Chapitre 1 - Délit Désarmé

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 Été 1990. Quartier Voltaire. Dans la nuit, au fond d’une ruelle étroite et malodorante, deux ombres encagoulées, portant un sac de sport sur le dos escaladent le grillage, avant de se laisser tomber rapidement de l’autre côté et de se faufiler à la hâte au coin du bâtiment en parpaing. Une voiture de police s’arrête en trombe à l’autre bout de l’allée, et l’on entend descendre les passagers. Les lumières rouges et bleus illuminent la ruelle, et deux faisceaux blancs dansent sur les murs crasseux, visiblement à la recherche de quelque chose, ou de quelqu’un. L’un d’eux s’approche dangereusement de la cachette des deux hommes, toujours plaqué dos au mur dans la pénombre, reculant en silence à mesure que la lueur de la lampe s’avance dans leur direction. Les pas s’arrêtent au niveau de la clôture en ferraille, et le halo lumineux balaye la forêt avoisinante.

Soudain, un grésillement se fait entendre et une voix étouffée sort de la radio fixée à l’épaule du policier.

« - Shhhrr Centrale à patrouille 3. Shhrr Avez-vous repéré les fugitifs ? »

Le rayonnement blanchâtre opère alors un demi-tour, et un beuglement brise le silence pesant de la nuit :

« - Joe ! T’as trouvé quelqu’chose ?

- Non, rien. »

Un léger bip résonne, avant que l’homme n’annonce :

« - Patrouille 3 à Centrale. Négatif. Avons perdu la trace des suspects au croisement du boulevard du 8 mai et de la rue des invalides.

- Shhhr Continuez vos recherches, patrouille 3. Shhhrr ne doivent pas être bien loin shhrrr Vous envoyons du renfort.

- Bien reçu. Terminé. »

Les portes claquent et les clignotements bleues et rouges s’éloignent dans un crissement de pneus.

Bien tapis dans la pénombre, les deux ombres se décollent alors du mur de parpaing nu et s’avancent dans le sous-bois lentement. Une fois le vrombissement du moteur assez éloigné de leur position, l’un des deux sort une lampe de poche de son sac et illumine le chemin plongé dans l’obscurité la plus totale en cette nuit sans lune.

Ils trottinent en silence, quand brusquement, le second trébuche et termine sa course à plat ventre sur le sol humide. Le premier se retourne alors vivement pour éclairer la scène.

« - Putain qu’est-ce qu’tu fous bordel ! C’est pas le moment de jouer là !

- Fait chier, j’me suis pris les pieds dans quelque chose…

- Où ça ? J’vois rien moi… »

Le faible faisceau balaye les quelques mètres derrière eux, mais aucun obstacle n’est visible.

« - Bah ça alors… souffle le second en écarquillant les yeux. J’ai pourtant bien buté sur quelque chose, j’suis pas fou !

- T’as tricoté avec tes pieds, ouais…

- Mais nan, j’t’assure ! »

Une silhouette furtive et sombre s’abat subitement sur le poignet du premier homme, provoquant la chute de son éclairage de fortune qui s’écrase lamentablement sur le sol, éclatant au passage l’ampoule.

« - Aïe ! Putain, c’était quoi ça ?!

- Merde ! La lampe ! On n’y voit plus rien maintenant ! Comment on va faire ?

- Putain, y’a quelqu’un ! » S’inquiète le premier, en tendant l’oreille.

Aussi rapide que l’éclair, l’ombre furtive se faufile alors entre les deux hommes et les bouscule tous deux. S’ensuit une bagarre étrange, où les deux compères se battent à l’aveuglette dans la pénombre. Mais leur assaillant esquive chacun de leurs gestes mal assurés avec une agilité déconcertante, et finit par leur asséner une balayette qui les flanque tous deux, face contre terre.

Lorsque les policiers arrivent au coin de la rue après un signalement anonyme, ils y trouvent les deux hommes bâillonnés avec leur propre cagoule, ligotés ensemble et suspendus au réverbère, leurs sacs de sport ouverts et laissant apparaitre des liasses de billets à leurs pieds. Alors que les faisceaux de leurs lampes torches se promènent sur les deux corps saucissonnés qui se débattent tant bien que mal, la lueur s’arrête sur le torse des suspects, lacéré par une marque rouge étrange, en forme de triangle inversé dont les deux angles du haut dépassent légèrement, comme deux oreilles.

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