Matière Solaire - "Diffractales"

4 minutes de lecture

L'exercice est simple : à partir du poème Matière Solaire de Eugenio de Andrade, je devais créer une ébauche de suites de phrases à travers un brainstorming de mots, puis un poème en proses avec recherche de thème dans l'ébauche, et enfin passer aux rimes et aux métriques.
Si vous me sentez pédant, je m'en excuse sincèrement ; je consacre peu de temps à ce genre de questions, et j'espère cependant que j'ai pas l'air trop con.

Bonne lecture.

Première tentative :

Je déjoue les caresses de la mort en écrivant ma sombre et monocorde monotonie

Je subis cette vie, un arbre qui soutient une voûte de givre,

Où les nuages ne parlent plus en chanson, mais grinçent,

Assis sous mon banc du temps qui passe, où tombent souvenirs ténus,

Sons évasifs et sans fin, témoins de ma faiblesse.

Au sein des ténèbres, entre mon étoile et mon ombre-lune,

Mon corps de verre retient le chaos, me transperçant de transparences.

Ma mélancolie dégouline, mes épaules englouties, trop frêles, trop fragiles.

Ma main tremble, et se casse en inombrables scintillances.

Recherche de thèmes :

Principaux

- "Ancienne mélancolie, attente et stase" (en déjouant la mort par l'écriture) -> arbre et racines reliés à la terre

- "Transpercer de transparences, une main se casse en inombrables scintillances" -> la fragilité dévoile un trésor, d'où la "voûte de givre", frontière entre le corps et l'esprit

- "Souvenirs ténus, sons évasifs et sans fin" -> absence de substance conduit à la renaissance ?

- "ténèbres" ; "scintillances" ; "étoile et mon ombre-lune" -> dualité/distinction entre ombre et lumière, pureté et couleur, stase et chaos

Secondaires

° fluidité du temps, remous qui emporte tout vers le néant, situé au-delà de cette dualité -> une sorte de clarté incolore et sincère ?

° équilibre vie et mort, un esprit ascendant et un corps en décomposition (fragmentation du "verre")

° le verre est une forme de nudité, qui révèle une identité sans surface, dénuée d'expression naturelle et arbitrairement difractaire

° Le corps est une "barrière" à l'esprit, au chaos, de par son aspect diffractaire qui piège la lumière, la sépare en couleurs fausses/menteuses

° L'esprit cherche un nouveau corps : un "soleil", mais qui ne sera finalement qu'une autre prison dorée.

Thème proposé :

CONTRASTE

En prose :

Les caresses de la mort effleurent mes effluves

Dans une monocorde et terne monotonie

Mes mots m'étranglent et m'enracinent dans un étau

Racines iridescentes s'enroulant à l'arbre voûté sous le givre gris

La vie me martèle, immortelle, insensible

Ma vie m'entoure dans les détours épurés de mon esprit

Elle me cache des nuages qui autrefois chantaient

Il ne reste que crissements, grinçements perturbateurs

Mon univers réduit à un simple miroir

Me montrant sur le banc qui flotte dans le néant

Une mer insondable, aux sons irréversibles, me tire

Vers mes faiblesses qui sont irréductibles

Coincé dans leurs ténèbres, mon étoile et ma lune

Projettent ombres distinctes, jumelles en apparence

Une belle illusion que diffracte le verre

De mon corps, sans surface et sans rêve

Percé de transparences, ma main tremble et se casse

En débris inombrables, milliers de scintillances

Me voilà dépouillé de ma frêle parure

Le vent emporte tout dans l'écume périodique

Pour ne laisser que le son mélodique, incolore et sincère

De cette étrange lueur, un soleil brûlant, haut et dévastateur

Ce corps de fer et d'or, qui est désormais mien

Et qui brûlera longtemps jusqu'au prochain matin

Jusqu'à que la lueur ne soit plus obstruée.

Mise en forme + rimes et métrique en alexandrins :

Sur le banc du temps qui passe, je m'enracinais

Sombre monotonie et pensées délétères

Les caresses de la mort, qui m'avaient cisaillé

Dorénavant mes mots m'ont figé dans la terre

Et ce désir ardent, je le porte à l'orage

Par cette voûte de givre, cristallisants nuages

Dont les chansons muettes transpercent mes transparences

Faisant trembler ma main en mille scintillances

Des fragments qu'il emporte, dilués à jamais

Souvenirs ténus et sons qui grincent et cassent

Témoins de ma faiblesse qui sans arrêt ressasse

Cette fameuse limite qu'on m'avait imposé

Je distingue mes reflets, des hôtes sans surface

Miroirs incandescents des ombres diffractâles

Un spectre tacheté, d'une teinte décadente

Englouti par le fleuve du banc du temps qui passe.

Versions en Haïkus :

1:

Le printemps s'enfuit

Je passe mon tour sur le banc

Je m'enracine

L'orage d'été gronde

Le givre se voûte en nuages

Et me fait trembler

Souvenirs ténus

Dilués dans l'océan

De mon propre hiver

Des reflets hideux

Qui brûlent en diffraction

Mon miroir m'amuse

2 (Version "drôle"):

La mort est toute près

Elle est froide comme la rivière

Douces sont ses caresses

Je chante à tue-tête

Mes voisins perdent tous l'esprit

Grand bien leur fasse

Mon esprit faiblit

Je me limite au sommeil

Puis mes os grincent

Le fleuve emporte tout

Mes mots, mon temps, mon argent

Regrette le dernier

Haïku au pif :

Mon ventre gargouille

Les pâtes seront bientôt prêtes

Préparons la sauce

La larme s'écrase

Une perle de pluie d'automne

Dans la césure céleste

La haine nous maudit

Occultant nos fléaux sordides

Notre descendance

Sur l'honneur des ancêtres

J'exige mon amère victoire

Contre le roseau

S'égare ma pensée

Jusqu'à la fin de mon souffle

Où chutent les pétales

Par-delà la montagne

Règnaient les bois les plus sombres

Aux feuilles les plus vertes

Une carpe gravit

Une cascade orientale

Et devient dragon

Les étoiles filent

Des joyaux qui tranchent des doigts

Poussières infinies

Cessons nos simagrées

Puisque l'aube approche bientôt

Vers nos yeux aveugles

Merci pour votre lecture patiente, et à la prochaine ! _o/

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