Chapitre 3: Fractures Invisibles (1/6)

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Ce n'est pas vrai, merde ! Une idée traverse soudain mon esprit, aussi folle soit-elle :
faire semblant de dormir. Attendre que les choses se passent. Puis me précipiter à l'extérieur, fuir, croire qu'elle ne pourra pas me suivre...
Mais bon, est-ce que j'ai vraiment le choix ?

Hier, j'avais ressenti cette peur viscérale. Ce n'était pas juste de la terreur... c'était mon corps tout entier qui réagissait à sa présence. Elle était là, si imposante, si étrange. Si dangereuse.
Je n'ose même pas imaginer ce que c'est. Mais mon instinct... mon instinct me prévient. Il me dit que je dois fuir. Je tiens encore à ma vie, même si tout autour de moi semble m'échapper, comme si je n'étais plus vraiment là.

Quel timbré... Une putain d'entité dans ton miroir, et toi, tu perds ton temps à réfléchir.

Je devrais juste foncer, me mettre à courir, aussi loin que mes jambes me portent.
Même si ce sont mes derniers instants,
je veux que ce soit en bougeant,
en faisant quelque chose.

Je veux qu’au moins la terre garde la trace de mon courage. De ma dernière volonté.
Je ferme les yeux, serre mes poings sous la couette, puis je les ouvre d’un coup sec.

Le miroir...
Je le fixe, prêt à m'élancer.

Et là, pour mon plus grand malheur,
un autre événement, encore plus irréel que tout ce que j'ai vécu, se produit.

Mon cœur s'emballe, mes mains tremblent, mais je me force à rester calme, à garder la tête froide.

Si c'est mon dernier instant, alors que la mort vienne. Mais je veux qu'elle se souvienne de mon regard. De mon courage.
Et j'espère que ma grand-mère, mon meilleur ami, et d'autres êtres chers se souviendront de moi, à travers eux.

C'est décidé. Je me prépare mentalement à foncer hors de la chambre, prête à tout.

Je serre la couette un peu plus fort, les muscles tendus, quand soudain...

Une voix.

Elle me fige sur place, brisant mon élan comme un mur invisible.

Attends, je t'en prie, écoute-moi. Je sais que ça doit être terriblement bizarre et illogique, une voix à travers ton miroir, mais je ne te veux aucun mal. Absolument aucun mal, juste ton temps.

La surprise me cloue au lit, et pendant quelques secondes, je ne peux même plus bouger.
Cette voix...

Elle ne ressemble en rien à celle de l'entité.
Pas de menace, pas de danger.
Une sensation de calme, étrange, qui me fait hésiter.

Peut-être que je me fais des idées... mais... je suis coincée dans cette situation, alors autant écouter.

— Comme je te l'ai dit, je ne te veux aucun mal. Je ne peux pas te prouver que c'est vrai, et c'est égoïste de te demander de me croire. Une voix à travers ton miroir, une chose étrange et irréaliste, mais prête-moi ton oreille.

Je sens mon scepticisme prendre le dessus, mais je suis déjà en train de l'écouter.
Si cette voix me dit que tout ça est irrationnel, c'est que je suis déjà au-delà de la logique, n'est-ce pas ?

Visiblement, le monde veut se moquer de mon désarroi cette fois...

Je laisse échapper ces mots sans vraiment réfléchir, un rire nerveux m'échappant dans un souffle.

Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Cette voix...
Je n'arrive pas à la situer.

Ce n'est pas l'entité.
C'est un autre ton, plus humain, presque rassurant.

Et pourtant...

Je sais que je ne devrais pas l'écouter.
L'instinct me crie de fuir, mais la curiosité me ronge.

C'est un vilain défaut, je le sais.

La silhouette dans le miroir commence lentement à prendre forme, devenant plus nette, plus précise.
Elle ressemble à... moi.

Comme une sœur, mais ce n'est pas moi. Ses traits sont presque les mêmes, mais quelque chose de fondamental est différent. Elle soupire, un souffle lourd qui résonne en moi.

Je sais que ça doit être incompréhensible, mais merci de m'écouter. C'est le plus important. Je n'ai pas beaucoup de temps.

Sa silhouette devient de plus en plus distincte.

Une jeune femme, à peu près de mon âge, avec des yeux étrangement familiers.
Elle me ressemble tellement... Mais il manque quelque chose.

Quelque chose que je ne comprends pas.

Il faut que certaines conditions soient réunies pour que je puisse te parler. Mais l'urgence, c'est que cette entité est immensément plus dangereuse que tu ne le penses.
Tu n'as vu qu'un minime fragment de ce qu'elle est et du danger qu'elle représente.
Un minime...

Je l'entends de plus en plus faiblement, comme un brouillard épais qui envahit mes pensées, me coupant du monde réel. La voix se fait lointaine, floue. Puis soudain, dans ce silence... Un mot, une phrase, qui résonne avec une clarté glaciale.

Ta grand-mère te ment.

Je reste figée, l'adrénaline dans mes veines gelée par cette révélation.

Elle... me ment ?

Je ne peux pas...
C'est impossible. Elle, qui a toujours été là pour moi, qui a été tout ce que j'ai. Non... Ce n'est pas possible. La silhouette se dissipe lentement, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Le miroir, calme, lisse... Ne montre plus rien. Je suis seule dans la chambre. Et cette phrase...
"Ta grand-mère te ment..."

Résonne encore, plus forte que jamais. Mon cœur bat à tout rompre, une vague de confusion me submerge. Mes pensées tourbillonnent, se bousculent. Est-ce que tout ce que je croyais savoir était faux ? Pourquoi, comment... ? Je serre les poings. Je dois comprendre.

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