Chapitre 17
Écrit en écoutant notamment : Anamorphic - Smokahontas [Hardstyle]
— Allez, raconte-moi tout ! dis-je en direction d’Andreas alors que nous quittons les bâtiments de la fac.
— Bah… j’aimerais bien proposer à Alexia de faire quelque chose ensemble, mais je ne sais ni quoi, ni comment lui proposer. C’est quand même la meilleure amie de Marine…
— Et donc t’as rien tenté pendant la soirée, c’est ça ?
— Non, rien du tout…
J’ai du mal à le comprendre : il est pourtant tellement avenant, une qualité censée plaire assez universellement ! Il attend que nous soyons plus à l’écart avant de poursuivre :
— Et aussi… les deux filles que j’ai vues l’an passé ne disaient rien clairement, mais je voyais à leurs réactions qu’elles étaient déçues par la taille de ma… voilà quoi ! T’as vraiment de la chance avec ça, toi !
— Ouais… je vais pas faire genre que je m’en fous, mais les meufs – ou les mecs – qui se plaignent de quatorze centimètres ne sont pas au bout de leurs peines ! Franchement, lance-toi, tant pis si une cruche ou l’autre n’est pas satisfaite !
— Non mais ok, mais j’avoue qu'en plus, ça ne m’aide pas à bander ! Je me focalise là-dessus, au détriment de la meuf que j’ai devant moi. Et s’il m’arrive la même chose avec Alexia, ce qui est à peu près sûr, j’aurais trop la honte. Et du coup, ça va faire six mois que j’ai rien fait…
— D’accord… mais donc, ta fameuse « friendzone », c’était pas une excuse pour éviter le vrai sujet ?
— Si, j’avoue… Enfin, ça se rajoute au problème initial ! Et t’auras bien compris que toutes les techniques de « relâchement » que tu peux trouver sur Internet sont complètement foireuses.
— Je veux bien le croire ! J’avais aussi ce stress de la performance au début, à 17 ans, mais ça a fini par passer. Je pense que comme pour tout, c’est une question d’habitude. Donc ne te prends pas la tête, ça ne viendra peut-être pas du jour au lendemain. Si vous en arrivez là, tu pourras toujours lui dire que t’es pas un acteur de films X qui bande pendant trois heures à coup de médocs, ça la fera rire !
Le soir, je reçois un message de Lucas qui me propose une sortie pour le lendemain, avec quelques uns de ses potes dans un bar de Bercy qu’ils apprécient. Je suis censé avoir entraînement au même moment, mais les séances collectives ne sont plus une vraie priorité... Je n’aurai qu’à faire une petite session demain matin à l’aube pour ne pas trop perturber mon rythme ; il faudra arriver en forme ce week-end pour le meeting de Clairefontaine, dans les Yvelines.
***
L’air vif de la fin de nuit me gèle les cuisses et le visage, mais je ne me priverai jamais de la magnifique sensation de fendre l’obscurité en sentant mes muscles travailler à l’unisson. Je fais quelques tours le long des diverses pistes du campus universitaire jusqu’à ce que le jour finisse par poindre. Cette séance matinale à jeun donne une saveur nouvelle à mon classique petit-déjeuner, que j’avale d’habitude sans réfléchir. En même temps, Lucas me propose de partir ensemble en cours vers 8h15. Je ne peux pas refuser…
Je suis à peu près certain qu’il me ment lorsqu’il m’assure être descendu à l’instant : ses lèvres sont déjà bien froides, mais toujours aussi agréables à embrasser. Tant qu’il n’y a pas trop de monde aux alentours, il prend plaisir à me tenir la main ; c’est vrai que ce truc de couple n’est pas si désagréable.
— C’est toujours bon pour ce soir vers 19h30 ?
— Oui ! J’ai décalé ma séance à ce matin, donc aucun souci.
— T’es encore plus beau que d’habitude… dit-il en s’arrêtant pour m’embrasser derechef.
***
Nous rejoignons les amis de Lucas au métro Bercy. Il me les présente un par un – effort de concentration maximal pour retenir les visages et prénoms – puis passe emphatiquement sur l’objet de toutes ses attentions, à savoir moi :
— Et voici mon copain, Baptiste !
Il se jette sur mes lèvres avant que je n’aie pu dire quoi que ce soit. Andreas avait raison : je comprends de plus en plus que Lucas ne rigole absolument pas. Pourtant, ça ne fait que deux jours ! Mais après tout, son sourire glorieux, celui d’avoir « séduit » un beau mec comme moi, n’est pas pour me déplaire. J’ai bien envie d’encore y passer ma langue, et pourquoi pas autre chose ce soir…
Je suis impressionné par la taille du bar. On reste tout de même à Paris ; le loyer doit leur coûter une blinde ! Nous traversons la salle principale et descendons dans un vaste sous-sol. Je repère sur ma droite de gigantesques armoires contenant des centaines de boîtes de jeux de société. Heureusement qu'ils avaient réservé une table, car les lieux sont déjà pris d’assaut par différents groupes buvant bières et cocktails autour de leur partie de cartes, de fléchettes ou de Monopoly.
De notre côté, nous commandons nos boissons tandis que Lucas m’explique patiemment les règles d’un jeu qui a l’air de tous les passionner : Catane. Le plateau représente une île, sur laquelle il faut gagner des ressources grâce à des coups de dés et construire diverses routes, colonies et villes. Cela me semble assez compliqué et le bruit ambiant ne m’aide pas beaucoup à saisir tous les détails. Avec quelques explications distillées au cours de la partie, je finis par bien comprendre les grands principes et suis même à deux doigts de remporter la victoire.
À cette heure-ci, je devrais être en train de terminer mon entraînement. Je ne regrette même pas de ne pas avoir prévenu Stéphane de mon absence et me serre simplement contre Lucas pour essayer de m’enivrer de l’insouciance qu’il dégage. J’aime réellement l’idée d’être responsable de sa fierté et de son assurance actuelle.
***
Franchement, sympathique découverte que ce bar ! Nous le quittons peu avant onze heures, conscients que nous avons un peu de trajet à réaliser. Le visage passionné de Lucas me donne envie de lui sauter dessus dans la seconde, mais le retour en RER nous impose encore quelques dizaines de minutes de discrétion. Il me regarde tout d’un coup avec un sourire coquin en tapotant légèrement sur la poche de son pantalon. Je ne tarde pas à comprendre et sors mon téléphone pour y lire le message qu’il vient de m’envoyer :
« Je vois d’ici que t’as le barreau ! C'est moi qui te fais autant d'effet ? ;) »
Je le regarde d’un air complice en tapant à mon tour une réponse :
« C'est parce que je ne peux pas m’empêcher d’imaginer caresser tes fesses nues <3 »
Je profite qu’aucun passager ne regarde dans notre direction pour passer délicatement ma main sur le haut de mon pantalon. À ce rythme, Lucas va défaillir avant que nous atteignions le lit !
Pour changer de notre première soirée, je l’invite chez moi. J’avais prévu le coup et forcé un peu plus que d’habitude sur le rangement afin qu’il se sente aussi à l’aise que chez lui. Lucas s’attendait sûrement à ce que je le plaque à nouveau sauvagement contre n’importe quelle surface plus ou moins plane, mais à la place, je lui demande de me suivre jusqu’à ma chambre et m’allonge sur le dos, l’invitant à venir s’approprier le corps que je lui présente.
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