Chapitre 7 : Le Mystère des Corbeaux

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Emma se réveilla en sursaut, son cœur battant à tout rompre, comme si elle avait couru un marathon. Elle mit quelques secondes à comprendre où elle était : une cabane en bois, perdue au milieu de la forêt. Les murs étaient couverts de lierre, et la lumière du matin filtrait à travers les fines rideaux de mousseline, donnant à la pièce un aspect éthéré. Elle se tourna et vit Cernunnos assis près de la fenêtre, les yeux fermés, comme s’il méditait.

« Mauvais rêve ? » demanda-t-il sans ouvrir les yeux, devinant ses pensées.

« Un cauchemar, plutôt, » répondit Emma en s’asseyant sur le bord du lit. « Des corbeaux. Des milliers de corbeaux. Ils me pourchassaient à travers une forêt... Mais ce n’était pas une forêt normale. Tout était tordu, sombre. Les arbres semblaient vivants, et ils essayaient de m’attraper. »

Cernunnos ouvrit lentement les yeux, une lueur d’inquiétude traversant son regard. « Ce ne sont pas de simples rêves, Emma. Ce sont des visions. Le monde des rêves est souvent le lieu où les esprits des anciens essaient de communiquer avec nous. »

Emma frissonna. « Génial. Juste ce qu’il me fallait : un film d’horreur en direct. »

Cernunnos esquissa un faible sourire, mais il y avait une gravité dans son regard qui fit taire toute trace d’humour en elle. « Les corbeaux sont des messagers des dieux, mais aussi des présages de mauvais augure dans certaines cultures. Ce rêve pourrait être un avertissement. Nous devons être vigilants. »

Avant qu’Emma puisse répondre, un cri strident perça l’air, suivi par une série de battements d’ailes. Elle se précipita vers la fenêtre et vit un groupe de corbeaux noirs perchés sur une branche proche. Leurs yeux perçants semblaient la scruter, comme s’ils cherchaient à lire dans ses pensées.

« Ils sont là, » murmura Emma, un frisson glacé lui parcourant la colonne vertébrale.

Cernunnos se leva et s’approcha de la fenêtre. « Ils nous observent. Quelque chose est en mouvement, quelque chose de puissant. »

Le loup, qui avait dormi aux pieds du lit, se leva et s’approcha d’Emma, posant sa tête sur ses genoux. Elle lui caressa le dos, cherchant du réconfort dans la présence rassurante de l’animal.

« Nous devons partir, » déclara Cernunnos en se détournant de la fenêtre. « Les corbeaux ne sont pas de bons augures. Ils annoncent souvent l’arrivée de la mort ou d’une grande catastrophe. »

Emma hocha la tête, bien qu’elle ne comprît pas entièrement ce que cela signifiait. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle avait l’estomac noué et que l’idée de rester dans cette cabane lui semblait de plus en plus insupportable. Elle s’habilla rapidement, récupéra son arc et son carquois, puis suivit Cernunnos et le loup hors de la cabane.

La forêt semblait différente ce matin-là. Les arbres qui l’avaient accueillie la veille avec leurs feuillages apaisants semblaient maintenant plus sombres, plus menaçants. Leurs branches se tordaient dans des formes inquiétantes, comme si elles cherchaient à se refermer sur eux.

« Où allons-nous ? » demanda Emma, essayant de masquer son anxiété.

« Vers le nord, » répondit Cernunnos d’un ton qui n’invitait pas à la discussion. « Nous devons retrouver quelqu’un qui pourra nous aider à comprendre ce que ces corbeaux signifient vraiment. »

Ils marchèrent pendant ce qui sembla des heures, suivant un sentier à peine visible qui serpentait à travers la forêt. Les corbeaux les suivaient de près, volant de branche en branche, leur présence devenant de plus en plus oppressante. Emma avait l’impression qu’ils étaient pris au piège dans une toile géante, et chaque pas les rapprochait un peu plus de son centre.

Finalement, ils atteignirent une clairière au milieu de laquelle trônait un immense arbre. Ses branches s’étendaient haut dans le ciel, et son tronc massif était gravé de runes anciennes. Emma sentit immédiatement une énergie puissante émaner de cet endroit. C’était comme si l’arbre lui-même respirait, ses racines battant lentement au rythme d’un cœur gigantesque.

« Qui est-ce qu’on doit rencontrer ici ? » demanda Emma, ses yeux scrutant la clairière avec nervosité.

« Un ancien ami, » répondit Cernunnos en posant une main sur le tronc de l’arbre. « Il est aussi vieux que cette forêt, et il a une sagesse que peu d’entre nous peuvent égaler. »

« Un ami ? C’est qui, encore ? Un autre dieu ? » Emma espérait que ce n’était pas un autre personnage mythologique tordu. Elle commençait à en avoir assez des surprises.

Mais avant que Cernunnos puisse répondre, l’air autour d’eux changea. Une brume épaisse se leva soudainement du sol, enveloppant la clairière d’une obscurité glaciale. Emma sentit une présence, lourde et ancienne, s’approcher. Elle banda son arc par réflexe, ses yeux cherchant désespérément la source de ce malaise.

Puis, elle le vit.

Une silhouette émergea lentement de la brume, grandissant à mesure qu’elle s’approchait. C’était un homme, bien que le terme « homme » ne semblait pas tout à fait correct. Il mesurait au moins trois mètres de haut, avec des bras puissants recouverts d’une fourrure noire comme la nuit. Sa tête, pourtant, n’avait rien d’humain : c’était celle d’un corbeau géant, avec un bec tranchant et des yeux rouges brillants, semblables à ceux qui hantaient les rêves d’Emma.

« Ah, Cernunnos, » croassa la créature d’une voix rauque. « Cela fait bien longtemps. »

Cernunnos s’inclina légèrement. « Morrigan, cela faisait en effet longtemps. Je suis venu chercher des réponses. »

Morrigan. Emma se souvenait de ce nom, vaguement, des cours d’histoire. Morrigan, la déesse celtique de la guerre, de la mort et du destin. Une figure redoutée, souvent associée à la bataille et à la destruction. Pas exactement le genre d’ami à qui on demandait de l’aide en cas de problème.

Morrigan se tourna vers Emma, et elle sentit son regard pénétrant la percer jusqu’au plus profond de son être. Elle avait l’impression que la créature lisait chaque pensée, chaque peur, chaque doute qu’elle essayait de cacher.

« Et qui est cette jeune mortelle ? » demanda Morrigan, son bec s’ouvrant dans un sourire qui fit frissonner Emma. « Elle a une odeur de peur, mais aussi de détermination. Intéressant. »

« Elle est mon émissaire, » répondit Cernunnos, se plaçant légèrement devant Emma comme pour la protéger. « Elle a accepté de m’aider à restaurer l’équilibre entre l’Homme et la nature. »

Morrigan pencha la tête, son regard se faisant plus intense. « Une tâche difficile pour une simple mortelle. Mais il y a quelque chose en elle… quelque chose qui pourrait être utile. »

Emma déglutit, se sentant soudain très petite sous le regard perçant de la déesse. Elle ne savait pas si c’était un compliment ou une menace. Peut-être les deux.

« Morrigan, » reprit Cernunnos, ramenant la conversation sur son objectif. « Nous avons besoin de comprendre le sens des corbeaux dans les visions d’Emma. Ils la pourchassent dans ses rêves, et ils ont commencé à apparaître dans le monde réel. Que signifient-ils ? »

La déesse émit un croassement qui ressemblait à un rire. « Les corbeaux sont les gardiens des âmes perdues, les hérauts de la mort et de la destruction. Mais ils ne sont pas seulement cela. Ils sont aussi des messagers, porteurs de prophéties et de visions. Les corbeaux qui suivent votre émissaire ne sont pas là par hasard. Ils annoncent l’arrivée d’un grand bouleversement. »

Emma sentit son estomac se nouer encore plus. Un grand bouleversement ? Cela ne pouvait signifier qu’une chose : des ennuis.

« Que devons-nous faire ? » demanda Cernunnos, son ton devenant plus pressant. « Comment pouvons-nous empêcher cette catastrophe ? »

Morrigan fixa Cernunnos avec une expression indéchiffrable. « Il y a une force à l’œuvre, une ancienne magie qui a été réveillée par vos actions. Les corbeaux indiquent que cette force est maintenant en mouvement, cherchant à renverser l’équilibre que vous essayez de restaurer. »

Emma sentit son cœur se serrer. Tout cela à cause de ce qu’ils avaient fait ? Avaient-ils involontairement déclenché une force encore plus dangereuse que celle qu’ils tentaient de combattre ?

Morrigan continua, son ton aussi tranchant que le vent hivernal. « Vous avez réveillé des puissances qui dormaient depuis des siècles, et maintenant, elles réclament leur dû. Les corbeaux sont les premiers signes de leur réveil. Ils vous surveillent, vous testent, et quand le moment sera venu, ils frapperont. »

Emma déglutit. « Et que sont ces puissances ? » demanda-t-elle, espérant ne pas regretter sa question.

Morrigan tourna lentement la tête vers elle, ses yeux d’un rouge vif scintillant dans l’ombre. « Des esprits anciens, des dieux oubliés, des créatures de la terre et du ciel que les hommes ont oublié en poursuivant leur propre destruction. Certains de ces êtres veulent reprendre ce qui leur appartient, d'autres cherchent seulement à semer le chaos. Vous n’avez pas seulement réveillé l’un d’entre eux, mais plusieurs. »

Cernunnos serra les poings. « Il doit y avoir un moyen de les arrêter. De les apaiser. »

Morrigan émit un autre croassement semblable à un rire, mais cette fois, il était empreint de tristesse. « Peut-être. Mais cela ne sera pas facile. Vous devrez les affronter, les convaincre, ou les combattre. Et vous devrez faire vite, car le temps est contre vous. »

Emma se sentait complètement dépassée. Elle n’était qu’une adolescente, plongée dans une mission impossible où elle devait non seulement sauver le monde, mais aussi affronter des forces qu’elle ne comprenait même pas. Mais elle n’avait pas le choix. Si elle abandonnait maintenant, tout ce qu’elle aimait – sa famille, ses amis, sa ville – serait en danger.

« Qu’est-ce qu’on doit faire maintenant ? » demanda-t-elle, espérant que Morrigan leur donnerait au moins une piste.

La déesse se tourna vers l’arbre immense au centre de la clairière. « Cet arbre est un portail vers un autre royaume, un endroit où réside l’un de ces esprits anciens. Il se nomme Balor, un géant borgne dont l’œil unique peut anéantir tout sur son passage. Il règne sur les terres désolées où même la lumière du soleil n’ose pénétrer. Si vous parvenez à le rencontrer et à le convaincre de se retirer, vous pourriez éviter une partie du chaos qui s’annonce. »

Emma sentit un poids s’ajouter sur ses épaules. « Et si on échoue ? »

Morrigan la regarda, le silence pesant la réponse la plus claire. « Alors vous aurez à affronter les conséquences. Mais sachez ceci, jeune mortelle : parfois, ce ne sont pas les armes ou les pouvoirs qui triomphent, mais la volonté et la ruse. »

Cernunnos posa une main rassurante sur l’épaule d’Emma. « Nous allons le faire. Nous devons le faire. »

Emma hocha la tête, déterminée malgré la peur qui l’envahissait. « Très bien. Comment on passe par ce portail ? »

Morrigan étendit ses ailes majestueuses, le bruit de leurs battements emplissant l’air comme un tonnerre lointain. « Approchez-vous de l’arbre. Placez vos mains sur son tronc et concentrez-vous sur le royaume de Balor. Le portail s’ouvrira pour vous. »

Emma, suivie de près par Cernunnos et le loup, s’avança vers l’arbre. Le bois du tronc était froid sous ses doigts, malgré l’apparence vivante de l’arbre. Elle ferma les yeux, essayant de se concentrer sur l’image d’un autre monde, un monde aussi sombre que ce que Morrigan avait décrit.

Elle sentit alors une énergie la traverser, un courant électrique qui la fit presque reculer. Le tronc de l’arbre vibra sous ses mains, et une lumière verte émeraude commença à émaner des runes gravées dans le bois. La lumière s’intensifia, formant une ouverture circulaire qui flottait à quelques centimètres au-dessus du sol.

Emma rouvrit les yeux et recula d’un pas. Le portail était là, un trou noir bordé de lumière verte qui semblait aspirer la chaleur et la lumière autour de lui. Elle échangea un regard avec Cernunnos, qui hocha la tête.

« Nous n’avons pas le choix, » dit-il doucement. « Allons-y. »

Emma prit une grande inspiration et s’avança, sa main serrant son arc comme si c’était la seule chose qui la maintenait ancrée à la réalité. Le loup marcha à ses côtés, ses yeux brillants d’une lueur d’intelligence presque humaine. Cernunnos ferma la marche, s’assurant que Morrigan ne les suivait pas.

Ils franchirent le seuil du portail, et Emma sentit immédiatement une différence. Le monde de l’autre côté était froid, glacial même, comme s’ils avaient pénétré dans une caverne immense où la lumière du jour ne parvenait jamais. Le sol sous ses pieds était dur, presque métallique, et l’air était épais, chargé d’un parfum de soufre et de cendres.

Le portail se referma derrière eux avec un bruit sourd, les laissant plongés dans une obscurité presque totale. Seules les pierres émeraude incrustées dans les murs luisaient d’une faible lumière, révélant à peine les contours du chemin sinueux qui s’étendait devant eux.

« On est où ? » demanda Emma, ses mots se répercutant en écho le long des parois rocheuses.

Cernunnos observa leur environnement avec une gravité nouvelle. « Nous sommes dans le domaine de Balor, le Géant de l’Œil Mortel. Il doit être proche, nous devons rester sur nos gardes. »

Ils avancèrent lentement, chaque pas résonnant dans le silence lugubre du tunnel. Le loup marchait en tête, son museau près du sol, reniflant l’air comme s’il traquait une proie invisible. Emma, quant à elle, gardait son arc bandé, prête à tirer au moindre signe de danger.

Après ce qui lui sembla une éternité, ils atteignirent une large caverne, au centre de laquelle se trouvait un immense trône taillé dans la pierre. Assis dessus, à moitié endormi, se trouvait une créature gigantesque, à la peau grise et aux muscles saillants. Son unique œil, grand comme un bouclier, était fermé, mais même ainsi, il semblait capable de les percevoir.

« C’est lui ? » murmura Emma.

« Oui, » répondit Cernunnos, sa voix aussi basse qu’un souffle. « C’est Balor. »

Ils avancèrent prudemment, mais à peine eurent-ils franchi la moitié de la distance qui les séparait du trône que l’œil de Balor s’ouvrit brusquement. Un rayon de lumière dorée balaya la caverne, les frappant de plein fouet. Emma sentit une chaleur intense l’envahir, comme si elle était sur le point de fondre sous la puissance du regard du géant.

« QUI OSE PÉNÉTRER DANS MON DOMAINE ? » tonna Balor, sa voix faisant trembler les murs de la caverne.

Emma eut l’impression que sa peau brûlait sous le regard de Balor. Elle tomba à genoux, tentant désespérément de se protéger les yeux de la lumière aveuglante. Mais avant qu’elle ne puisse s’effondrer, Cernunnos se plaça devant elle, levant un bouclier d’énergie verte qui bloqua le rayon mortel.

« Balor, seigneur des terres désolées, » cria Cernunnos, sa voix résonnant comme un écho puissant. « Nous venons en paix. Nous cherchons à rétablir l’équilibre entre les mondes. »

Le géant grogna, mais le rayon doré s’atténua légèrement. « L’équilibre ? » gronda-t-il. « Vous osez parler d’équilibre alors que vous m’avez réveillé de mon sommeil éternel ? »

Emma se redressa péniblement, utilisant son arc comme une canne pour se remettre debout. « Nous ne voulons pas vous nuire, » dit-elle d’une voix tremblante mais résolue. « Nous voulons juste vous demander de ne pas déchaîner votre colère sur notre monde. »

Balor plissa son œil, une expression de méfiance traversant son visage. « Pourquoi devrais-je vous écouter, mortelle ? Vous n’êtes qu’un insectemes yeux. Un insecte qui n’a aucun pouvoir sur moi. »

Emma déglutit, sentant toute la force de la présence de Balor. Il n'était pas seulement un géant, il était une force de la nature, une incarnation vivante de la destruction. Mais elle savait qu’elle devait trouver un moyen de lui parler, de le convaincre.

« Je suis peut-être insignifiante pour vous, » commença-t-elle, sa voix plus stable qu’elle ne l’aurait cru. « Mais je porte en moi l’espoir de ceux qui n’ont pas de voix. Les forêts, les rivières, les animaux… Tous ceux qui souffrent à cause de la cupidité humaine. »

Cernunnos restait près d’elle, son regard fixé sur Balor, prêt à agir au moindre signe de violence. Le loup, quant à lui, grognait faiblement, comme s’il sentait la tension dans l’air.

« Vous avez été réveillé parce que l’équilibre a été rompu, » poursuivit Emma. « La Terre souffre, et c’est ce qui a provoqué votre réveil. Mais votre colère, aussi puissante soit-elle, ne réparera rien. Elle ne fera que détruire ce qu’il reste. »

Balor fronça les sourcils, son œil unique brillant d’une lueur dorée qui semblait vaciller. « La Terre est corrompue, détruite par les hommes. Pourquoi devrais-je m’en soucier ? Je suis la fin, la destruction incarnée. Tout ce qui existe finira par tomber sous mon regard. »

Emma hocha la tête, comprenant l’ampleur de la tâche qui l’attendait. « Oui, c’est vrai. Mais vous n’êtes pas seulement cela. Vous êtes aussi un gardien, une force de la nature qui existe pour maintenir l’équilibre. Si vous détruisez tout, il n’y aura plus rien à garder. Le monde n’a pas besoin d’être anéanti, il a besoin de guérison. »

Le silence qui suivit était lourd, oppressant. Balor semblait réfléchir, son œil doré scrutant Emma comme s’il cherchait à lire dans son âme. Cernunnos ne bougeait pas, laissant la jeune fille parler, sentant que ses mots portaient plus de poids qu’il ne pourrait jamais en avoir avec une démonstration de force.

Finalement, Balor émit un profond soupir, un son qui résonna dans toute la caverne comme un tonnerre lointain. « Ce que tu dis, mortelle, n’est pas dénué de sens. Mais pourquoi devrais-je t’écouter ? Pourquoi devrais-je croire que les hommes peuvent changer, alors qu’ils n’ont fait que semer la destruction depuis leur existence ? »

Emma sentit une vague de détermination la traverser. « Parce que certains d’entre nous sont prêts à se battre pour ce qui est juste. Parce que la nature, même dans sa douleur, veut vivre. Et parce que vous avez le pouvoir de donner une seconde chance à ce monde. »

Balor se pencha légèrement en avant, son œil fixant Emma avec une intensité presque insupportable. « Une seconde chance… » murmura-t-il. « Et si cette seconde chance était gaspillée, que devrais-je faire alors ? »

Emma soutint son regard, malgré la peur qui menaçait de l’écraser. « Si nous échouons, si nous détruisons encore cette seconde chance… alors vous pourrez revenir. Et personne ne pourra vous arrêter. Mais laissez-nous essayer. Laissez-nous prouver que nous pouvons changer. »

Le géant resta silencieux pendant un long moment, si bien que l’écho de ses dernières paroles s’estompa lentement dans les profondeurs de la caverne. Puis, lentement, Balor se redressa sur son trône, son œil unique se fermant partiellement comme s’il évaluait encore la proposition.

« Très bien, mortelle, » dit-il enfin, sa voix résonnant avec une gravité écrasante. « Je vous accorde cette seconde chance. Mais sachez ceci : si vous échouez, si vous continuez sur cette voie de destruction… je reviendrai, et cette fois, je n’aurai aucune pitié. »

Emma expira un souffle qu’elle ne savait pas qu’elle retenait. « Merci, Balor. Nous ferons de notre mieux. »

Balor inclina légèrement la tête, un geste qui, dans toute autre circonstance, aurait pu être interprété comme un signe de respect. « Partez maintenant, avant que je ne change d’avis. »

Sans se faire prier, Emma fit un signe à Cernunnos et au loup. Ensemble, ils reculèrent lentement vers l’entrée de la caverne, ne quittant pas des yeux le géant qui les regardait partir. Quand ils atteignirent le tunnel, Balor leva une main massive, et le portail se reforma derrière eux dans une lumière verte éblouissante.

Emma eut à peine le temps de comprendre ce qui se passait que la lumière les enveloppa tous, les aspirant à travers le temps et l’espace. Quand la lumière s’estompa, ils se retrouvèrent à nouveau dans la clairière, devant l’arbre immense.

Le silence de la forêt les accueillit, seulement interrompu par le bruissement léger des feuilles et le chant lointain des oiseaux. Emma se tourna vers Cernunnos, qui la regardait avec un mélange de fierté et de soulagement.

« Tu as fait ce qu’il fallait, Emma, » dit-il doucement. « Balor a été apaisé, pour l’instant. Mais la menace n’a pas disparu. Il est maintenant de notre devoir de nous assurer que cette seconde chance ne soit pas gâchée. »

Emma hocha la tête, épuisée mais déterminée. « Je sais. Et je suis prête. »

Le loup s’approcha d’elle, posant sa tête contre sa jambe comme pour lui offrir du réconfort. Emma sourit faiblement et le gratta derrière les oreilles.

« On y arrivera, » murmura-t-elle. « On doit y arriver. »

Cernunnos leva les yeux vers le ciel, où les corbeaux avaient disparu, laissant place à un ciel bleu éclatant. « Oui, » dit-il. « Mais le chemin sera long, et semé d’embûches. »

Emma prit une profonde inspiration. « Alors, commençons. »

Et avec ces mots, ils se remirent en marche, le cœur lourd mais résolu, prêts à affronter les épreuves qui les attendaient encore. Le monde avait peut-être une seconde chance, mais il fallait maintenant la saisir, avec tout le courage et la volonté dont ils étaient capables.

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