Juillet 2017

Des gerbes de fleurs de toutes les couleurs emplissent la salle et répandent un parfum de nature. Tu les as toujours aimées. L’Hallelujah de Jeff Buckely raisonne calmement dans la petite pièce à la lumière tamisée. Chaque note de guitare, chaque son de sa voix s’écrasent comme des gouttes de pluie dans mon cœur. Tout le monde est parti, il ne reste que toi et moi. Il ne reste que moi.

Les yeux embrumés, je te regarde, alongée dans ces vêtements blancs, un drap remonté jusqu’à la taille. Tu es si belle et si différente en même temps. Je sais que c’est toi, pourtant je jurerais voir quelqu’un d’autre. Ton calme impassible et celui du lieu contrebalancent avec la tempête qui fait rage dans mes pensées et mes sentiments. J’ai du sel plein les joues et la gorge.

Je t’en veux. Je m’en veux. J’ai tellement de pourquois et si peu de réponses à ce foulard qui couvre pudiquement ton cou. Et si j’avais fait… et si j’avais dit… et si tu m’avais… ? Le pire, avec le temps, c’est qu’il est irrémédiable. On dit qu’il apaise les douleurs. Pour l’instant je n’en crois rien.

J’aimerais savoir prier, mais j’en suis incapable. À quoi bon, d’ailleurs ? Je n’ai jamais cru qu’en l’humain et aujourd’hui, je ne vois que ses faiblesses, ses doutes, ses peurs et ses désespoirs. Je voudrais respecter ton choix. Je le voudrais tellement. Mais je suis encore ici pour porter ses conséquences. Je ne peux pas.

Je pose un baiser sur ton front. Le froid qui s’en dégage me glace jusqu’au bout des doigts. J’ai l’impression d’embrasser une statue de marbre. Le monde des vivants et celui des morts s’opposent autant que l’eau et le feu. Je gèle et je brûle, une partie de moi meurt avec toi ce soir.

Tes yeux clos sont déjà plongés dans l'ailleurs. Là où le regard ne porte pas.

J’ai besoin d’air. Je sors. Je m’enfuis.