Léa et Annie
La conception, quelle magnifique œuvre ! Des milliers de cellules parmi lesquelles deux seulement fusionnent, pour donner vie à un embryon. Cette fois-ci, il y avait eu deux fécondations, deux œufs, et ainsi deux êtres étaient en train de se former dans le ventre de cette femme. Des jumeaux dizygotes. Deux filles qui grandissaient ensemble.
Malheureusement, cette future maman vivait très mal cette grossesse. C'était sa cinquième et elle était épuisée. Son mari, rarement là à cause de son travail, la laissait seule pour élever les quatre terribles garçons qui lui en faisaient voir de toutes les couleurs.
Nous savons qu'un lien fort se crée entre les jumeaux. Peut-être ces deux filles à venir ressentaient-elles toute cette tension ? Avaient-elles déjà l'envie de se protéger l'une l'autre ? Personne ne pourrait le dire. Pourtant, ce jour-là, dans la voiture qui se dirigeait vers la ville voisine, pointait un moment terrible pour ses deux sœurs. Ce fut l'accident, le choc d'une violence telle qu'il brisa la fragilité de cette union. La ceinture de sécurité, si nécessaire à sauver des vies, ce jour-là, arracha tout espoir à cet être. Léa est née seule, sa sœur s’en est allée avant.
Imaginez un couple avec quatre garçons turbulents. Le mari voulait une fille. Quand cette enfant naquit, elle était comme une bénédiction et ses frères se sentirent mis de côté par cette enfant. Elle était la princesse. Même si sa mère, inconsciemment, n'en voulait pas, cette jolie petite fille lui donnait envie de prendre soin d'elle. Elle avait des millions de petites robes à froufrous, la mode de l'époque. Sa mère la changeait trois fois par jour, avec des tenues toutes aussi jolies les unes que les autres. Voilà comment la jalousie s'est installée. Elle avait tout. Et eux, mêmes petits, ressentaient une frustration.
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