend vie. C'est ça, le rêve. C'est magnifique quand tu y penses.

Je souris encore, me redresse lentement, les yeux toujours un peu humides. Je prends mes courses, les ramasse sur le sol. Je me sens forte. Pas parce que j'ai accompli quelque chose de grand, mais parce que je me suis permise d'être vulnérable. D'accepter mes peurs. Et de les surmonter.

Je rentre à la maison. Je me dirige vers la cuisine, mon esprit encore un peu perdu dans cette vague d'émotions. La cuisine... Un peu de réconfort. Les pâtes, c'est un plat simple, mais qui me rappelle les moments tranquilles. Je range les courses avec soin, chaque geste un peu plus apaisant que le précédent. L'odeur de la sauce se mêle à celle du pain grillé, et je sens la chaleur envahir ma cuisine. C'est une odeur simple, mais elle m'apporte un calme inexplicable, comme un petit cocon après la tempête.

Enfin, tout est prêt. Je mets la table, et je m'assois. Je regarde mon assiette un instant, avant de prendre ma fourchette. Le goût des pâtes est délicieux, simple mais réconfortant. Et en même temps, il est bien plus que ça. C'est comme si j'avais dû affronter mon pire ennemi pour arriver jusque-là, cet ennemi qui est moi-même. Et pour une fois, je me suis sentie capable de le faire. C'est un combat silencieux, mais tellement intense. Bien, à nos couteaux, me dis-je, un sourire amusé aux lèvres.

Je prends une bouchée, et tout à coup, je me parle à moi-même, à haute voix, sans me soucier des absurdités de la situation. C'est un vrai combat, hein? Je ris, me moquant doucement de moi-même. Le plus grand ennemi, c'est toujours soi-même. Et pourtant, je rigole. Parce qu'aujourd'hui, j'ai gagné un peu. Juste un peu. Mais c'est un début.

J'avais rangé et nettoyé la vaisselle, réorganisé la cuisine avec une précision presque mécanique. Les tasses brillaient sous l'éclat des néons, chaque assiette soigneusement replacée dans le placard. Le chiffon glissait sur les comptoirs, chassant les traces invisibles, une routine rassurante. Puis, je m'étais attaquée au reste de la maison, pas par obligation, mais comme un moyen de garder une illusion de contrôle, de m'imaginer que tout autour de moi était en ordre, que, peut-être, ça m'aiderait à calmer mes pensées, mes émotions. Les canapés étaient parfaitement disposés, les coussins alignés comme si chaque chose avait une place définie. Et la poussière... la poussière n'avait aucune chance face à mon chiffon humide, qui se déplaçait de manière fluide sur chaque surface, chaque recoin, chaque étagère. Je me sentais comme une machine, concentrée sur l'instant, absorbée par cette tâche répétitive, comme si elle m'offrait un répit mental, une forme de réconfort.

"Ah, que je suis fatiguée," murmurais-je enfin, en rangeant le dernier objet. La fatigue me gagnait, mais ce n'était pas une fatigue physique. C'était un épuisement mental, une lourdeur, une sensation diffuse d'angoisse qui ne me quittait pas, qui semblait s'étirer à mesure que je tentais de réorganiser le monde autour de moi. Je n'avais même pas remarqué que le temps s'était envolé. La maison était propre, impeccable, mais dans ma tête... c'était un tout autre décor.

Il était temps de m'attaquer à mes études. Je montai dans mon bureau, mon sanctuaire. L'endroit où je pouvais m'enfermer dans mes livres et m'évader, fuyant un peu la réalité. Le bureau était encombré de piles de papiers, de manuels scolaires ouverts, de fiches éparpillées, des traces visibles de mon travail en retard. Je m'assis sur la chaise, un soupir lourd m'échappant, et mes doigts se posèrent sur le premier cours. Je commençai à rédiger mes fiches de révision. Les mots s'enchaînaient sans que j'y pense vraiment, mes mouvements devenaient presque automatiques. La lumière tamisée de la lampe de bureau éclairait mes carnets et mes yeux passaient sur les pages, mais sans vraiment les lire.

Je pensais à ce que j'avais dit hier, à ma réflexion sur la vie étudiante. C'était vrai, la vie étudiante n'était pas vraiment simple. Il y avait des hauts, des bas, des examens, des heures de travail, des moments de solitude. C'était une constante jonglerie entre liberté et pression. Mais, au fond, il fallait avancer. Je n'avais pas le choix. Je surmontais chaque obstacle, petit à petit, un peu comme je me forçais à étudier malgré l'épuisement. C'était tout ce que je pouvais faire.

Je gardais l'oreille en alerte, un réflexe. Peut-être que ma grand-mère finirait par revenir. Mais non, elle ne l'avait pas fait. Le temps passait, la lune s'était élevée dans le ciel, occupant son centre depuis quelques heures déjà. Une étrange sensation me gagnait, cette impression que la nuit avançait sans moi, que je ne savais plus si j'étais encore en sécurité, si je pouvais vraiment m'abandonner au sommeil. La lune, ronde et brillante, semblait me regarder, scrutant chaque mouvement dans le silence de la nuit.

"Bien," murmurai-je enfin, "je pense que je n'ai plus le choix, il est temps d'aller dormir." Pourtant, je restais hésitante. La scène d'hier restait vivace dans mon esprit, mélange d'incertitude et de peur. Mon cœur battait plus vite à chaque pensée qui surgissait. Mais, fatiguée, je n'avais pas le choix. Je me dirigeai vers le lit, mais une étrange sensation me suivait. "Je vais dormir avec la lumière allumée," pensai-je. "Après tout, si c'est une ombre, elle n'osera pas apparaître en pleine lumière." Je voulais prendre le dessus, être moins clémente avec cette chose qui m'avait traumatisée, la forcer à rester dans les ténèbres, là où elle appartenait.

Je m'allongeai sur le dos, les yeux fixés sur le plafond. Mon esprit vagabondait, perdu dans les ombres qui dansaient sur les murs. Aujourd'hui, c'était différent. La fatigue avait surpassé ma peur. Je fermai les yeux, cherchant à me détendre, à m'abandonner à l'épuisement. Mais quelque chose me retenait, une vigilance constante. Peu à peu, le poids du sommeil m'envahit, mon corps lourd, mais mon esprit restait agité.

Quelques heures plus tard, alors que je m'enfonçais dans un sommeil plus profond, un bruit me fit sursauter. Ce n'était pas un simple bruit, mais un toc. Un toc étrange. Pas à la porte, mais sur le miroir de ma chambre. Comme un léger cliquetis métallique. Mon cœur se serra dans ma poitrine, la peur me saisissant. Je n'osais pas ouvrir les yeux immédiatement. Le bruit venait du miroir. La sueur perla sur mon front. Je savais que quelque chose n'allait pas, mais je n'osais pas bouger, figée, dans l'attente de ce que ce bruit pouvait signifier.

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