Elizabeth

Lorsque je me réveille dimanche, il est midi passé. Il faut dire qu’avec le mal de crâne que j’ai actuellement, je n’ai pas pu me lever avant. Je regrette de m’être enfilée tous ces shoots alors que je n’ai pas l’habitude de boire.

Je me lève doucement puis je vais dans ma salle de bain pour prendre un cachet. Ensuite, je bois du jus d’orange puis je grignote des biscuits bio aux graines de pavot. Je termine mon rituel d’après soirée par me regarder dans le miroir. Mes cheveux sont emmêlés et mon maquillage a coulé sur mes joues.

Super la tête. Je prends un coton démaquillant afin d’enlever ce satané maquillage aguicheur. Je prends ensuite une douche puis je revêts un jogging avec un t-shirt de sport. Je replonge dans mon lit défait en attendant que ma migraine passe.

Mon répit est de courte durée car mon portable se met déjà à sonner. Je n’ai pas besoin de regarder l’identité de l’appelant pour le savoir.

- C’est une super journée pour un mois de septembre ! s’exclame Cassidy de bonne humeur.

Le son de sa voix explose dans mon crâne pour faire doubler ma migraine. Contrairement à moi, on dirait qu’elle n’a pas passé la soirée dans un club à danser avec un inconnu et à boire de l’alcool.

- Je ne me sens pas bien Cass, je me plains en écartant le téléphone de mon oreille.

- Qu’est ce que tu as fait ? demande-t-elle avec sérieux.

- J’ai bu trop d’alcool, j’explique peu fière de moi. Il me fallait du courage pour affronter le regard en coin des hommes.

- J’en était sûr ! s’écrit mon amie. Tu es super canon alors essaie de t’y habituer sans te bourrer la gueule. D’ailleurs comment s’est passé la nuit avec ton cavalier ? Je n’ai pas vu son visage mais je suis sûre que c’est quelqu’un de charmant.

- Cassidy ! je la réprimande. Je ne suis pas du genre à perdre ma virginité avec le premier venu. Et puis je dois me concentrer sur mes études.

- Ne fait pas la tête Lise, je te promets que j’arrête de t’embêter avec cette histoire d’hommes, s’excuse-t-elle.

- On se retrouve demain devant le bâtiment de langue, je lui propose pour changer de sujet. Nous avons choisi un cours de français en commun.

- Ouais pas de soucis, approuve Cassidy. Par contre, je dois te dire que j’ai eu un problème avec mon emploi du temps. L’administration m’a mise dans une autre option, je serais en science de la vie au lieu d’être en science de l’ingénieur.

- Ce n’est pas grave, je la rassure. Au moins nous serons ensemble pour les matières principales comme les mathématiques, la physique, l’informatique et cette nouvelle matière de physique qu’ils ont rajouté… comment ça s’appelle déjà ?

- C’est le cours de physique et astronomie, complète mon amie.

- Ouais c’est ça, j’approuve. D’après ce que je sais sur cette nouvelle matière elle permet de nous faire découvrir l’astronomie par la physique mais nous aurons tout un tas de calcul.

- De toute façon nous n’avons pas le choix, soupire mon amie. Je suis sûre que c’est encore un coup de l’université qui tient à se démarquer puisque c’est la seule à accueillir cette nouvelle matière.

- On en reparlera lundi après-midi lors du cours magistral, je l’informe.

- Par contre le TD est mercredi matin à la première heure, s’énerve mon amie. Je n’ai plus l’habitude d’avoir des cours aussi tôt.

- Tant que j’y pense, n’oublie pas de me raconter ce qu’il s’est passé avec ce mec.

- Arrête, inutile de rentrer dans les détails, tu sais très bien comment ça s’est terminé, réplique Cassidy.

Paradoxalement, mon amie n’aime pas donner des détails sur ses amants.

- C’était un bon coup, finit-elle par lâcher face à mon silence.

- Merci, maintenant nous pouvons raccrocher, je termine en riant.

Je pose mon téléphone sur mon bureau. Mon mal de tête est partie en discutant avec ma meilleure amie. Je suis de meilleure humeur et je décide de donner des nouvelles à ma mère.

- Bonjour maman, comment tu vas ? je questionne enthousiaste.

- Bonjour ma fille, je suis heureuse de t’entendre. Ton père et moi nous allons bien mais tu nous manques.

- Ça fait à peine trois jours que je suis partie, je rétorque en riant.

- Oui mais nous ne te voyons pas beaucoup, soupire-t-elle. Je sais que tu as ta vie là-bas et je ne reproche rien mais j’ai l’impression que tu as grandis si vite.

- Ce n’est pas facile pour moi d’être surdouée. Tu sais que j’ai toujours été solitaire et discrète pour éviter les jalousies ainsi que les moqueries des autres.

- Nous sommes vraiment heureux que tu puisses bénéficier d’une bourse car tu pourras avoir un meilleur avenir que tes pauvres parents illettrés, plaisante-t-elle.

- Je t’en prie maman, n’abuse pas. Il n’y a pas de quoi se plaindre, les récoltes ont souvent été bonnes. Il existe des personnes qui sont encore plus pauvres que nous et qui n’ont pas de toit sur leur tête.

- Je suppose que tout est prêt pour ta rentrée demain ?

- Oui bien sûr, je suis toujours très organisée.

- Je suis fière de toi ma fille. Envoie-moi un message pour me dire comment ça s’est passé.

- Sans faute, je promets avant de raccrocher.

Je me rallonge dans mon lit pour lire mon livre de la veille. En me plongeant dans la vie de Heathcliff, je ne peux m’empêcher de comparer ce personnage à l’inconnu du club. Ils gardent tous les deux une part de mystère dans leur comportement. Je secoue la tête puis je me replonge dans ce chef d’œuvre littéraire.

Je termine le roman les larmes aux yeux, emportée dans les amours contrariés de ce jeune homme qui mérite plus que tout le bonheur. La nuit commence à tomber lorsque je pose l’ouvrage sur mon bureau. Quand je lis, le temps file à la vitesse de la lumière.

Je vérifie que tout soit prêt pour demain puis je prépare un sauté de légume pour le diner. Je termine mon assiette puis je me brosse les dents et enfin je vais me coucher.

***

Mon réveil sonne et je l’éteins sans attendre. Je suis motivée pour que cette journée se passe bien. Je mange une pomme puis je m’habille avec les élégants vêtements que j’ai choisis samedi. Je me maquille légèrement puis je prends mon serre tête blanc avec un nœud en satin pour la touche finale.

J’aime porter des chaussures à talon à cause de ma petite taille mais pour des raisons de confortabilité, j’opte toujours pour une hauteur entre cinq et sept centimètres. A l’inverse, Cassidy est plus grande que moi et porte plus souvent des chaussures plates.

Lorsque je suis prête, je me dirige vers la bibliothèque pour rendre mes livres. Mon cours de français commence à dix heures et le soleil est déjà haut dans le ciel bleu. Je profite du beau temps car je sais que celui-ci va bientôt se gâter.

Je rejoins ensuite mon amie qui m’attends devant le bâtiment où nous avons cours. Elle me complimente sur ma tenue puis nous partons à la recherche de notre salle.

Après le cours nous nous dirigeons vers la cafétéria pour nous restaurer. Grâce à ma bourse j’ai une réduction sur la nourriture de tous les restaurants du campus.

- Tu te débrouilles vraiment bien en français, me complimente-t-elle. C’est vraiment une belle langue mais difficile à apprendre.

- J’étudie cette langue depuis le lycée tandis que toi c’est depuis la première année, je lui explique. Tu réussiras si tu continues de t’accrocher comme tu le fais.

Nous poursuivons le repas à discuter de nos impressions concernant la rentrée. Je suis heureuse d’être retournée en cours car je vais pouvoir permettre à mon cerveau de surdouée de se défouler dans les calculs.

Lorsque nous avons terminé, il est bientôt l’heure de découvrir les secrets du nouveau cours : physique et astronomie. Nous prenons place au milieu de l’amphithéâtre tout en saluant quelques étudiants que nous connaissons de vue.

Je contemple ma montre pour regarder la grande aiguille se poser sur le douze. Je lève la tête lorsqu’une silhouette se dirige vers le bureau.

Bon sang ! C’est quoi ce bordel encore ?