#52

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 Le traiteur me fait un rapide topo de la situation : tout se déroule parfaitement bien pour le cocktail. Nous avons deux heures trente devant nous pour en profiter, et y inclure les photos de groupes et autres animations. Ça va le faire.

  • Je veux un autre zus d'ananas, Oscar !
  • Bien sûr, attends...

 Le traiteur regarde avec amusement la gamine impatiente, et lui dégotte un pichet de jus de fruits. Il se baisse légèrement vers elle.

  • Tu as amené les alliances comme une pro, bravo ! (il se redresse) Elle est adorable, votre fille.
  • Euh, en fait, ce n'est pas ma fille.
  • Ah ?
  • Je ne connais même pas ses parents, à vrai dire.

 Il m'interroge du regard, et je lui adresse un sourire poli.

  • Ah bon. D'accord.
  • Bon, merci pour le timing, c'est noté.

 Je suis à deux doigts de passer pour un kidnappeur d'enfants, visiblement.

 Je m'éloigne et rejoints les convives. Luigi me fait un grand signe de la main, et alors, je réalise que ce sera le premier moment où j'ai le temps d'aller les saluer. Il est plus de midi.

  • Oscar, mec ! Hey ! T'es beau mon gars, ohlàlà !
  • Merci Luigi. Vous êtes tous très beaux aussi.
  • Vous êtes arrivés un poil tard ce matin, non ? Je pensais que Cisco viendrait faire le tour des invités avant que ne commence les hostilités.
  • Eh bien... on a eu quelques rebondissements.
  • Oscaaaaaar ! Je veux les trucs verts, là !

 La gamine essaie d'attraper un petit four à l'étrange physionomie. Je lui approche le plateau.

  • Attends, tu n'as pas d'allergies alimentaires, au moins ?
  • C'est quoi les dallergies ?
  • C'est... quand tu n'as pas le droit de manger certaines choses parce qu'elles te rendent malade.
  • Comme Papa avec l'alcool ?
  • Euh... Non, pas exactement, non.

 Luigi me pointe d'un air railleur.

  • Non mais y'a vraiment que toi pour demander à un bébé en couche s'il a des allergies alimentaires, hein. Tiens, gamine, prends-en un autre.
  • Trois !
  • Trois si tu veux !
  • Arrête de la gaver comme une oie ! Écoute, j'ai pas du tout envie de gérer un choc anaphylactique là, donc oui, je fais un peu gaffe, oui.

 Elle engloutit les toasts sans demander son reste. Bon.

  • Y'avait « garde d'enfant » dans tes tâches de témoin ?
  • Garde d'enfant, mécano, prof de sophrologie... j'ai un CV de trois pages aujourd'hui.
  • Mécano ? Qu'est-ce que...
  • Monsieur Oscar Vázquez ?

 Une voix autoritaire venue de nulle part nous interrompt.

  • Oui ?

 La proprio du gîte me tend une feuille pliée en quatre.

  • Tenez. Nous avons reçu un coup de téléphone nous intimant d'imprimer ceci de toute urgence et de le remettre au, je cite, « beau gosse célibataire avec un cul d'enfer ». C'est vous ?
  • Je... euh... hein ?

 Il n'y a qu'une personne capable de me décrire ainsi... Je déplie le papier. Mon discours a été recopié, en jolie police d'écriture parfaitement lisible, sur une feuille A4 agrémentée d'un décor de ballons en forme de cœur.

  • Alix, bordel. Je t'aime.
  • "Alix je t'aime" ? T'es pas censé avoir cessé de prononcer cette phrase depuis des années ?
  • Des fois, je continue de le penser, Luigi.

 Je remercie chaleureusement la propriétaire d'avoir fait l'effort de répondre à la demande d'Alix, et range le papier dans ma poche intérieure. Allez, allez : tout va bien.

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