Elizabeth

Les semaines ont passé avec monotonie. Cassidy s’est enfin réveillée mais elle est encore très faible. Ses blessures guérissent bien mais elle est loin de pouvoir être indépendante. Je viens la voir dès que je le peux. Elle n’a perdu qu’une petite partie de sa mémoire. Mon amie ne se rappelle pas des derniers jours avant l’accident. Cassidy est vraiment heureuse que je la soutienne dans cette période difficile. Je l’aide à se maquiller et s’habiller avec de beaux vêtements quand elle sort de sa chambre en fauteuil roulant.

Du côté de monsieur Grayson, c’est le néant. Il m’adresse la parole qu’en cas d’extrême nécessité et me regarde à peine depuis son baiser. Je suis un peu inquiète mais pas surprise car David m’avait déjà prévenu de ce qui pourrait se produire. Finalement, je ne dois rien attendre de la part du professeur iceberg. Je suis blessée mais je préfère me concentrer dans mes études pour oublier ce carnage dans ma relation avec l’enseignant.

Je pense terminer le semestre avec un A ou un B. Mes notes sont toujours excellentes sauf en informatique qui pourrait faire pencher la balance en ma défaveur. Cassidy quant à elle risque de redoubler son année car elle n’est pas encore en capacité de suivre les cours à distance. Toutefois, ce n’est pas le plus important car elle doit d’abord complètement se rétablir.

Nous sommes la veille du départ pour la Convention et je viens de terminer les cours. La neige donne à l’université un caractère festif à l’approche de Noël. Mes bottes fourrées bruissent contre le manteau duveteux mais je parviens à rentrer chez moi sans glisser.

Ma valise est presque prête mais les vêtements d’hiver prennent beaucoup de place. Je rangerais ma trousse de toilette demain matin. Nous devons partir tôt pour arriver à l’hôtel dans l’après-midi.

Je m’effondre sur mon lit en soupirant car j’appréhende beaucoup cette sortie pédagogique. J’ai terminé le livre d’Anna qui s’intitule Romance Illégale mais je ne suis pas plus avancée sur ma relation avec mon professeur. J’aimerais vraiment que tout redevienne comme avant. Je voudrais tellement retrouver notre complicité. Mon ordinateur restait allumé sur mon bureau émet un son musical. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine lorsque je constate que c’est un message du professeur Grayson.

Bonsoir chers élèves de la Convention,

Nous nous retrouverons demain à six heures précise dans le hall de l’aéroport au guichet d’Informations. Je souhaiterais vérifier que mes trois élèves soient présents avant de déposer mes bagages. Je tiens à ce que toutes les étapes avant l’embarquement soient faites en ma présence pour prévenir d’un potentiel problème. N’oubliez surtout pas vos papiers d’identité avec votre Visa. Envoyer moi un mail pour me fournir vos numéros de téléphone si celui-ci à changer depuis que vous m’avez rendu les fiches en début d’année. Je dois pouvoir vous joindre à tout moment.

Soyez en forme pour demain,

Le professeur Timothy Grayson du département de Sciences Physiques

Je m’affale sur ma chaise en riant intérieurement. Toujours obligé de tout contrôler ce professeur. Heureusement pour moi, je n’ai pas à écrire au professeur puisque je n’ai pas changé de numéro. M’imaginer qu’il puisse l’avoir dans son téléphone me gêne énormément. Tel que je le connais il a dû m’enregistrer sous Elizabeth Davinson.

Mon smartphone retentis dans la pièce dont la musique western m’indique que l’appelant est ma mère. Je devais me douter que je ne pourrais pas passer la soirée sans qu’elle prenne des nouvelles. Depuis l’accident de Cassidy, elle m’appelle deux fois plus que d’habitude.

- Bonsoir maman.

- Ma chérie, je venais prendre de tes nouvelles et celles de Cassidy.

- Je vais bien et mon amie est hors de danger depuis qu’elle est sortie du coma, je la rassure. Ma valise est presque terminée et je suis vraiment heureuse de partir dans un nouveau pays.

- Tu n’as pas l’air très convaincu de ce que tu dis, remarque mon interlocutrice.

- Je suis fatiguée et pressée d’aller me coucher.

- J’espère que tu manges bien ma fille, sinon je te rapatrie dans le Hampshire.

- J’aime bien le sud de l’Angleterre mais je préfère rester à Cambridge. Tu sais que je fais des efforts pour me nourrir.

- Très bien, soupire ma mère peu convaincue. Je ne vais pas t’embêter plus longtemps. Envoie-moi un message quand tu seras arrivée à Washington.

- Promis, je lâche avant de raccrocher.

Je revêts mon pyjama d’hiver puis je m’enroule dans les couvertures de mon lit. Je n’ai pas envie de travailler ni de manger. De plus, j’appréhende le départ donc je risque d’avoir des troubles du sommeil.

***

Ma nuit est agitée et je me réveille à plusieurs reprises. Je crois que j’ai peur que mon réveil ne sonne pas. Mon cerveau s’invente encore des histoires. Ma peur de rater l’avion me hante toute la nuit.

Lorsque le réveil me perce les tympans et je grogne de mécontentement. Je voulais dormir encore un peu mais la nuit a été courte. Je me suis réveillée à quatre heure trente au cas où j’ai un problème avec le bus.

J’effectue mon train train matinal sur pilote automatique. Après avoir mis dans mon sac à dos des barres de céréales fruitées ainsi qu’une petite bouteille d’eau, je regarde ma valise fermée. Je crois que j’ai mis trop de choses à l’intérieur alors j’espère qu’elle ne va pas exploser dans la bagagerie.

Le vent glacé me fouette le visage malgré mon bonnet et mon écharpe. La nuit noire plonge la ville dans le calme. Toutefois, je ne suis pas rassurée par la solitude profonde des rues qui me conduisent au centre-ville. Je patiente de nombreuses minutes en me tortillant les doigts avant que le bus de l’aéroport arrive.

Nous sommes que trois personnes dans le bus et je m’installe confortablement à une place en attendant le terminus. Quelques minutes plus tard, une main se pose sur mon épaule. Je sursaute en me retournant vers le responsable comme agressée par ce simple geste.

- Salut Lise.

- Jason ! Mais qu’est ce que tu fais là ? je demande avec surprise.

- Tu n’as pas vu sur le panneau que je faisais partie de l’équipage ? s’étonne-t-il.

Je le regarde mal à l’aise. Il a retiré son piercing mais arbore toujours une coupe de rockeur. L’étudiant est vêtu d’un jean troué, de basket de skate, d’un bonnet qui laisse entrevoir ses mèches blondes ainsi qu’une épaisse doudoune grise.

- Je … ne pensais pas que c’était toi Jason Wright, je bredouille en baissant les yeux.

Il s’assoit près de moi en riant.

- Ne t’inquiète pas, j’ai peut-être le look d’un vaurien qui joue du rock mais je suis très douée dans les matières scientifiques, explique-t-il. J’ai un très bon dossier et je cache plutôt bien mes notes aux regards des autres élèves.

- Je suis contente que ce soit toi, je lance pour me rattraper.

- Mes bonnes notes restent entre nous, dit-il en me faisant un clin d’œil.

- Bien sûr, je réplique en serrant la main qu’il me tend.

Le trajet se passe rapidement car je discute avec Jason. Nous parlons de nos attentes de ce voyage puis nous échangeons nos hypothèses sur l’hôtel et la Convention. Malgré les apparences, j’ai quelques points en communs avec lui et le voyage promet d’être agréable.

Nous entrons dans le hall principal ensemble et je remarque immédiatement la carrure du professeur Grayson près du guichet d’Informations. Le nez dans son téléphone, je peux contempler son élégant bomber fourré qui tombe sur un jean et des baskets de ville. C’est étrange de le voir en tenue aussi décontractée mais je le trouve toujours aussi sexy.

Lorsqu’il lève les yeux dans ma direction, mon cœur fait un bon dans ma poitrine. Je souffle un bon coup puis je m’avance dans sa direction aux côtés de Jason.