Chapitre 14
Écrit en écoutant notamment : Armin van Buuren x Vini Vici - Great Spirit, Live Prague [Psytrance]
Trois jours plus tard.
Comme je m’y attendais, je suis officiellement en pleine forme ! C’est à la fois très positif, mais encore plus rageant quant à ma demi-finale ratée à cause de ces saloperies. J’avais clairement le potentiel pour me qualifier, participer à la finale et pourquoi pas aller chercher le record de France de ma catégorie en-dessous de 48 secondes.
J’arrive au stade muni de mon sac et aperçois Stéphane déjà occupé à hurler des consignes à un groupe de coureurs en pleine séance de fractionné. Je l’ai toujours considéré comme une référence, mais mon estime pour lui a pris un grand coup après « l’affaire russe ». J’ai réfléchi à ses arguments, mais même si certains sont objectivement vrais, je n’arrive pas à éliminer la rancœur qui me tient. Il faudrait simplement faire abstraction de cette semaine et repartir normalement, comme j’en ai l’habitude.
Stéphane m’interpelle et m’indique d’un ton particulièrement neutre qu’il m’a envoyé le programme d’entraînement de la semaine, à nouveau bien relevé étant donnés mes excellents résultats du test. 15 fois 400 m : c’est une séance bien solide que je suis censé réaliser ce soir. En temps normal, j’aurais adoré le défi, mais là, je ne ressens aucune envie de me mettre dans le rouge. Tant pis… ça sera petit footing tranquille, et j’accélérerai uniquement si j'y prends du plaisir. J’espère montrer subtilement à Stéphane que je ne suis pas aussi docile qu’il pourrait le croire.
Alors que des coureurs d’autres disciplines occupent les couloirs intérieurs pour leur séance de vitesse, je cours tranquillement à l’extérieur, avant de quitter le stade pour aller faire quelques tours du grand lac situé derrière. Il est tellement agréable de ne pas se mettre la pression sept jours sur sept ! Je termine quand même par un kilomètre à allure soutenue pour justifier mon réconfort de ce soir, à savoir la soirée organisée par des étudiants de notre fac dans les bâtiments de celle-ci. Voilà une habitude que je ne perdrai sûrement jamais : le plaisir facile doit toujours être précédé d’un effort. Andreas, les filles, tout le monde sera là, même Lucas, que je n’ai eu aucun mal à motiver !
Au moment où je retourne sur la piste pour terminer ma séance chill et aller me changer, Stéphane semble se diriger vers moi, puis se ravise et retourne à ses occupations. Je quitte les lieux sans un mot échangé avec lui… c’est une sensation un peu particulière, car notre entente a toujours été très cordiale, même amicale.
De nombreuses affiches promouvant la soirée sont placardées à l’entrée de ma résidence : « À vos marques, prêts, buvez ! 22h - 5h ». Les gens de la com’ ne se sont pas beaucoup embêtés, mais c’est efficace et accrocheur. Je me prépare un plat de pâtes tout en rattrapant sur mon téléphone les dernières nouvelles inutiles de la fac.
Après un minimum de préparation, je passe chercher Lucas, afin de se rendre ensemble à la soirée. Nous ne devons marcher qu’une dizaine de minutes pour arriver sur les lieux, ce qui sera très pratique pour rentrer quand bon nous semblera. À l’entrée, des étudiants nous distribuent les bracelets en papier prédécoupés permettant d’acheter les consommations sur place, puis nous retrouvons à l’intérieur Andreas, Marine et Alexia. Cette dernière se précipite vers Lucas pour le prendre dans ses bras et s’excuser pour sa question de la soirée précédente.
— Ne t’en fais pas, ça m’a permis de franchir un palier important ! Et c’est aussi grâce à Baptiste, dit-il en se tournant vers moi.
Actuellement, l’heure est au rap français plutôt commercial avec Jul ou encore Mhd. « Neuf un, c’est la Champions League… Neuf deux, c’est la Champions League… » ; le DJ actuel s’amuse à boucler les vocaux de l’inusable refrain en calant l’intro du prochain morceau. Le contraste musical avec notre soirée en Italie est saisissant. Je vais également plus me surveiller qu’à cette occasion : le but est de s’amuser tout en restant frais pour le lendemain ! J’avais vraiment abusé, avec les conséquences fâcheuses que j’ai connues… Une chose est sûre, la musique et mes amis ne me feront aucun mal !
— Il y a un de mes potes qui va mixer vers 1h du matin ! dit Andreas, qui comme toujours a ramené un minimum de matériel pour filmer quelques séquences.
— Il fait quoi comme style ? demandé-je.
— Normalement de la grosse psytrance, ça va déménager !
— Je connais pas…
— Mais si, t’as déjà dû entendre des sons comme « Great Spirit », intervient Lucas. Il y a des basses de fou furieux, c’est trop cool !
— Franchement, ça me dit rien, avoué-je.
— Mais depuis quand t’écoutes ce genre de trucs ? demande Andreas à Lucas.
— C’est un de mes cousins qui m’a montré ça y a pas longtemps ; depuis, j’accroche à fond !
***
Alors que nous nous étions complètement dispersés, Andreas nous rameute un par un pour reconstituer le groupe :
— Venez ! Y a son set qui va démarrer !
Il nous entraîne aux premiers rangs, devant les barrières, là où les aigus claquent vraiment trop fort à mon goût, et hurle :
— Vas-y Maaaax ! Défonce cette soiréééé !
Le Max en question s’installe aux platines en accélérant progressivement le morceau sortant pour effectuer la transition avec le DJ précédent. On change clairement de style ! Lucas s’exclame :
— C’est le son dont je te parlais tout à l’heure ! En même temps, c’est un énorme classique du genre !
— D’accord !
Il se met à hurler ce que semblent être les paroles du morceau :
— Wakan tanka, hunkashila, wohitika oyate, nagi tanka, tunkashila, akicita oyate…
— Bordel, comment tu retiens ça ?
— C’est facile !
Nous ressortons lessivés quarante-cinq minutes plus tard. Je suis encore à moitié sonné par le déferlement de basses qui nous a secoués. Notre soirée ici ne va plus s’éterniser...
— Tu veux encore passer un moment chez moi ? me demande Lucas. J’aurais un service… un peu bizarre à te demander.
— Oui, sans aucun souci ! Je ne sais pas si je pourrai t’aider, mais je t’accompagne !
Si ça se trouve, il a finalement flashé sur un autre mec que moi et aimerait que je sonde le terrain pour lui…
Nous nous posons dans son appartement.
— Je t’écoute ! lancé-je.
— Ouais, tout de suite, je sors juste mon ordinateur et je te montre.
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