1/8. Plus l’attente est longue, plus les retrouvailles sont belles.
Gwen était impatiente mais stressée à l'idée de retrouver Jack, son amour d'adolescence. À vrai dire elle n'avait aucune idée de sa présence ou non, elle ne savait pas s'il avait tenu sa promesse ou si même il habitait toujours dans la maison de son enfance. Après tout, les promesses d’enfance ou d'adolescence n’avaient guère d’importance en grandissant, certaines personnes disent encore à ce jour que les promesses sont faites pour être brisées, et que seuls ceux qui y croient peuvent être déçus.
Quatre ans auparavant, Jack et Gwen s'étaient promis de se retrouver, à l'entrée de chez Jack, afin de pouvoir vivre leur histoire d'amour comme ils se devaient de la vivre. Elle avait dû déménager brutalement après la mutation de son père en France, pour le travail. Elle n'était pas majeure, seulement âgée de dix-sept ans et destinée à des études littéraires, elle ne pouvait rester en Amérique.
Ce fut dans une séparation pleine d'amour, de larmes et de promesses qu'ils s'étaient quittés.
À ce jour, Gwen allait sur ses vingt et un ans et elle était enfin prête à vivre son amour avec Jack, si lui l'était aussi. Elle savait qu'elle prenait le risque qu'il ne soit pas là, qu'il n'habite plus à la même adresse ou qu'il ait refait sa vie sans se souvenir d'elle et de leurs promesses. Mais pleine d'amour et d'espoir, elle revenait sur les pas de son adolescence heureuse. Elle savait qu’elle pourrait rebondir si toutefois rien ne se passait comme elle l’avait espéré.
Elle descendit du taxi, paya le chauffeur qui partit immédiatement après. Elle regarda la maison avec une certaine excitation. Rien n'avait changé. La maison était toujours aussi blanche et jolie, le jardin toujours entretenu et fleuri, le quartier toujours joyeux. Elle se sentit bien, comme chez elle.
Une bouffée de chaleur et d'adrénaline apparut dans son corps quand elle approcha un peu plus la porte d'entrée. Elle savait que des gens étaient présents dans la maison rien qu'à la vue des deux voitures garées devant le garage.
Elle sonna à la porte mais personne ne vint lui ouvrir. Elle frappa à la porte. Toujours personne.
Au bout d’une dizaine de minutes, elle commençait à perdre espoir, personne ne venait lui ouvrir et pourtant elle pouvait entendre de l'agitation derrière la porte.
Elle sonna une nouvelle fois et cette fois-ci la porte s'ouvrit légèrement mais personne n'apparut. Elle fronça les sourcils, intriguée. Le scénario pouvait vite tourner à l’horreur, comme dans la majorité des films qu’elle regardait au quotidien, où les acteurs se faisaient rapidement tuer après être entrés dans une maison où la porte s’ouvrait sans personne derrière.
Le stress montait, cependant elle prit son courage et s'approcha doucement de la porte, tendit la tête pour voir à l'intérieur de la maison sans être trop indiscrète.
Elle aperçut un joli intérieur, des portes manteaux chics, des paires de baskets et autres chaussures coûteuses. La décoration paraissait assez raffinée et l’odeur de vanille lui prenait le nez, rien de familier mais elle gardait tout de même espoir. Peut-être que la famille de son ex avait simplement rafraîchi la décoration intérieure.
Un peu plus loin, il y avait les escaliers en moquette noire, où était assis un jeune homme brun. Elle ne reconnut pas l’homme, ayant oublié ses lunettes de vue, voir de loin lui était impossible, mais elle ne perdit pas pour autant l’envie d’aller plus loin.
Confiante, elle poussa la porte pour l'ouvrir en grand, avançant de quelques pas dans la demeure, elle put enfin voir le visage du jeune homme brun. Une peau basanée, un joli visage viril, avec des yeux d’un marron sombre, presque noir, une bouche pulpeuse et des sourcils fournis mais tout autant sensuels que le reste du visage.
Le cœur de Gwen palpita de bonheur à la vue de l’homme, elle le reconnaissait, son Jack. Il était devenu un homme, il avait pris une belle musculature, et de la virilité, mais à ses yeux, c'était le même Jack qu'elle avait tant aimé. Elle avait cependant peur qu'il ne la reconnaisse pas. Sa gorge était nouée et ses mains moites.
— Jack ?
Ce dernier leva les yeux, sourcils froncés. Il se leva doucement des escaliers.
— Gwenaelle ?
Elle hocha la tête en souriant grandement. Sa gorge se libéra et sa respiration se fit plus fluide.
— Je suis de retour. M'as-tu vraiment attendue ?
— Quatre ans. Une promesse est une promesse, je suis un homme de paroles.
Il descendit les escaliers pour la rejoindre, et elle fut impressionnée par sa grande taille. Il ouvrit ses bras et elle courut s'y réconforter sans réfléchir.
— Tu m'as tellement manqué Gwen. Qu'as-tu fait pendant tout ce temps ? J'ai cru que tu n'allais jamais revenir. Même pas un seul message sur les réseaux sociaux ou par textos.
— Mais je suis là. Pour toi, pour nous. Je me préparais à notre retour. Rappelle-toi d’une citation qu’on s’était dit: Plus l’attente est longue, plus les retrouvailles sont belles.
Ils se serraient fort, savourant le moment présent comme s'ils avaient peur de rêver. Mais tout était bien réel.
— J'ai un cadeau pour toi. Si tu le veux bien.
Il prit le cadeau qu'elle lui tendait. À l'intérieur se trouvait un cadre réunissant des photos d'eux deux, de leur enfance et adolescence ensemble mais aussi du temps où ils étaient en couple. Il y avait aussi une petite clé en cœur.
— Accepterais-tu de nouveau partager ta vie avec moi ?
— Oui putain ! Plus que jamais !
Il sortit de la poche de son pantalon un cadenas un peu rouillé, elle tendit la clé et la joignit dans la serrure du cadenas, qui s'ouvrit. Signifiant pour eux que la promesse avait été tenue et qu'ils allaient de nouveau pouvoir s'aimer chaque jour, l'un à côté de l'autre.
Heureux, il la prit dans ses bras, la fit tourner en l'air puis l'embrassa.
Chacun avait enfin retrouvé sa moitié, après des années d'attente et leur futur promettait amour et bonheur.
Enfin, c’est ce qu’elle pensait, mais la réalité était peut-être toute autre.
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