#37
- Quel enfer, que c'est pompeux !
La Cérémonie d'Ouverture a débuté il y a de cela déjà trois heures, et n'est pas encore terminée. Je ne peux que donner raison à mes voisins : c'est insupportable de grandiose, de longueur, de bruit, de lumières, de clinquant et d'ostentatoire. Je jetais un œil à la tribune des chefs d’État : l'Espagne n'y est même pas représentée. Sur le terrain, en revanche, les sportifs sont bien là, derrière le drapeau porté par Rafael Nadal. Je m'ennuie ferme dans ce spectacle que m’abrutit, mais je n'ose imaginer les filles et les gars devant les caméras qui se doivent d'afficher un air heureux et passionné depuis vingt heures. Je réprime bâillements sur bâillements. Quelle tannée !
- Bon, on entre dans le vif du sujet maintenant !
- Ouaip !
C'est trois jours après la cérémonie que commencent les matchs de double. Le tirage avait eu lieu le vendredi d'avant : les gars affrontent une paire néerlandaise pour le premier tour. Sur le papier, rien d'insurmontable. Mais les JO, c'est bien LA compétition où les évidences sont bousculées.
En plus de son programme double, Rafa assume sa place dans la compétition des Simples Messieurs, et dans le Double Mixte. Un vrai monstre de travail. Le rythme plus tranquille – et moins médiatique – de Marc me convient parfaitement. Ceci dit, la Fédé avait raison : dès que nous eûmes mis les pieds aux portes des vestiaires ce soir, l'effet « Nadal » s'est ressenti : nous nous sommes retrouvés assaillis de photographes et de journalistes. Je trouve cela oppressant – dire qu'on me demande parfois si je ne regrette pas d'avoir renoncé à cette vie-là ? Díos, quelle question !
- Waouh, c'est bouillant !, fais-je remarquer aux autres.
- Et encore, ce n'est que le premier tour... attend voir si on monte.
- Mmm, génial.
Dans les vestiaires, à l'abri des regards, nous sommes à l'ultime moment avant l'entrée sur les courts. Derniers conseils, derniers soins, premiers échauffements. De ce que j'observe, j'ai l'impression que nous avons un duo de joueurs – entouré d'un duo d'équipes – qui fonctionnera plutôt bien. Reste à voir le premier vrai test : le match dans une demi-heure, soit vingt heures trente – drôle d'horaire pour jouer, mais enfin, le programme des JO est tellement condensé qu'il faut bien caser les prestations quelque part...
Je rejoins les gradins et laisse Marc à un tête-à-tête avec son entraîneur. Je pose mon sac de matériel de soins à mes pieds, réajuste mes chaussures, observe l'environnement : eh bien, il semble que nous y sommes. Et, alors que l'idée se matérialise dans mon esprit, je sens une belle poussée d'adrénaline parcourir mes veines. Je dois dire que c'est agréable.
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NB : lors des J.O. de 2016 à Rio, c'est Rafael Nadal qui était le porte drapeau de la délégation espagnole. Des années plus tard, lors des J.O. 2024 à Paris, il fut porteur de la flamme olympique.
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