#7

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 Vingt-heures cinquante. La semaine a passé en un claquement de doigt, une fois de plus. Je me sers un verre d'eau. Du coin de l'oeil, j'observe à la table voisine nos ados à la mine déconfite. Mon regard croise celui de mon collègue.

  • C'est pas une réussite, ce tournoi, Jorge.
  • Non, pas vraiment, non. Ça se sent quand on n'a pas Milo dans le groupe.
  • Ouaip. Mais il vient tout juste de reprendre l'entraînement. Patience.
  • Vu comme il se donne pour récupérer les trois mois de repos, il sera bon pour Madrid, à ce rythme, tu ne penses pas ?
  • Attention quand même, Jorge.

 Mon accolyte physiothérapeute sourit en hochant la tête.

  • Tu fais le garde-fou, hein ?
  • Un peu. Il va falloir le driver de près, parce qu'il ne sera pas prudent de lui-même.
  • Tu le penses encore fragile ?
  • Je le pense sur le fil. Son genou peut re-flancher très vite. Il faut consolider tout ça ce prochain mois.
  • C'est noté, monsieur le kiné.

 Je termine mon repas. Nos gamins n'ont pas tellement brillé au tournoi de Villena. On n'a plus qu'un concurrent en lice au stade des quarts de finale. Jorge va rentrer à Madrid avec une partie des troupes, et je vais rester avec le dernier et l'entraîneur.

 En posant ses couverts, il regarde une énième fois par la fenêtre.

  • C'est mignon, ce bled hein ? J'aime beaucoup.

 Jorge est très friand de tourisme. Je sais qu'il aurait apprécié le jour de repos de demain pour flâner une heure ou deux dans les rues étroites de cette ville charmante. Le château de l'Atalaya, qui domine le panorama, lui fait de l’œil depuis qu'on y a posé nos valises.

  • Vos billets de train sont réservés ? Restez demain, sinon ! Tu leur fais faire leur décrassage dans la ville, et vous pique-niquez à la Forteresse ! Ça leur fera du bien, aux gamins, un peu d'histoire et d'architecture.

 Jorge sourit. Une petite leçon d'histoire au lendemain d'une cuisante défaite ? Le challenge est conséquent.

  • Pourquoi pas, allez..., me dit-il en haussant les épaules, un air malicieux vissé au visage.

 Et il obtint gain de cause. Depuis le temps que Jorge bosse avec eux, la Fédé lui fait pleinement confiance et ne lui refuse pas grand chose. Ainsi donc, lui et les trois malheureux perdants sont restés une nuit de plus à Villena pour profiter du coin avant de remonter à la capitale.

 Je les accompagne pour la petite demi-heure de footing à travers la ville escarpée. C'est physique, ça fait du bien. Puis, alors qu'ils prennent leurs quartiers au château, je redescends tranquillement jusqu'à l'hôtel où m'attendent nos derniers acolytes qui se préparent pour le match de cet après-midi. Les mains dans les poches, je profite du beau temps en regardant nonchalamment les vitrines des boutiques que je croise. L'une attire mon attention. Elle revendique vendre de la gastronomie « 100% locale » et de qualité. Je n'hésite pas longtemps avant de franchir la porte.

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