#5

2 minutes de lecture
  • Ah ! J'aime bien ce que ça donne !, dit-elle avec satisfaction après relecture. Non ?
  • Euh, si si. Je ne pensais pas qu'on réussirait à faire ça mais... c'est pas mal !

 Ce n'était pas du tout l'affaire de dix phrases. On a un texte qui remplit quatre pages. J'ai pâli à la vue des lignes qu'elle avait déjà rédigé mais, je ne sais pas pourquoi, pris dans le fil de sa pensée à elle, je me suis laissé entraîné à approuver, corriger et... continuer.

  • Ohlàlà, mais j'ai pas du tout vu le temps passer... Il est vingt-et-une heure trente !
  • Ah oui ?

 Je dois bien avouer que moi non plus. Au fur et à mesure de nos échanges, j'ai vu Victoria se détendre un peu et se laisser aller à rire et à plaisanter. Moi aussi, j'ai su laisser filer mon appréhension et me prendre au jeu de son histoire de saynète farfelue.

  • Tu avais quelque chose de prévu ce soir, je crois ?
  • Oui, c'est vrai oui.
  • Ah. Je t'aurai proposé de rester manger mais, on doit t'attendre quelque part.
  • Oh, non, je ne suis pas attendu à ce point.

 Elle m'adresse un petit sourire pincé.

  • Ton téléphone a sonné plusieurs fois depuis une demi-heure.
  • Ah. C'est pas grave, ça.

 C'est vrai. Je suppose que les gars s'impatientent de me voir. Ça n'empêche pas que je n'ai aucun scrupule à les faire attendre. On a jusqu'au petit matin pour fêter Pâques, après tout.

  • Du coup, tu vas y aller ?
  • Oui ! Oui. Hum.

 Je me lève et m'approche de la porte, elle dans mes talons. Elle m'ouvre et je franchis le palier. J'hésite sur la façon de la saluer. C'est sans doute trop tôt pour une bise, hein ? Bon sang, qu'est-ce que je suis nul pour ces machins-là.

  • Bon, eh bien, merci de m'avoir accueilli.
  • Ouai, on a fait du bon boulot je crois !
  • Oui.
  • Et merci d'accepter... ma proposition.

 Elle penche sa tête sur le côté droit. Ça lui donne un air mutin tout à fait charmant.

  • Oui, euh ben, je t'en prie. C'est une bonne idée, alors... ce serait dommage de te dire non.

 J'hallucine un peu de ma propre réponse. Un petit rire s'étouffe dans sa gorge.

  • Et merci pour les flaons ! Ils étaient hyper bons. J'adore les pâtisseries... c'est un peu mon vice.
  • Ah. Je croyais que c'était le fait de convaincre les témoins plan-plans de jouer des pièces de théâtre à des mariages de cent-vingt personnes, ton vice.

 Elle me dévisage avec stupéfaction, puis éclate de rire. Un rire enfantin, frais et spontané. Je suis cueilli par la mélodie de son rire, et je me laisse aller à l'accompagner. Quand elle revient sur un timbre plus calme, son visage est bardé d'une palette de roses-rouges et ses lèvres restent figées dans un sourire adorable. Elle me regarde sans un mot. C'est un peu gênant.

  • Tu ... n'es pas attendu ?, me demande-t-elle avec hésitation.
  • Euh, si ! Si, si. Bon, euh, on revoit ça plus tard ?
  • Oui ! Je retravaille le texte et je te le renvoie. J'ai ton mail, maintenant.
  • Ouai, voilà. On fait comme ça.

 Je lui adresse un dernier sourire, et traverse le couloir en direction des escaliers. J'ai une drôle d'impression de légèreté.

Annotations

Vous aimez lire Anaëlle N ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0