Elizabeth

- Entrez, m’ordonne une voix.

J’ouvre la porte puis je pénètre dans l’entre de mon professeur. Je m’avance vers son bureau puis je me poste à côté d’un fauteuil. Son regard froid et sans émotions me dévisage avec intensité. Je détourne mes yeux puis je me lance dans la contemplation de la pièce.

Au centre trône le bureau en chêne sombre avec deux fauteuils. Les étagères ne sont pas encore remplies dans leur totalité et il n’y a presque rien comme objets sur son bureau, preuve qu’il vient de s’installer.

- Vous pouvez vous asseoir, me permet-il en me faisant un signe.

Je pose mes fesses sur le fauteuil tant bien que mal alors que le professeur range quelques documents dans une pochette. Mes jambes sont en coton, je transpire à grosses gouttes et mon cerveau s’excite. Je commence alors à stresser en redoutant d’entendre sa voix prononcer ma sentence. C’est une mauvaise chose parce que lorsque mon corps devient comme ça, je commence à parler sans m’arrêter :

- Je suis vraiment désolée pour ce qu’il s’est passé au club samedi soir. Si j’avais su que vous étiez mon professeur, je n’aurais pas accepté une danse avec vous. Je suis tellement gênée par cette situation que j’ai envie de quitter votre cours mais ce n’est pas possible car il est obligatoire. Si je n’arrive pas à valider cette matière, je n’aurais plus de bourse et alors je finirai par travailler dans un fast food tout le reste de ma vie. Je vous en prie professeur soyez indulgent dans votre punition, je ne voulais pas vous humilier devant tout le monde.

J’ai prononcé ma tirade à toute allure et le professeur montre enfin une expression sur son visage. Il semble surpris mais reprend vite son air sérieux et fermé.

- Mademoiselle, je voulais juste connaitre votre nom, énonce-t-il en fronçant les sourcils.

Quoi ? Est-ce que je viens de m’enfoncer encore plus dans la honte là ? Je crois que je vais juste répondre aux questions.

- Elizabeth Davinson.

Le professeur cherche dans un énorme classeur posé sur l’étagère. Il sort ensuite une fiche qu’il pose devant ses yeux. En un coup d’œil, je repère que c’est une photocopie d’une partie de mon dossier. Le mec était au MI6 avant ou c’est juste quelqu’un qui veut tout savoir sur ses élèves ? Je n’ose même pas lui demander la raison de ma présence dans son bureau.

- Votre parcours scolaire est impressionnant, déclare-t-il sans la moindre chaleur dans la voix.

J’aurais pu prendre cela comme un compliment si ses mots n’avaient pas été dit avec aussi peu d’émotions. Je suis droite comme un I sur mon siège et mon regard est fiché sur mon dossier. Il relève enfin la tête et je ne peux m’empêcher de me plonger dans son regard à la fois si fermé et intense.

- Vous avez sauté deux classes et eu des résultats irréprochables aux examens d’entrée, résume Grayson. Avez-vous un test de QI ?

- J’ai un QI de 133, je réponds en soutenant son regard.

- Vous êtes une surdouée, conclu-t-il. C’est pour ça que vous avez trouvé aussi rapidement l’erreur dans mes calculs.

- Donc vous n’allez pas me punir ? je demande timidement.

- Non, tranche le professeur en posant ses lunettes sur la table. Je vous ai convoqué pour vous proposer un poste d’assistante.

Je suis si estomaquée qu’aucun mot ne sort de ma bouche. Je ne m’attendais absolument pas à ça.

- Mon travail d’enseignant me prend beaucoup de temps et j’ai besoin de quelqu’un pour m’assister dans mes recherches, explique-t-il. Voici des détails sur le poste.

Je prends la feuille qu’il me tend puis je la range dans mon sac. Voyant que je ne réagis pas, Grayson continu de parler :

- Bien sûr, je vais vous laissez le temps de réfléchir.

- Merci professeur.

- Vous pouvez disposer, termine-t-il avec la même froideur.

Je me lève en prenant garde à ne pas perdre l’équilibre. Mes jambes reprennent leur fonctionnement normal et je parviens à atteindre la porte sans tanguer. Je sens le regard intense du professeur dans mon dos jusqu’à que je sois dans le couloir.

Une fois la panique passée, je me dirige à la bibliothèque centrale pour piocher un livre concernant le cours de Grayson. Je suis toujours émerveillée par la grandeur de la bibliothèque et sa capacité à conserver l’histoire de Cambridge.

Je déniche un livre concernant la physique et l’astronomie. La physique étudiée à travers l’astronomie, je lu. Je soupire lorsque je vois le nom de l’auteur : Timothy Grayson. Je ferais bien de m’habituer à cette matière, du moins pour le premier semestre. Je quitte les lieux avec mon nouveau livre sous le bras.

Je traverse le campus pour rejoindre la cité étudiante. J’allume mon téléphone qui est éteint dans mon sac. Je constate que j’ai un texto de ma mère ainsi que de Cassidy. Je réfléchis quelques instants puis j’appelle ma génitrice.

- Bonjour Lise, comment s’est passée la rentrée ? demande-t-elle avec enthousiasme.

- Elle était semblable à toutes les rentrées que j’ai vécues depuis le primaire, je réponds en omettant les détails les plus importants.

- Tu n’as pas des choses intéressantes à me raconter ?

- Nous avons un nouveau professeur que toutes les étudiantes trouvent sexy, je lâche.

- Vraiment ? Ça doit changer de tous les vieux profs grisonnants qui sont proches de la retraire, commente-t-elle avant de rire.

- Tu ne sais pas à quel point… je murmure pour moi-même.

- Que dis-tu ?

- Le principal c’est que ses cours sont intéressants, je me reprends d’une voix claire.

- Tu as raison ma chérie mais ne te laisse pas distraire par ton nouveau professeur, me taquine-t-elle.

- Maman ! Tu sais bien que non, je râle. Je ne vais pas gâcher ma chance d’être dans cette université.

- C’est bien que tu te rappelles chaque jours ton objectif ma chérie mais n’oublie pas de te détendre un peu de temps en temps.

- J’ai des choses à faire maman, je soupire l’air sombre. A bientôt.

En arrivant devant la porte de mon studio, je me dépêche d’ouvrir la porte pour me coucher sur mon lit. En réalité, c’était la rentrée la plus étrange que j’ai jamais vécu. Je suis réellement troublée par mon professeur et je ne sais pas quoi penser.

Le plus important c’est que je ne me laisse pas détourner de mes objectifs. Je dois me concentrer sur mon avenir. Je me redresse puis je sors l’ouvrage de mon sac pour me plonger dans sa lecture. L’avantage d’avoir un cerveau de titan c’est que je suis capable de retenir les éléments importants d’une seule traite.

Mon téléphone émet plusieurs sons et je sors le nez de mon livre. J’ai oublié de répondre à Cassidy et elle me le fait comprendre. Je lui explique que nous nous parlerons à l’université mais elle rechigne car nous n’avons pas de cours en commun le mardi. J’ai que deux heures de cours le matin tandis qu’elle a une autre matière l’après-midi. Je pense que mon amie doit être vraiment en colère d’avoir était placée dans une autre option car nous ne nous verrons pas de la journée.

Je sors de mon sac le papier que m’a donné le professeur Grayson. Si j’accepte de devenir son assistante, je devrais faire des recherches pour lui, vérifier des calculs et l’aider dans la rédaction de son livre. C’est un travail qui doit prendre du temps et je ne sais pas si j’ai envie de le passer avec le sévère professeur Timothy Grayson.

Je ne sais pas quoi penser de tous cela mais je compte bien en discuter avec Cassidy. Elle est toujours de bon conseil et je ne vois pas à qui je pourrais en parler puisque c’est ma seule véritable amie. Je ne sais pas pourquoi j’ai honte de le dire à ma mère mais je ne veux pas qu’elle me mette la pression.

Je quitte mes vêtements de ville pour revêtir une tenue plus confortable. Il va falloir que je demande conseil à mon amie concernant la proposition du professeur mais je veux lui en parler en tête à tête. Je parviens à chasser de mon esprit le visage sans émotions de Grayson mais très vite celui-ci est remplacé par son sourire charmeur et bienveillant. Je dois me faire à l’idée que je ne reverrai plus l’homme que j’ai rencontré au club.