Chapitre 5 : Catalina - Promenade parisienne
Alessandro II
J'avais relâché l’étreinte. Catalina se mit à pianoter mon torse, à la recherche des moindres replis et confessa que mon sens tactile était délicat. Et moi, je plongeai dans son regard vert et vertigineux.
Chez elle, je trouvais tout irrésistible. La douceur de son visage, la puissance de son regard, la merveille de ses courbes, la délicatesse de son toucher. Tout cela contrastait avec ses désirs ardents qui sommeillaient en elle et qui se libéraient à qui savait déshabiller son âme. Si elle pouvait lire la mienne, elle aurait assurément un orgasme, tellement elle avait déclenché les alertes en moi et éveillé ma voluptueuse imagination.
Alors que nous profitions d’un réveil délicat, elle avait pris mes mains dont elle caressait les paumes. Elle voulait tout savoir d’elles, ce qu’elles étaient encore capables de faire à son corps quand elles n’étaient pas en train d’écrire. Ou dessiner. Ou cuisiner. J’avais allumé une autre cigarette, la dernière du paquet. On a beaucoup fait l’amour, intercalant bulles et volutes de fumée entre nos moments de plaisirs sans cesse renouvelés.
Plus tôt dans l’après-midi, Catalina m’avait suivi, presque instinctivement. Nous étions allés, sur un coup de tête, au hasard d’une balade citadine, faire le tour des petits marchés emprunts de cette ambiance parisienne. Nous rentrions dans les petites boutiques, presque anodines, à la recherche de petits trésors d’originalité.
Elle voulait ci, elle voulait ça. Elle voulait tout. Comme une petite fille émerveillée par ce qu’elle voyait. J’aimais ces endroits un peu démodés qui rappelaient le charme ancien. Mais ce qu’elle affectionnait plus particulièrement, c’étaient les grandes avenues et les boutiques de luxe. Elle me répétait qu’elle avait le droit de rêver en grand et pourquoi pas, se laisser aller à un caprice. Et nos ballades inattendues nous amenaient là où nos désirs nous entraînaient, mais jamais, au grand jamais, nous n’aurions pensé finir la journée et une grande partie de la nuit entre les bras l’un de l’autre.
Je m’étais efforcé de la conseiller au mieux afin qu’elle puisse trouver son bonheur. Elle aimait cette prévenance. Les séances d’essayage donnèrent lieu à des moments cocasses et complices, ponctués de fous rires. Parfois, je m’amusais à la désorienter en l’accompagnant dans la cabine ou en laissant ma main nonchalamment posée sur sa taille voluptueuse. Elle me jeta un regard trouble : un chaos de malice, d’espièglerie, d’effronterie, mais ses pensées n’en demeuraient pas moins mystérieuses à mes yeux.
Et la séduction commença véritablement lorsque je lui chuchotai à l’oreille. Quelques mots, c’est suffisant pour parasiter une conscience, éveiller des désirs et projeter des images torrides. J’ai toujours aimé le pouvoir des mots et à cet instant précis je lui avais envoyé une dose homéopathique qui érotisa son esprit.
Cependant le temps avait pris des allures de postérité de telle façon que, lorsque nous sortîmes du magasin, il n’était pas loin de dix-neuf heures. Après l’exaltation qui nous avait accompagné toute l’après-midi, nous empruntâmes une petite rue. Nous étions à la recherche d’un bar d’ambiance où nous pourrions prendre un verre.
Elle laissa s’échapper un rire et se mit à courir, telle une enfant, cherchant à s’extirper habilement de moi. Je la rattrapai puis la retins. Conquise par cette marque de virilité en proie à des désirs, elle n’opposa aucune résistance, quand sur sa bouche, j’y déposai un baiser.
Puis lorsque je défis, un par un, les boutons de son chemisier et glissai ma main sur ses seins palpitants. Je les caressai doucement, puis avec une avidité évidente, dans une sorte de pulsion incontrôlable.
—Viens, partons d’ici !
Oublié le bar à cocktails. Elle m’avait suivi, oubliant le danger. Tout s‘était accéléré ensuite, comme une bande film qui défile trop vite ! On s’engouffra dans l’hôtel dans lequel nous étions. Sitôt, dans l’ascenseur, je la collai contre la paroi, posant une main ferme entre ses cuisses, sur le tissu de la jupe, prêt à affirmer mes convictions de mâle prédateur.
Catalina II
Je m'étais libérée quelques instants de son emprise charnelle. Mais ma tête me dictait un autre tempo. Mes yeux le passaient au scanner. Et mes doigts commencèrent à vagabonder sur son corps expérimenté, tout en plongeant mon regard insistant à la recherche d'une approbation ou d'une satisfaction, que sais-je.
En fait, je me rendais compte que je le trouvais irrésistible. Car il avait ce talent rare de pouvoir mon âme à nu. Et moi, je ne voulais pas me retenir avec lui, car sa délicieuse imagination suscitait au plus haut point la mienne.
J'aimais beaucoup ses mains. Des mains de poète certes, mais des mains de virtuose. Elles avaient ce pouvoir de transmettre des sensations hautement érotiques, de créer la tourmente dans mon cœur et dans ma culotte.
Tandis qu’il allumait une autre cigarette, je repensais à cette nuit. J’avais été esclave de ses intentions. II m’a beaucoup fait l’amour. Entre deux, nous avions négocié des périples du lit jusqu’au frigo en échange de quelques faveurs sexuelles qui renouvelaient nos plaisirs.
J’étais nue dans son lit et il me voyait telle quel, sans artifices. Mon âme aussi était dépouillée de ses inhibitions tant j’avais eu des réticences à son égard. Dans ma tête, la voix de la raison s’était époumonée. Comment ai-je pu m’autoriser cette folie ? La curiosité ? L’excitation ? Son côté intrigant ? Son côté animal ?
Ses textes si bien écrits, subtilement sensuels, habilement flatteurs, avaient fini d’attiser ma curiosité. Car ils ne parlaient pas d’amour au sens pur, mais de désir, de plaisir et de sensualité. Toute en délicatesse diffuse. Et cette sensualité, il la transpirait par tous les pores de sa peau bronzée et par son regard brûlant quand ses pensées devenaient troubles.
Plus tôt dans l’après-midi, je l’avais suivi dans son escapade parisienne. Nous avions commencé par une terrasse de café pour une discussion somme toute banale. Je le sentais attiré par moi. C’était flatteur. Même si j’appréciais tout particulièrement sa compagnie, ma raison m’ordonnait de l'éconduire gentiment. Pourtant, plus il me parlait, plus il avait un côté fascinant, indescriptible. Et mes yeux plongeaient instinctivement vers ses lèvres en les imaginant sur les miennes et je rêvais de son regard sur mon corps. A cet instant, j’étais persuadée qu’il avait vu mes yeux divagants sur sa bouche.
Le café fini, nous avions déambulé dans les petites rues, chinant dans les vieilles boutiques. Moi, j’avais les yeux pleins d’étoiles devant les grandes boutiques. La promenade était agréable. Nous avions fait quelques magasins. Il avait, avec conviction, de forts bons goûts et m’avait gentiment conseillé. J’approuvais cette attention délicate.
Je me suis surprise à entrer dans son jeu. Nos fous rires perturbaient la clientèle et les essayages devenaient troublants. Quand il posa sa main sur ma taille, je lui jetai un regard. Maladroit, affolant… Chargé de désir.
Quand il s’approcha de moi pour me chuchoter "tu es si belle", je tournai la tête dans la direction opposée. Je me fondais et me rendis compte que ma raison était déjà vaincue. Et il le savait.
Cherchant un moment de répit, j’écourtai l’essayage, pris la tenue et allai payer. En sortant du magasin, la bouffée d’air frais me fit le plus grand bien. J’avais besoin d’une pause, d’un verre. Nous avions pris une petite rue à la recherche d’un petit bar à cocktails.
Pour je ne sais quelle raison, telle une enfant, je m'étais mise à rire puis et à courir comme pour lui échapper. Je ne savais pas pourquoi j’avais fait ça, mais il m’avait rattrapé et saisi dans ses bras. Il me regarda intensément et s’approcha pour m’embrasser. Je ne résistai pas à cet appel. Ses lèvres étaient douces. Il m’embrassait lentement, passionnément, faisant monter l’intensité. Il alternait des petites morsures à ma lèvre inférieure et des baisers aux commissures de ma bouche. Sa langue se baladait sous ma lèvre supérieure, mais ne s’engouffrait pas. Ce ballet créait une délicieuse sensation de picotement.
L’instant était divin et je répondis encore plus à ses baisers lorsque qu’enfin nos langues se mélangèrent. Je m’abandonnai littéralement sous sa redoutable technique. Ses attaques se faisaient encore plus précises. Il prenait possession de ma bouche de façon impérieuse et sexuelle. Quant à ses mains, elles glissèrent sous mon corsage pour caresser doucement puis furieusement mes seins.
Au bout de quelques minutes, il m’intima de le suivre… Et tout s’accéléra. Ma respiration aussi. On s’engouffra dans l’hôtel. Sitôt, dans l’ascenseur, il appuya sur le bouton, direction le dernier étage, puis bloqua l’ascenseur et me plaqua contre la paroi. Un silence de quelques secondes, durant lequel il scruta mes courbes. Puis un baiser appuyé, une étreinte qui se resserra, sa main caressant ma nuque... Mon Dieu que j'aimais cela ! Son autre main alla fouiller entre mes cuisses.
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