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La petite chieuse feint le sommeil chaque soir. Yaya n’est qu’une vieille femme qui sieste dès que le soleil se voile. Son visage labouré s’affaisse, se déride presque lorsqu’elle s’endort. La petite chieuse glisse les coussinets de ses petits doigts potelés dans les sillons délassés. Elle aime enquiquiner yaya dans ses rêves, se jouer d’elle comme le ferait une mouche exaspérante. Mais ce soir, la vieille femme ronfle profondément et ce jeu l’ennuie. Dehors, le vent chahute. Il souffle et siffle et les djinns grattent leurs griffes aux murs et au toit dur comme la pierre. Elle marmonne les comptines stupides que yaya lui a apprise. Ainsi, elle n’imagine pas des zoommes tapis dans le noir du salon. Cette nuit, la lune luit comme le jour. Des zombres terribles glissent contre les planches clouées aux fenêtres. Weltma dit que seuls les zanimaux craignent les zombres. Dehors, un, deux, trois, quatre, cinq, sept... neuf, huit bruits sourds patatraquent l’un après l’autre. Weltma n’a rien dit au sujet des bruits de zoommes… Elle camoufle sa petite trogne de monstre sous une jambe qui traîne par là. Weltma raconte qu’il ne faut pas avoir peur, car la peur tue les zesprits jusqu’à l’obligation totale. Elle ne comprend pas très-très bien pourquoi. Elle pense que ça serait bien pratique de tuer les zesprits à grands coups de peur. Dehors, ça chuchote entre le vent. Elle s’en fiche, elle a du courage à vendre. Si une bête s’apprête à attaquer, n’attends pas, frappe la première, répète weltma. Elle va lui montrer qu’elle n’est pas lâche comme un zoomme. Elle glisse sous les corps de la motte endormie, file à pas de chats dans la cuisine silencieuse et saisit un couteau grand comme un sabre. Elle traîne un seau de plastique vide devant la porte géante de l’entrée, l’escalade d’un saut et tourne le loquet de métal grinçant. Le battant miaule à voix basse lorsqu’elle le pousse doucement. Le chergui souffle sa plainte tiède et le sol chaud ne glace pas ses petites pattes nues. Ses yeux perçants s’ajustent facilement sous le phare de la lune. Ils fendent la nuit claire comme un matin nuageux. Elle se glisse sans bruit dans le patio.

Elle n’a pas le temps de crier lorsqu’une grosse patte sale débuche de sa cache pour lui gober le museau. Elle a tout le temps d’avoir peur par contre. Mais sa peur ne tue pas les zoommes embusqués dans le noir.

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