#18

2 minutes de lecture

 Je toque à sa porte. On a convenu de se voir le Vendredi soir. Pas possible avant. C'est parfait, ça m'a laissé le temps de bien potasser mes lignes de dialogue. Ça m'a aussi laissé gamberger sur son niveau de contrariété, ou de déception, ou carrément de colère. J'en sais rien, en fait, parce qu'on n'a échangé que trois sms depuis dimanche.

 La porte s'ouvre, et elle m'accueille en souriant. Ah, c'est déjà un bon point.

  • Salut !
  • Salut, Victoria. Tu vas bien ?
  • Oui.

 On s'évalue quelques secondes, puis j'entre. Je suppose qu'après notre échange peu chaleureux au bar, ce n'est pas du tout le timing d'une bise.

  • Je... euh, désolé je... viens les mains vides.

 Elle pouffe.

  • C'est ce que font la majorité des gens, en général.
  • Ah ?
  • Personne n'apporte des sucreries à chacun de ses passages chez quelqu'un.
  • Ah. Parce que, j'avais en tête de rapporter deux cabayones, mais la boulangerie était fermée pour congés, et j'ai pas su quoi prendre d'autres, alors...
  • C'est pas grave, vraiment.
  • Oui ?
  • Oui.
  • Bien.
  • Viens, installe-toi. Tu bois quelque chose ?
  • De l'eau, merci.
  • Quoi, c'est tout ?
  • Oui, ça ira.

 Je me frotte nerveusement les cuisses. Il faut que je m'assure qu'elle ne m'en veut pas, et je ne sais pas trop bien comment faire. Elle revient avec deux verres. Je lui souris – sûrement bêtement.

  • Tu as relu ?
  • J'ai essayé d'apprendre.
  • Oh, waouh. Le texte te convient toujours ? Rien à modifier ?
  • Euh, non, je ne crois pas.
  • Super. Tu sais, je me disais, si tu te sens à l'aise, un peu d'impro peut s'envisager. On n'est pas obligé de s'en tenir au texte strict.
  • Euh... je... non. Pas d'impro, non.

 Ça va pas la tête ? Qu'est-ce que je pourrai trouver à improviser de toute manière ? J'ai aucun talent pour ça !

  • Bon, ok. Comme tu préfères. C'était juste pour te prévenir que je saurai rebondir.
  • Pas moi.

 Elle me regarde avec curiosité, puis souris en ouvrant son ordinateur.

  • Bien. Tu veux commencer une première fois avec le texte ? On se le relit, et on verra pour jouer ensuite ?
  • Je fais ce que tu me dis. Tu sais mieux que moi, tout ça. C'est ton domaine.
  • (elle rit) Oui, si on veut. Je me sens bête, comme tu dis ça. On ne fait rien qui soit de ton domaine.
  • Oh, euh. Je n'ai pas de « domaine » moi. Je ne sais pas faire grand chose, tu sais.
  • C'est pas ce que j'ai cru comprendre dimanche.

 Je ne rebondis pas. Je ne suis pas certain qu'il y ait un intérêt à ré-aborder les sujets de dimanche. De fait, un silence s'installe. Je prends mon verre, et bois quelques gorgées. Finalement, elle propose :

  • Bien, on y va ?

Annotations

Vous aimez lire Anaëlle N ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0