#15

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  • Tu nous as manqués, ce week-end, mec !
  • Mmm.

 Je m'installe à la table des gars que j'ai retrouvés, comme de bien entendu, chez Beni. La Foire de l’Ascension d'Oviedo touche à sa fin en ce dimanche midi, bien que les rues soient encore très animées et ce, jusqu'à la soirée très certainement. J'ai réussi à négocier pour louper la finale du tournoi de Madrid, afin de pouvoir m'échapper vers les Asturies plus tôt. Cette faveur m'a été accordée pour l'unique raison qu'à partir du lundi suivant, je consacrerai trois semaines sans interruption au suivi des deux équipes doubles qui représenteront le pays à Paris. Une dévotion totale qui me plaît, et m'enthousiasme même – ça va me changer, de travailler avec des pros, j'ai hâte ! – mais qui m'impose un rythme de vie dément, notamment au printemps. Alors, comme une pause dans la grande course, je profite de ma ville natale et de mes amis d'enfance.

  • On te révèle les exploits de Cisco de vendredi ?, raille Raúl.
  • Non, non, c'est bon oh !, se défend l'intéressé. Les absents ont toujours tort !
  • Tu rigoles ? T'es le premier à ragoter sur nos piètres performances alcoolisées, et il faudrait passer les tiennes sous silence ? Luigi, vas-y !

 Notre valeureux Italien ne se fait pas prier, et c'est un récit épique à grand renfort de gestes mélodramatiques qui m'est fait. Soudain, Cisco s'agite.

  • Hey, hey ! Veilleuse !

 Raùl ricane.

  • La Guardia Civil arrive !

 Je me retourne. Nina se faufile vers nous. Elle nous adresse un sourire flamboyant, mais ce n'est pas elle qui attire mon attention. À ses côtés, Victoria me dévisage. Elle a l'air stupéfaite de me voir, et pour cause : j'ai complètement zappé de lui dire que j'étais à Oviedo. Merde.

  • Salut, les garçons ! Je vous présente Victoria, ma cousine, presque ma petite sœur, et ma témoin ! Victoria, voilà Raùl... ici Luigi... et Oscar, vous vous connaissez déjà je crois ?
  • Oui. Bonjour, Oscar.
  • Bonjour Victoria.

 J'ai connu plus chaleureux.

 Elles me font signe de m'écarter de Cisco, et s'installent entre nous. Je lance un sourire gêné à Victoria, laquelle me répond en baissant les yeux. Bon. Heureusement, Nina s’immisce dans la conversation sans mal et l'attention se porte sur elle. J'attends que le serveur nous réapprovisionne pour me pencher vers ma voisine :

  • Je suis désolé, je n'ai pas pris le temps de te prévenir que j'étais rentré. C'était une semaine... compliquée.
  • Pas de soucis. Tu n'as aucune obligation envers moi.
  • Non, mais je m'étais engagé...
  • Ce n'est pas grave. Vraiment.
  • Bien. Je n'ai pas non plus rédigé le discours.
  • Tu fais les choses comme tu veux. Moi ça m'est égal, c'est toi que ça regarde.

 Je suis un peu séché par le ton. Elle a raison, hein : qu'est-ce que ça peut lui importer que j'écrive ou pas ce fichu discours ? Elle s'en tamponne. Elle attend de moi que j'apprenne le texte de la saynète, rien d'autre. Chose que je n'ai pas faite non plus. Décidément, je cumule les mauvais points. Et je crois qu'elle s'en doute. Je tends une perche amicale :

  • Tu as des disponibilités ces prochains jours ?
  • Parce que tu restes plusieurs jours ?
  • Jusqu'à samedi, oui.
  • Ah. C'est intéressant à savoir. Je regarderais mon emploi du temps et je te redirai.
  • Ok. On fait ça.

 Bon bon bon.

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