Chapitre 14 : Le Réveil des Alliés
Emma s’avança lentement dans les couloirs sombres de son école. Chaque pas résonnait dans le silence, créant une atmosphère oppressante qui aurait fait frissonner n’importe qui. Mais Emma ne se laissait pas intimider. Elle serrait fermement la flûte de pan en bronze céleste, se rappelant les encouragements de Cernunnos et Taranis. Ces dieux anciens avaient placé leur confiance en elle, une simple lycéenne, pour repousser les ténèbres qui s’étaient insinuées dans son monde.
Le silence était étrange. L’école, d’ordinaire bruyante avec ses rires, ses discussions et le claquement des casiers, était maintenant plongée dans une obscurité lourde et menaçante. Les ombres s’étiraient sur les murs, et parfois, Emma avait l’impression de voir des silhouettes furtives disparaître dans les coins, comme des vestiges des âmes de ses camarades, piégés dans une dimension d'ombre.
Taranis et Cernunnos étaient à l'extérieur, tissant une barrière protectrice autour de l’école pour empêcher l’Ombre Primordiale de s’échapper ou d’appeler des renforts. Emma savait qu'elle devait agir vite, avant que l'Ombre ne découvre leur présence et ne réagisse.
Soudain, un murmure glacé se fit entendre, faisant écho dans le hall désert. Emma s’arrêta net, son cœur battant la chamade. Elle reconnut la voix de l’Ombre Primordiale, ce murmure perfide qui l’avait hantée la veille dans sa chambre.
« Emma… » susurrait la voix, se répercutant sur les murs. « Tu n’es pas à ta place ici. Retourne chez toi, avant qu’il ne soit trop tard… »
Emma serra les dents, déterminée à ne pas céder à la peur. « Je ne te crains pas, » répliqua-t-elle, sa voix plus ferme qu’elle ne s’y attendait. « Je suis venue pour libérer mes amis. »
Un ricanement froid se fit entendre, résonnant dans tout le bâtiment. « Libérer ? Pauvre enfant… Ils ne veulent pas être libérés. Ils sont heureux comme ils sont. »
Des silhouettes commencèrent à se former autour d’elle, apparaissant des ombres comme des spectres. C’était ses camarades, leurs visages figés dans une expression vide et dénuée de toute émotion. Leurs yeux, autrefois remplis de vie, étaient maintenant des puits d’obscurité.
Emma sentit une vague de désespoir l’envahir, mais elle se reprit. Elle ne pouvait pas laisser l’Ombre gagner. Pas maintenant.
Elle leva la flûte de pan à ses lèvres et souffla doucement, produisant les premières notes de la mélodie que Cernunnos lui avait enseignée. Les notes s’élevèrent, claires et pures, résonnant dans l’air comme une lueur d’espoir. Les spectres reculèrent légèrement, comme si la musique les repoussait, mais ils ne disparaissaient pas.
« Continue de jouer, » murmura une voix douce dans son esprit. C’était Cernunnos, qui veillait sur elle depuis l’extérieur. « La mélodie est la clé. »
Emma ferma les yeux et se concentra, laissant la musique couler à travers elle. Elle joua avec plus d’assurance, chaque note frappant les ombres comme un rayon de soleil perçant les ténèbres. Les silhouettes de ses amis commencèrent à se dissiper, leurs formes floues se fondant dans l’air comme des volutes de fumée.
Mais l’Ombre Primordiale ne comptait pas se laisser vaincre si facilement. Les ombres autour d’Emma s’épaissirent, se regroupant pour former une entité plus imposante, une silhouette gigantesque qui se matérialisa devant elle, ses yeux rouges flamboyants de colère.
« Tu ne gagneras pas, petite fille, » gronda l’Ombre, sa voix résonnant comme un tonnerre. « Tu crois pouvoir détruire ce que les hommes ont créé ? Leur propre noirceur m’a donné naissance, et je suis devenu plus puissant que jamais. »
Emma, les doigts crispés sur la flûte, sentit la peur tenter de l’envahir. Mais elle se rappela pourquoi elle faisait tout cela. Pour ses amis, pour sa famille, pour la Terre elle-même. Elle ne pouvait pas échouer.
Elle reprit la mélodie, jouant avec plus de force, chaque note imprégnée de sa détermination. La musique sembla gagner en intensité, résonnant avec une puissance nouvelle. L’Ombre géante vacilla, ses contours se brouillant sous l’impact des notes, comme si la lumière de la mélodie rongeait sa substance.
« Non ! » hurla l’Ombre, sa voix se brisant sous l’assaut. « Tu ne peux pas… »
Mais Emma ne ralentit pas. Elle joua encore et encore, jusqu’à ce que la silhouette de l’Ombre commence à se dissiper, se décomposant en lambeaux d’obscurité qui se dispersaient dans l’air, impuissants face à la pureté de la musique.
Finalement, avec une dernière note claire et cristalline, l’Ombre Primordiale explosa en une nuée de particules sombres, qui s’évaporèrent dans le néant, ne laissant derrière elle qu’un silence profond.
Emma resta immobile, haletante, la flûte de pan toujours à la main. Elle regarda autour d’elle, le cœur battant encore à toute allure. Les ombres avaient disparu, et l’école semblait revenir à la normale, comme si l’Ombre n’avait jamais été là. Mais elle savait que ce n’était qu’une apparence. Les dégâts psychologiques de cette bataille seraient longs à guérir.
Soudain, un bruit de pas précipités résonna dans le couloir. Emma se retourna et vit ses amis, cette fois en chair et en os, courir vers elle, leurs visages redevenus humains, exprimant l’inquiétude et l’incompréhension.
« Emma ! » s’exclama Rachel, l'une de ses meilleures amies, qui arriva la première à ses côtés. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? On… on était où ? »
Emma sourit, soulagée de les voir sains et saufs. « Longue histoire, » dit-elle, épuisée mais heureuse. « Mais l’important, c’est que vous allez bien maintenant. »
Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, une lumière douce envahit le hall. Cernunnos et Taranis apparurent devant eux, leurs formes divines baignant l’école d’une aura rassurante. Les autres élèves, bien qu’étonnés, ne semblaient pas effrayés par leur présence. Peut-être qu’une part d’eux reconnaissait instinctivement ces figures protectrices.
Cernunnos s’approcha d’Emma, son regard empli de fierté. « Tu as fait ce qui devait être fait, » dit-il doucement. « Grâce à toi, l’Ombre Primordiale a été repoussée, et tes amis sont libres. »
Taranis hocha la tête, un rare sourire éclairant son visage grave. « Ce n’était pas une tâche facile. Mais tu as prouvé ta force, Emma. Nous sommes fiers de toi. »
Emma se sentit rougir légèrement sous leurs compliments, mais avant qu’elle ne puisse répondre, l’école commença à changer. Les murs se redressèrent, les fenêtres brisées se réparèrent d’elles-mêmes, et la lumière du jour commença à pénétrer à travers les vitres, chassant les dernières traces de l’obscurité.
« C’est terminé ? » demanda Emma, incertaine.
« Pour l’instant, » répondit Cernunnos. « Mais sache que l’Ombre Primordiale reviendra. Elle est une manifestation de la noirceur qui sommeille dans le cœur des hommes. Tant qu’il y aura des ténèbres en eux, elle trouvera un moyen de ressurgir. »
Emma acquiesça, consciente du poids de ces paroles. « Alors je serai prête. Nous serons tous prêts. »
Cernunnos inclina la tête, comme pour saluer cette détermination. « Oui, nous le serons. Mais pour l’instant, tu mérites du repos. »
Avec ces mots, les dieux se retirèrent, leurs formes se dissipant lentement dans l’air. Emma resta un moment silencieuse, regardant l’endroit où ils avaient disparu, avant de se tourner vers ses amis, qui la fixaient toujours avec des expressions de confusion mêlée d’admiration.
« Je suppose que vous avez des questions, » dit-elle avec un petit sourire.
Rachel hocha vigoureusement la tête. « Tu parles ! Mais on va où d'abord ? »
« Chez moi, » répondit Emma. « J’ai du chocolat chaud à la maison. »
Et c’est ainsi qu’ils quittèrent l’école, Emma menant la marche avec une confiance retrouvée. Elle savait que ce n’était que le début de son voyage, mais elle n’avait plus peur. Désormais, elle était prête à affronter n’importe quoi, car elle avait appris que, quoi qu’il arrive, elle ne serait jamais vraiment seule.
La journée s'acheva dans la douceur d'unesoirée d'automne, alors que le groupe d'amis se retrouvait autour d'une table, des tasses de chocolat chaud fumant entre leurs mains. La maison d'Emma, habituellement paisible, résonnait maintenant de leurs rires et de leurs conversations, remplie d'une chaleur qui dissipait les souvenirs sombres de la journée.
Rachel, assise en face d’Emma, n’avait pas perdu une seconde pour commencer à poser des questions. « D’accord, Emma. Explique-moi tout. Et ne me dis pas que c’est compliqué, parce que j’ai bien vu des trucs bizarres là-bas, et je sais que tu sais de quoi il s’agit. »
Les autres amis acquiescèrent, les regards pleins d'attentes fixés sur Emma. Elle soupira légèrement, sachant qu’il n’y avait plus moyen d’esquiver la vérité. Et peut-être que, maintenant, c’était le bon moment pour tout leur révéler.
« Vous vous souvenez quand j’ai commencé à parler de rêves étranges et d’une vieille légende sur les dieux celtiques ? » commença-t-elle, choisissant ses mots avec soin.
Rachel hocha la tête, l’air perplexe. « Oui, mais tu avais dit que c’était juste pour un projet scolaire… »
Emma sourit, un peu nerveusement. « C’est ce que je pensais aussi, au début. Mais en fait, il s’avère que ces rêves étaient plus réels que je ne l’avais imaginé. »
Les visages autour de la table étaient maintenant plongés dans une concentration totale. Emma continua, leur racontant l’histoire de Cernunnos, de Taranis, et de la mission qu’elle avait acceptée. Elle expliqua la menace de l’Ombre Primordiale, ce qu’ils avaient traversé à l’école, et comment les dieux l’avaient aidée à sauver ses camarades. Les détails coulaient plus facilement que ce à quoi elle s’attendait, comme si les paroles avaient attendu d’être libérées depuis longtemps.
Lorsque Emma termina son récit, un silence lourd s’installa. Ses amis semblaient absorbés dans leurs pensées, essayant d’assimiler ce qu’ils venaient d’entendre. Ce fut finalement Luke, l’ami d’enfance d’Emma, qui brisa le silence.
« Alors, tu es en train de me dire que nous avons combattu une entité surnaturelle créée par les ténèbres du cœur humain ? » demanda-t-il, la voix remplie de scepticisme.
Emma acquiesça. « Oui, en gros. »
Luke émit un petit rire incrédule. « C’est dingue. C’est tellement dingue que ça en devient presque logique, vu tout ce qu’on a vu. »
Rachel secoua la tête, le regard toujours plein d’incrédulité. « Et ces dieux, Cernunnos et Taranis… Ils sont réels ? Comme, vraiment réels ? »
« Oui, » répondit Emma avec assurance. « Je les ai rencontrés, je leur ai parlé. Ils ont leurs propres raisons de se battre pour ce monde, tout comme nous. »
Ses amis échangèrent des regards, encore sous le choc. Mais, étonnamment, ils ne semblaient pas effrayés. Peut-être que, comme Emma l’avait ressenti, ils avaient instinctivement compris que quelque chose de plus grand se jouait, et que, d’une manière ou d’une autre, ils en faisaient partie.
« Donc, » dit Luke en se levant brusquement, « ça veut dire qu’on a une équipe de super-héros maintenant ? Parce que je me vois bien avec un masque et un costume. »
Emma éclata de rire, brisant la tension qui pesait sur le groupe. « Je ne pense pas qu’on en soit là, Luke, mais c’est une idée amusante. »
Le reste de la soirée se passa à plaisanter et à discuter de ce qui venait de se produire. Emma était soulagée de voir que ses amis acceptaient la situation, même si une part d’eux restait perplexe. Ils étaient ensemble, et c’était tout ce qui importait.
Au fur et à mesure que la nuit avançait, les amis d'Emma commencèrent à partir un par un, chacun avec une promesse de rester en contact et de ne rien révéler à personne. Emma les accompagna jusqu’à la porte, échangeant des sourires complices avec chacun d’eux. Lorsque la dernière porte claqua, la maison fut plongée dans un calme rassurant.
Elle resta un moment immobile dans le vestibule, songeant à tout ce qui s’était passé. Le monde semblait être devenu plus vaste et plus complexe en un laps de temps très court. Mais elle se sentait prête. Prête à faire face aux défis qui l’attendaient, prête à continuer cette mission que le destin avait placée entre ses mains.
Alors qu’elle se dirigeait vers sa chambre, un léger courant d’air fit frémir les rideaux du salon. Emma s’arrêta, sentant quelque chose de différent dans l’atmosphère. Elle se retourna lentement, son regard balayant la pièce.
« Taranis ? Cernunnos ? » appela-t-elle doucement, se demandant si les dieux étaient encore là, veillant sur elle comme ils l’avaient fait tout au long de cette aventure.
Mais aucune réponse ne vint. Tout ce qu’elle entendit fut le doux murmure du vent à travers les arbres à l'extérieur. Emma haussa les épaules, se disant qu’ils avaient probablement des affaires plus importantes à régler maintenant que la menace immédiate était écartée.
Finalement, elle se laissa tomber sur son lit, épuisée. Son esprit s’embrouillait de pensées, mais le sommeil l’emporta rapidement, la plongeant dans un profond repos.
Cette nuit-là, elle ne fit pas de rêve. Pas de visions prophétiques, pas de dieux anciens lui parlant en énigmes. Juste une nuit paisible, comme si le monde lui-même lui accordait une pause bien méritée.
Le lendemain matin, Emma se réveilla avec une énergie nouvelle. Elle savait qu’elle avait encore beaucoup à apprendre et à comprendre. Mais elle avait aussi la certitude qu’elle n’était pas seule. Quoi qu’il arrive, Cernunnos, Taranis, et ses amis seraient là pour l’aider à traverser les épreuves à venir.
Elle se leva, prête à affronter une nouvelle journée, une nouvelle aventure. Le monde était encore rempli de mystères et de dangers, mais Emma savait qu’elle était prête. Parce qu’elle avait découvert la force en elle, une force qu’elle n’aurait jamais imaginé posséder.
Et tandis qu’elle se préparait pour la journée, la flûte de pan en bronze céleste brilla doucement sur sa table de chevet, un rappel silencieux de tout ce qu’elle avait accompli, et de tout ce qui restait encore à faire.
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