Misti

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Août 2012

Volonté.

Depuis deux heures du matin, je gravis des pierres pointues qui couperaient mes chaires sans attention constante. Parfois, la rocaille s’effrite comme une poigné de sable sous mes pas et je manque de glisser. Une chute ici serait fâcheuse, voire mortelle. Les uniques végétaux qui ont le courage de pousser si haut lacèrent vêtements et peau de leurs épines. La nature me crie que je ne suis pas à ma place. J’essaye de l’ignorer. Le sentier sinue, serpente, louvoie, ricoche entre les obstacles et les dénivelés. Il est cinq heures, le sommet du Misti est encore loin. Nous ne l’atteindrons pas avant huit heures.

Froid.

Trois degrés au thermomètre. Il gèlerait, si l’astre solaire n’avait pas choisi de se lever dans notre dos. La moindre pause nous fait frissonner. Le moindre effort, suer. Il n’y a aucun juste milieu en ces terres arides. Il faut être couvert comme un jour de ski pour ne pas crever. Un calvaire omniprésent sous un zonda sans répit.

Lourdeur des pas.

Poser nos pieds l’un devant l’autre n’a presque plus de sens. C’est un réflexe. L’étrange impression de faire du surplace étrangle ma motivation. Notre avancée microscopique sur le géant semble insignifiante. L’air se raréfie de mètre en mètre. Je mâche une feuille de coca pour empêcher le mal de l’altitude de me gagner. Son goût acide régénère ma salive et anesthésie ma langue, lentement. Piètre consolation dans ce monde désolé.

Vertige.

Je me retourne de temps en temps pour observer le paysage. J’ai l’étrange impression de voler en ayant les pieds sur terre. La pleine d’Arequipa qui s’étend quelques milliers de mètres plus bas ne présente plus aucun détail. Seul un centre lumineux perdu dans cette immensité indique que la ville dort encore, là-bas… si loin.

Le sommet n’est pas un cadeau, ce sera une récompense si nous l’atteignons. Bientôt, mes pensées s’effacent au profit du monologue de mon corps.

Fatigue.

Souffle court... Cœur qui bat dans les tempes... Manque de sommeil... Chutes de tension…

Douleur.

Muscles écartelés, tendons tiraillés, peau des orteils déchirée, épaules cisaillées par les lanières de mon sac à dos…

Je marche désormais à l’instinct.

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