2 – Elle était au commencement.
Les gouttes d’eau se fracassaient au sol dans une violence inouïe. Le goudron de l’allée se muait petit à petit en une sorte de miroir terne et sombre, parfait reflet de mon état d’esprit.
La chute fut rude. Terriblement . La perte même de mon essence me laissait dans le dos des traces indélébiles, symboles de ma défection, ainsi qu’une douleur lancinante, tantôt glacée, tantôt brûlante, emparée de tout mon être, qui me gardait dans un état transi, à deux doigts d’un anéantissement le plus total.
Pourtant, malgré tout ces maux, conséquences directes d’actes que je ne saurais renier, l’envie d’avancer à sa rencontre était plus intense que jamais. Si proche, mais encore si loin, je ne voyais qu’elle. Et si le chemin pour l’atteindre fut un dédale coincé entre enfers et damnations, rien n’aurait su éteindre ma détermination.
Je progressais, pas à pas, traversant les grands boulevards de ce purgatoire. Les fades pavés s’étalaient à perte de vue, sans cesse piétinés par les petits et grands de ce monde si blême. Oh Dieu, n’aurais-tu pas voulu partager de ta couleur pour rendre à tes fils leurs optimismes ? Réduit à n’être qu’un passant, coincé entre ces univers ne pouvant être miens, je me décidai à quérir mon réel objectif. Je délaissai la triste dimension des hommes, déjà si peu éclairée, et m’enfonçai de plus en plus profondément dans un abysse dont je ne reviendrais sans doute jamais.
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