Chapitre 7 Déjeuner

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 Quand il reprend conscience, il est allongé sur le même lit où il s'est tout à l'heure effondré. Il sonde rapidement son corps : aucun bandage pour le maintenir immobile. Il est libre de tout mouvement. Il se redresse pour se retrouver en position assise. Les bougeoirs sont toujours là qui éclairent faiblement la chambre dans laquelle il se trouve. Aucune trace des huit inconnus qui l'entouraient. Les hauts tabourets ont aussi disparu.

 A sa gauche, à côté du lit, posé sur une table, un plateau de taille imposante. Sur ce plateau, des fruits, des biscuits, du pain, du fromage, du lait dans une cruche. Devant cette profusion de nourriture, Anselme n'hésite pas une seconde. Il se rue sur le plateau comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours. Apaise son estomac.

 Il observe alors attentivement la pièce dans laquelle il séjourne depuis il ne sait combien de temps. Sur sa droite, accrochée au mur, une fresque, qui semble avoir été peinte à la main. Une main d'un artiste hors pair. En dessous, quelques signes dans un alphabet qu'il ne reconnaît pas. La fresque est imposante. Elle doit bien prendre deux mètres de longueur pour deux mètres cinquante de hauteur. Des couleurs vives la composent. La scène représentée est pour le moins étrange. Sur le haut de la fresque, dans un écrin de verdure traversé par une rivière, un homme porte un enfant sur ses genoux. L'homme a le corps violet, celui de l'enfant est mauve clair. Ce dernier, qui doit avoir dans les quatre ans, a les bras levés, mains ouvertes vers le bas, et pose un regard attentif et comme soucieux vers tout le bas de la fresque. Le bas de la fresque : un univers immense de planètes et d'étoiles. Un univers en forme de tore. Une impression bizarre se dégage de ce tableau : celle que l'univers est comme gouverné par un enfant de quatre ans tenu dans les bras de son père. Il est très difficile pour Anselme de déterminer si l'enfant en question est un garçon ou une fille. Mais cela ne le préoccupe pas outre mesure.

 Un autre fait le retient. Aucune mythologie, à sa connaissance, ne place dans les mains d'un enfant la conduite de l'univers. A qui appartient donc cette croyance ? L'enfant est penché vers l'avant, exclusivement concentré sur tout l'univers qu'il semble en quelque sorte contrôler ou diriger ou bien observer simplement. Cet univers semble représenter la totalité de l'espace. Cependant, l'enfant semble appartenir à une autre dimension – supérieure ? – à partir de laquelle il créerait cet Univers. L'attitude du père a son importance aussi. Ses yeux regardent l'herbe à côté de lui, ce qui traduit qu'il laisse l'enfant libre de gérer ce qu'il veut comme il l'entend. Mais ses mains tiennent fermement l'enfant penché vers l'univers en forme de tore. Comme si le père craignait que l'enfant ne bascule dans l'univers qu'il dirige.

 Le tableau est magnifique, ses couleurs chatoyantes. Anselme ne se lasse pas de l'observer et d'essayer de comprendre ce qu'il représente. Ses couleurs lui font vaguement penser à des tableaux qu'il a pu apercevoir et qui illustrent les textes sacrés de l'Inde, comme la Bhagavad-Gita.

 Anselme s'était toujours demandé d'où venaient les croyances des hommes, d'où venaient les religions. Y avait-il réellement des dieux ou un Dieu pour s'adresser à de simples mortels et leur confier des secrets merveilleux ? Ou les croyances étaient-elles de pures élucubrations d'illuminés qui avaient pris au fil du temps la dimension de vérités collectives ? Anselme n'avait pas tranché, il savait qu'il était ce que l'on appelle un agnostique, à mi-chemin entre la croyance aveugle et la méfiance absolue. Il possédait de solides connaissances sur les différentes religions du monde. Il tenait à distance des histoires qui lui semblaient trop simplistes. Cependant, il ne pouvait concevoir que le monde existait sans la présence d'une puissance supérieure. Et la présence universelle de religions dans le monde était une preuve au moins de la nécessité pour l'homme à croire, sinon de la réalité de cette croyance elle-même.

 Il en était là de ces réflexions digestives quand il remarqua quelque chose sur le tableau. L'adulte portait autour de son cou un chapelet terminé par deux lunes qui s'entrecroisaient. Ce détail le ramena à la réalité. Cette double lune, il reconnaissait pour l'avoir vue autour du cou des huit personnes qui étaient assises sur les hauts tabourets qui entouraient son lit avant qu'il ne s'effondre.

 Il lui fallait savoir où il était et regagner au plus vite son chez lui. Il se leva et entreprit de s'approcher de la porte quand il s'aperçut de la présence d'une autre personne dans la chambre...

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