Matière Solaire - "Diffractales"
L'exercice est simple : à partir du poème Matière Solaire de Eugenio de Andrade, je devais créer une ébauche de suites de phrases à travers un brainstorming de mots, puis un poème en proses avec recherche de thème dans l'ébauche, et enfin passer aux rimes et aux métriques.
Si vous me sentez pédant, je m'en excuse sincèrement ; je consacre peu de temps à ce genre de questions, et j'espère cependant que j'ai pas l'air trop con.
Bonne lecture.
Première tentative :
Je déjoue les caresses de la mort en écrivant ma sombre et monocorde monotonie
Je subis cette vie, un arbre qui soutient une voûte de givre,
Où les nuages ne parlent plus en chanson, mais grinçent,
Assis sous mon banc du temps qui passe, où tombent souvenirs ténus,
Sons évasifs et sans fin, témoins de ma faiblesse.
Au sein des ténèbres, entre mon étoile et mon ombre-lune,
Mon corps de verre retient le chaos, me transperçant de transparences.
Ma mélancolie dégouline, mes épaules englouties, trop frêles, trop fragiles.
Ma main tremble, et se casse en inombrables scintillances.
Recherche de thèmes :
Principaux
- "Ancienne mélancolie, attente et stase" (en déjouant la mort par l'écriture) -> arbre et racines reliés à la terre
- "Transpercer de transparences, une main se casse en inombrables scintillances" -> la fragilité dévoile un trésor, d'où la "voûte de givre", frontière entre le corps et l'esprit
- "Souvenirs ténus, sons évasifs et sans fin" -> absence de substance conduit à la renaissance ?
- "ténèbres" ; "scintillances" ; "étoile et mon ombre-lune" -> dualité/distinction entre ombre et lumière, pureté et couleur, stase et chaos
Secondaires
° fluidité du temps, remous qui emporte tout vers le néant, situé au-delà de cette dualité -> une sorte de clarté incolore et sincère ?
° équilibre vie et mort, un esprit ascendant et un corps en décomposition (fragmentation du "verre")
° le verre est une forme de nudité, qui révèle une identité sans surface, dénuée d'expression naturelle et arbitrairement difractaire
° Le corps est une "barrière" à l'esprit, au chaos, de par son aspect diffractaire qui piège la lumière, la sépare en couleurs fausses/menteuses
° L'esprit cherche un nouveau corps : un "soleil", mais qui ne sera finalement qu'une autre prison dorée.
Thème proposé :
CONTRASTE
En prose :
Les caresses de la mort effleurent mes effluves
Dans une monocorde et terne monotonie
Mes mots m'étranglent et m'enracinent dans un étau
Racines iridescentes s'enroulant à l'arbre voûté sous le givre gris
La vie me martèle, immortelle, insensible
Ma vie m'entoure dans les détours épurés de mon esprit
Elle me cache des nuages qui autrefois chantaient
Il ne reste que crissements, grinçements perturbateurs
Mon univers réduit à un simple miroir
Me montrant sur le banc qui flotte dans le néant
Une mer insondable, aux sons irréversibles, me tire
Vers mes faiblesses qui sont irréductibles
Coincé dans leurs ténèbres, mon étoile et ma lune
Projettent ombres distinctes, jumelles en apparence
Une belle illusion que diffracte le verre
De mon corps, sans surface et sans rêve
Percé de transparences, ma main tremble et se casse
En débris inombrables, milliers de scintillances
Me voilà dépouillé de ma frêle parure
Le vent emporte tout dans l'écume périodique
Pour ne laisser que le son mélodique, incolore et sincère
De cette étrange lueur, un soleil brûlant, haut et dévastateur
Ce corps de fer et d'or, qui est désormais mien
Et qui brûlera longtemps jusqu'au prochain matin
Jusqu'à que la lueur ne soit plus obstruée.
Mise en forme + rimes et métrique en alexandrins :
Sur le banc du temps qui passe, je m'enracinais
Sombre monotonie et pensées délétères
Les caresses de la mort, qui m'avaient cisaillé
Dorénavant mes mots m'ont figé dans la terre
Et ce désir ardent, je le porte à l'orage
Par cette voûte de givre, cristallisants nuages
Dont les chansons muettes transpercent mes transparences
Faisant trembler ma main en mille scintillances
Des fragments qu'il emporte, dilués à jamais
Souvenirs ténus et sons qui grincent et cassent
Témoins de ma faiblesse qui sans arrêt ressasse
Cette fameuse limite qu'on m'avait imposé
Je distingue mes reflets, des hôtes sans surface
Miroirs incandescents des ombres diffractâles
Un spectre tacheté, d'une teinte décadente
Englouti par le fleuve du banc du temps qui passe.
Versions en Haïkus :
1:
Le printemps s'enfuit
Je passe mon tour sur le banc
Je m'enracine
L'orage d'été gronde
Le givre se voûte en nuages
Et me fait trembler
Souvenirs ténus
Dilués dans l'océan
De mon propre hiver
Des reflets hideux
Qui brûlent en diffraction
Mon miroir m'amuse
2 (Version "drôle"):
La mort est toute près
Elle est froide comme la rivière
Douces sont ses caresses
Je chante à tue-tête
Mes voisins perdent tous l'esprit
Grand bien leur fasse
Mon esprit faiblit
Je me limite au sommeil
Puis mes os grincent
Le fleuve emporte tout
Mes mots, mon temps, mon argent
Regrette le dernier
Haïku au pif :
Mon ventre gargouille
Les pâtes seront bientôt prêtes
Préparons la sauce
La larme s'écrase
Une perle de pluie d'automne
Dans la césure céleste
La haine nous maudit
Occultant nos fléaux sordides
Notre descendance
Sur l'honneur des ancêtres
J'exige mon amère victoire
Contre le roseau
S'égare ma pensée
Jusqu'à la fin de mon souffle
Où chutent les pétales
Par-delà la montagne
Règnaient les bois les plus sombres
Aux feuilles les plus vertes
Une carpe gravit
Une cascade orientale
Et devient dragon
Les étoiles filent
Des joyaux qui tranchent des doigts
Poussières infinies
Cessons nos simagrées
Puisque l'aube approche bientôt
Vers nos yeux aveugles
Merci pour votre lecture patiente, et à la prochaine ! _o/
Annotations
Versions