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 Au portail de l’école, les élèves échangent sous leur chemise des morceaux de sucre. Préoccupés dans leur trafic, ils ne perçoivent pas au dessus de leur tête l’animal qui les contourne dans une série de vifs battements d’ailes, remontant la grande avenue des tilleuls en direction d’une grande tour.

 La volière. Elle dépasse l’horizon, ses nombreuses ouvertures et perchoirs permettent les allées et venues de ses occupants. A l’intérieur, de nombreux paniers, notre pigeon se laisse choir dans l’un d’entre eux. Confortablement installé dans la paille tiède, il replie ses plumes, et dans un soupir, ferme les yeux.

 Dans un fracas, la porte s’ouvre, inondant l’espace de lumière avant de se tarir. Un jeune homme ébouriffé du bout de ses vêtements jusqu’à la pointe de ses cheveux s’avance, la nuque raide, et le corps entier rentré dans ses poches. Ses yeux sont encore exorbités par l’émotion. Il faut dire que son emploi à la mairie l’épuise. Accusé par les adultes et certains camarades revenus du lycée pour les vacances d’irresponsable, de fainéant, de faible, d’incapable, de lâche, de menteur, de voyou, de voleur. Ne devrait-il pas être reconnaissant à la mairie de repêcher des individus qui ne font aucun effort pour s’intégrer ?

 Il rassemble les missives, et tombe sur une enveloppe rouge, celle réservée à la mairie pour des cas exceptionnels. Constatant qu’elle a déjà été ouverte, il déballe et lit son contenu, les sourcils froncés. Soudain, tout en lui se redresse, il pousse une série d’exclamations, ses bras et ses jambes sont emportés dans une série de sauts et de roues, oubliant la raison de sa venue, il froisse le papier en un projectile qu’il lance, rattrape puis déchire avant de courir hors de la volière encore transporté par ses émotions.

 Au soir, à la mairie, un représentant à la cocarde rouge lance trois notes graves et plaintives au cor. Les habitants rassemblés le regardent placarder l’annonce suivante :