Chapitre VI - Ce que femme veut... (partie 1)
La musculature saillante de son dos faisait resplendir le dragon qui le recouvrait intégralement, et lorsque le propriétaire se mouvait, sa dimension laissait feinter la vie de l'immense pièce d'encre. Mes doigts la frôlèrent de leur extrémité.
– Tu aimes ?
Ne pivotant que la tête, l'apollon se joua de ma timidité.
– Il est magnifique, soufflais-je dans un élan d'admiration. Je pourrais presque craindre une morsure.
Des fossettes creusèrent ses joues.
– Ce n'est pas de lui qu'il faut avoir peur.
– Et de qui, donc ? De toi, peut-être ? lui retorquais-je en affichant une mine clairement moqueuse.
Dans le même laps de temps, Nicholas avait réduit la faible distance qui nous avait séparés. Ma main, toujours en l'air, était involontairement rentrée en contact avec son torse.
Gênée, mes lèvres se plissèrent et mes doigts se fermèrent sur eux-mêmes. Et, alors que mon corps s'apprêtait à fuir, celui-ci ne répondit pas, agrippé par Dark.
– Qu'est-ce que tu fais ?
– Pourquoi ? Tu as peur ?
Son souffle se mêla au mien.
– Non.
– Menteuse.
– Je ne mens jamais.
– Ce n'est pas ce que dit ton corps, Gabriela.
Sa main seule suffisait à recouvrir mes lombaires. De celle-ci se dégageait une chaleur intense et agréable. Diffuse.
– Tu irradies...
Je luttais de toutes mes forces. En vain. Mon corps réclamait son contact. Chaque pallier atteint rendait le suivant plus trépidant. Je désirais un homme pour la première fois. Mon corps entier exigeait Nicholas Dark. Comme si il avait entendu ma voix intérieure, l'in-téressé s'exécuta et me hissa du sol jusqu'à sa taille, là où s'enroulèrent mécaniquement mes jambes. Ma raison, elle, fût réduite au silence à l'instant où mes lèvres rencontrèrent celles de mon partenaire. Mais ça n'était pas suffisant. Peut-être ne le serait-ce jamais.
– Tu ne peux plus t'échapper, petit cygne.
J'attirais sa nuque pour l'intimer de reprendre sa danse langoureuse et mon dos heurta le mur avec une violence incalculée. L'objet de tous mes fantasmes ne s'en excusa pas. Pire, il s'en satisfit ouvertement.
Dans son élan de brutalité, ses mains, pleines possesseuses de ma croupe, la libérèrent du collant qui l'enveloppait en un craquement.
Sa mâchoire se perdit furtivement dans mon cou qu'il marqua dans sa chair. La douleur m'arracha un râle.
Ne répondant plus que de son corps, le demi-dieu nous embarqua sur la table à proximité. Avec une force moins brute que la fois précédente, il m'y allongea avec mon consentement le plus total. Je croisais son regard pour la première fois depuis d'interminables secondes. Le prédateur était en chasse. Sa fougue me fit me retrouver sur le ventre tandis que ses mains s'activaient à me ôter des couches de tissus inutiles. Toutes. J'en mordis mon poing quand ses dents mordillèrent ma chute de reins. Savourant l'instant, la frustration de ne pouvoir le toucher se fit avorter par la sienne, désireux d'observer le plaisir qu'il pourrait trouver sur mon visage.
Sa langue, reprenait du service sans grande attente, découvrant chaque parcelle de ma peau jusqu'à se perdre au sud. Dès lors, redressée sur mes coudes, je l'observais, à la fois hors de mes sens et craintive par l'unicité de l'acte. Nicholas embrassait l'intérieur de mes cuisses. Passant de l'une à l'autre pour retarder le moment, où sa langue, fatalement, s'abattrait entre une autre paire de lèvres que celles qu'il avait si longuement savourer.
Nous y arrivâmes pourtant dans un temps trop long et trop court à la fois. Prise d'un spasme incontrôlé, mon échine se cambra violemment. Mon bassin, lui, cogna Nicholas, acteur attentif de la torture qu'il m'infligeait. J'étais prisonnière de ses mains, qui comme l'auraient fait de véritables étaux, rendaient ma lutte impossible. A contrario, la tentative la plus insignifiante en intensifiait la prise, et offrait chaque fois un peu plus à mon tortionnaire, un angle de choix pour accomplir ses méfaits.
- Rêve bien de moi.
Désorientée, j'ouvris les yeux.
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