Voyage dans le désert du Namib - par Chantal gdl

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55 millions d'années. C'était étourdissant. J'acceptais la mission pour Géo magazine.
Le voyage s'organisait pour le printemps et nous y étions. Avril avait filé sa laine et ses givres.
Mai arrivait.
L'expédition dont je devais couvrir le voyage était partie de Paris, arrivée dans la capitale de la Namibie, Windhoek, puis repartie à travers le pays.
J'avais traversé les dunes rouges, gorgées d'oxyde de fer. Entre deux sommeils ou réveils, je me suis crue plus d'une fois perdue sur la planète Mars ou une lune rouge de Star Wars. Mes esprits revenaient peu à peu, émergeant des brouillards marins, lointains et prégnants, apportant leur lot de sel qui dessèche les lèvres.
Il eut été simple de couvrir un safari photos, les éléphants, les girafes, les oryx, que sais-je, se promenant nonchalamment dans leur milieu naturel. Mais non, le boss de Géo, avec lequel je travaillais, voulait parler des cités minières devenues villes fantômes, tant par les vents du désert que par les machinations géopolitiques.
Un bivouac s'installa tant bien que mal dans l'aridité. Une pause méritée.
Notre guide, Nile, parlait un anglais courant. L'équipe s'affairait sous ses conseils. j'eus envie de m'éloigner de quelques centaines de mètres.
C'est sur ce chemin caillouteux, qu'une étrange créature florale me cueillit. Je restai coi.
Ses pétales d'un rouge dégradé en fondu enchaîné parsemant les feuilles vertes longues, puissantes, alanguies, happèrent mon esprit.
Je buvais une gorgée du chaud breuvage que Nile avait préparé.
Je tournais autour de cette plante qui m'impressionnait, timide comme une enfant pour l'approcher. Je crois bien qu'elle me murmura de m'asseoir et d'écouter son histoire.
Lors, le temps arrêta sa course comme une trouée dans l'Univers.
Elle était là et je ne savais pas qu'elle existait. Elle n'était ni la rose de Ronsard, ni la rose du Petit Prince. Elle était reine, elle était sultane, elle était chez elle et conversait avec les astres depuis des millions de temps.

Une fois rentrée en France, alors que je parcourais l'article paru dans Géo magazine, sirotant mon thé brûlant, je vis un encart publicitaire dans un journal botanique posé sur le guéridon de l'entrée du bar dans lequel je me trouvais.
Je lus : Adenium obesum. Plante d'intérieur.
Des larmes d'injustice bordèrent mes cils.

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