Le médaillon d'émeraude, partie 3

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Daisy avait réuni suffisament d'informations sur la famille de Luis, pour entrevoir une petite lueur au bout du tunnel, et pour aider le jeune homme à comprendre le sens des troubles schizophréniques, qui l'avaient obligé à renoncer à sa carrière, pour une période d'une durée indéterminée. Et si elle restait très prudente face à ce diagnostic, elle tenait malgré tout à informer Maya et Luis du lien de cause à effet entre le vécu des ancêtres, et l'événement suceptible de provoquer des situations indésirables, trois génératations plus tard, voir plus. Elle leur avait demandé de chercher un maximum d'informations sur leurs ancêtres respectifs, afin de trouver un lien entre les deux familles, et elle leur avait expliqué que chacun d'entre nous peut être amené à rencontrer les descendants des gens rencontrés par nos ancêtres, et à revivre les mêmes scénarios. Elle s'est empressée de rajouter que cette théorie ne pourrait être validée, qu'à condition d'avoir suffisamment d'informations vérifiables, faute de quoi elle serait obligée d'envisager un autre plan d'action. Les deux jeunes gens étaient prêts à suivre Daisy dans cette voie, car après tout Luis n'avait plus rien à perdre, et un de leurs amis anglais leur avait déjà parlé des méthodes de travail de Daisy. Je vais donc essayer de vous faire un compte rendu, aussi fidèle que possible, de tout ce qui a été dit au cours de ces séances, et du rôle actif que j'ai joué, pour aider Daisy à appuyer sur le bon bouton. Mais croyez bien que j'ai du fournir un travail considérable, pour réussir à y voir clair dans tout ce charabia psychanalytique, et j'espère que vous vous souviendrez que j'apprécie particulièrement les croquettes au saumon, celles de de chez Haroldds.

Maya n'avait pas réussi à obtenir toutes les informations que Daisy lui avait demandé, car elle ne souhaitait pas téléphoner à sa mère, qu'elle n'avait pas revue depuis ce fameux jour où elle avait quitté la maison. C'était son anniversaire, et sa mère lui avait dit qu'elle ne voulait plus jamais la revoir. La jeune fille prenait tout de même de ses nouvelles régulièrement, mais elle savait qu'elle ne ferait qu'envenimer la situation en essayant de la faire parler de ses ancêtres. Elle était toujours restée muette sur les affaires de famille, car elle estimait qu'il ne fallait pas remuer le passé, un point c'est tout. Le seul souvenir qu'elle avait gardé de sa propre mère, c'était ce ridicule petit coffre qui contenait un demi médaillon en forme de coeur, mais Maya n'avait jamais eu le droit d'y toucher, et elle n'avait jamais compris pourquoi. Quant au père de Maya, il était décédé alors qu'elle avait à peine quatre ans, et la jeune femme n'avait plus aucun contact avec la famille de son père. Mais sa tante, la soeur cadette de sa mère, lui avait fournie des informations d'une importance capitale. Maya était totalement abasourdie par ce qu'elle avait appris, d'autant plus que sa tante pensait que sa mère l'avait mise au courant, et que ce secret révélé était le point de départ de leur désaccord. Son arrière grand mère s'était retrouvée veuve, alors que sa fille, donc la grand mère de Maya, avait à peine quatre ans. Elle avait été trapéziste, s'était remariée avec un trapéziste, et était décédée d'une chute de trapèze. La fillette avait été recueillie par son beau père, qui ne s'était jamais remis du décès de sa femme, dont il se sentait responsable. Maya avait constaté qu'elle était née le jour anniversaire du décès de son arrière grand mère, et elle commençait déjà à entrevoir la gravité de la situation, mais après avoir contacté le père de Luis elle s'était empressée de téléphoner à Daisy au plus vite. Elle pleurait à chaudes larmes, parce que Luis n'avait pas voulu discuter avec son père, et elle ne savait pas si elle devait lui parler de ce qu'elle venait tout juste d'apprendre. Elle disait que c'était quelque chose de terrible. Daisy a préféré avancer leur séance, mais curieusement elle n'avait pas l'air de s'inquiéter, et Bob était même surpris de l'entendre chantonner, alors qu'elle ne chante jamais.

Lorsque Maya et Luis sont arrivés, je me suis installé sur les genoux de Maya, pour jouer mon rôle de ronronthérapeute, mais elle était incapable de parler à Daisy de sa conversation avec le père de Luis. Daisy a demandé à Luis d'attendre dans la pièce à côté, et je l'ai suivi. Je pensais que je pourrais éventuellement le réconforter, mais il semblait parfaitement calme et détendu. Ensuite Maya est venu le chercher, et Daisy lui a raconté ce qu'elle venait d'apprendre sur la grand mère trapéziste de Maya, et sur son arrière arrière grand père, qui était en fait d'origine allemande. C'était un criminel nazi qui s'était réfugié en Argentine, durant la période d'après guerre. Je me suis empressé de sauter sur les genoux de Luis, car c'était le moment où jamais de me tenir prêt à intervenir. Mais j'allais de surprise en surprise, car il m'a serré très fort dans ses bras et il s'est mis à rire à gorge déployée. C'était la première fois que je voyais quelqu'un rire de cette façon, dans le cabinet de consultation de Daisy, et je vous assure que si j'avais été capable de rire, j'en aurais fait autant, tellement son rire était communicatif. Luis semblait n'accorder aucune importance au fait que son arrière arrière grand père était un ancien nazi, alors que Daisy venait juste de lui exliquer que ses troubles schizophréniques pouvaient avoir un lien avec cette information, qu'une culpabilité inconsciente pouvait en être la cause, que c'était un schéma récurrent... Daisy et Maya semblaient de plus en plus perplexes, et je vous assure qu'en cet instant béni, j'étais le seul à comprendre les tenants et les aboutissants de toute cette affaire. L'inconscient de Daisy avait vraiment besoin d'un sacré coup de pouce. Alors J'ai escaladé mon étagère préférée à toute vitesse, et j'ai fait tomber tous les livres, absolument tous, même les romans à l'eau de rose que Daisy cachait derrière la série complète des oeuvres de Sigmund Freud, car c'était justement ces romans dont j'avais besoin. Daisy me connaissait suffisamment pour comprendre que mon comportement n'était pas le fruit du hasard. Et lorsqu'elle a saisi le livre dont la couverture est ornée de deux coeurs entrelacés, je savais que j'avais rempli ma mission... Et Luis a pu raconter l'histoire de son arrière grand père qui était trapéziste.

FIN DE LA TROISIÈME PARTIE AVANT L'ÉPILOGUE.

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