Chapitre 1 : Les Nidders
So you’re leaving in the morning…
L’alarme de son téléphone réveille Laëtitia, encore léthargique de sa nuit. « Merde déjà le matin ». Elle pivote la tête sur son polochon et constate la présence d’un beau brun endormi. Les souvenirs de la veille lui reviennent. Plusieurs verres entre copines dans différents bars, une sortie en discothèque, une danse sensuelle avec cet inconnu, un terminus dans son appartement du 18e étage. Elle ne se rappelle plus de son prénom « Denis, Sébastien, Amaury… ». Aucun souvenir… Mais tant pis, ça n’a pas d’importance. Et ce n’est pas vraiment la première fois. Un de plus pour passer son ennui.
Elle ouvre son téléphone, posé sur sa table de nuit. Elle constate immédiatement que sa réanimation n’était pas due à son réveil. Un appel de son cameraman. Évacuant son lit en urgence, elle fonce vers sa cuisine. Elle empoigne son peignoir accroché à la porte de sa salle de bain. Allume sa cafetière, laissant couler un bon expresso. Et aussitôt, rappelle son partenaire de travail.
— George, je suis en repos ce matin, pourquoi tu m’appelles d’aussi bonne heure ?
— Laëtitia, ramène-toi tout de suite à la frontière Sud de New State Dorning, Porte Aristate Blet ! Un groupe de Nidders fonce sur la ville. Ils sont en marche ! D’après les experts, ils seront à portée de vue d’ici environ deux heures. L’armée commence ses préparations. La plupart des journaux et chaînes de télé ne devraient pas tarder à débarquer. En cyber-scooter, tu devrais pouvoir être là en une heure et demie.
« Une heure et demie ? Tu me sous-estimes toujours George, une heure suffira ! » se dit Laëtitia. Sans perdre une seconde, elle se rince sous la douche, fonce vers son dressing et enfile une tenue qui conviendrait à l’écran. Journaliste indépendante, elle se doit d’être impeccable pour ses internautes. Elle boit d’un trait son café, attrape une viennoiserie séchée et se dirige vers la porte. Avant d’introduire sa clef, elle entend le beau mâle sans nom sortir de sa chambre.
— Tu t’en vas déjà ?
— Désolée, j’ai une urgence. Sers-toi un café, prends ton temps et claque la porte derrière toi. Y’a un verrou automatique, pas de souci. Merci pour cette nuit Victor, c’était super !
— Alban, répond le brun ténébreux.
— Oui, Alain, c’est pareil ! corrige-t-elle en fermant la porte instantanément.
En selle sur son cyber-scooter, Laëtitia traverse à toute vitesse les avenues de Cafit Empire Town en direction de New State Dorning. Elle manie son engin depuis des années et connait tous les raccourcis et routes que son pays peut lui offrir. Elle est devenue journaliste pour pouvoir explorer les richesses de ce monde. Voyager, découvrir de nouvelles cultures, aller à la rencontre des populations autochtones. Tout ce qu’elle apprenait, elle souhaitait le partager avec ses fidèles. Sous le pseudonyme de Blue Bird, elle accumulait les vues sur ses articles. Mais ça, c’était avant le fameux incident…
« Encore une invasion de Nidders, c’est la septième en deux semaines… ». En tant que professionnelle, elle se veut être aux premières loges de cet évènement catastrophique. La population mondiale vit dans la peur et se doit d’être informée de ces attaques. Même si elle le cache auprès de ses collègues, Laëtitia possède aussi un intérêt personnel pour ces affaires.
Les Nidders… Personne ne sait d’où ils viennent. Cela a commencé il y a sept ans, dans la forêt de Jazmiel, près du pays Carsotep, connue de tout le continent Ouest. Deux de ces créatures ont été découvertes dans ce qui était anciennement appelé « le bois brillant ». Pourquoi utiliser le passé pour parler de cet endroit ? Car ces deux monstres avaient à eux seuls tout exterminé : animaux, végétaux, minéraux… Tout avait été déchiqueté, dévoré, et détruit jusqu’à la dernière miette. Suite à ce massacre, les deux Nidders avaient été capturés et étudiés par le gouvernement. Les scientifiques n’en tirèrent pas grand-chose mis à part les caractéristiques suivantes : animal entre le reptile et l’insecte, six pattes le long de son corps, 40 cm de haut, environ 1,5 m de long, armé de deux pinces imposantes, suivis d’un trou rempli de dents acérées, une carapace robuste pourpre, une petite queue épaisse… Ces deux spécimens furent analysés sous toutes leurs coutures. Les tests démontrèrent une surprenante résistance. Rien ne transperçait leurs ossatures : coupe, écrasement, arme à feu, laser… Aucune température extrême ne les affectait : froid, gèle, feu, lave… Cette invulnérabilité était plus qu’inquiétante. Même le poison, l’électricité ou le gaz ne les blessaient. Mais le plus effrayant était leur appétit infini à tel point qu’ils commencèrent à dévorer leur prison de métal. Tout le laboratoire de West Winktor, aidé par l’armée du pays de Carsotep, était sur le front afin de confiner au mieux ces deux créatures. Ils n’eurent pas de problème à les maitriser pendant quelques mois. Mais cela ne dura pas… Les Nidders débutèrent leurs pontes et donnèrent naissance à une progéniture tout aussi invincible. Le laboratoire de West Winktor tomba ainsi, dévoré par ce groupe d’insectoïdes. L’armée ne put riposter et la plupart des villes aux alentours furent englouties. Ce premier génocide fut connu sous le nom du « massacre de Carsotep ». Aujourd’hui, ils apparaissent par surprise de sous terre et consomment tout ce qu’ils croisent. Chaque cité du monde respire la terreur et craint une agression de ces voraces.
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