#50

2 minutes de lecture

 Un tonnerre d'applaudissement et de joyeux sifflets répondent aux « oui ». Je sens l'immense sourire qui étire mes lèvres. Cet instant-là, quand deux personnes affichent au monde l'intensité de leur amour, plongent dans les yeux l'un de l'autre, partagent des paroles magnifiques, et savent presque se mettre seuls au milieu des autres, c'est épatant. Je me sens si chanceux d'assister à cela.

 Un mouvement sur ma droite m'extirpe de cette belle vision. À l'opposé de ma rangée, Victoria me regarde. Elle a les larmes aux yeux et le sourire ému. Ça lui donne une beauté fragile, délicate. Elle est belle, putain, qu'est-ce qu'elle est belle. On reste à s'observer de loin. Il a l'air de se passer des choses devant, parce que ça siffle de plus belle et crie des « Ouuuuuh » de tous les côtés. Mais je ne peux pas m'échapper de l'emprise de ses yeux. Si elle avait été près de moi, je ne sais pas ce qui m'aurait retenu de l'embrasser.

 Allez, Oscar. Ça suffit maintenant.

  • Psssiiit... Oscar !
  • Hein ?

 On chuchote mon prénom quelque part. Je cherche de tous les côtés. Devant nous, Nina hausse les sourcils en faisant un signe de tête derrière moi. Je me retourne. Une gamine à couettes et robe à frous-frous me regarde, terrorisée.

 Ah. La nièce. Les alliances.

  • Oui, bien sûr, attends... Tiens, ma grande.

 Elle récupère la boite, mais ne bouge pas d'un pouce. Bah mince, alors. Je m'agenouille.

  • Ça va aller ?

 Elle fait non.

  • Tu as un peu peur ?

 Elle fait oui. Bon. Elle me regarde droit dans les yeux. Je me penche vers elle et lui chuchote, telle la plus précieuse des confidences :

  • C'est normal d'avoir peur, c'est un peu impressionnant. Tu sais ce que je fais quand j'ai peur, moi ? Je prends une grande respiration, et je parle à mon cœur pour lui dire qu'il est plus fort que la peur et qu'on va être des champions, lui et moi.

 Elle me dévisage étrangement. C'est le silence dans l'assemblée et je sens les yeux sur nous.

  • On respire ensemble ?

 Elle hoche la tête, et on inspire tous les deux.

  • Tu sens comme il est fort, ton coeur ?

 Elle opine.

  • Vous êtes forts ensemble, ton coeur et toi !

 Elle fronce les sourcils avec sérieux, se tourne vers les mariés et avance d'un pas timide vers eux. Nina l'accueille avec un immense sourire et de belles embrassades. Je sens les spectateurs se détendre et même, s'attendrir devant la scène. Puis, la gamine revient vers les chaises et... s'assoit près de moi.

  • Alors ? Ça a été ?
  • C'était trop facile, me dit-elle d'une voix fluette.
  • Super. T'es une championne.

 Je lui montre mon poing, et elle y cogne le sien avec satisfaction.

Annotations

Vous aimez lire Anaëlle N ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0