Chapitre 23 - Jalousie

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Elizabeth

L’avion tangue dans le ciel et me réveille d’un sommeil léger. C’est un peu dur de dormir dans ce genre d’appareil mais je me suis quand même reposée.

Lorsque j’ouvre les yeux et que mon corps s’approprie à nouveau les sensations humaines, je remarque que ma tête est posée de travers sur un tissu doux. Je me redresse doucement puis je constate avec horreur que je dormais sur l’épaule du professeur. Je me retourne vivement vers le hublot en rougissant.

- J’espère que c’était confortable, commente mon voisin en riant légèrement.

Oh non, l’enseignant se moque clairement de moi. Il doit trouver mon attitude d’effarouchée totalement disproportionné car il ne semble pas gêné de la situation.

- Je… je suis désolée professeur Grayson, je couine sans le regarder.

- Ne vous inquiétez pas mademoiselle Davinson, vous n’avez fait que dormir sur mon épaule, me rassure-t-il d’une voix chaleureuse.

Mais en réfléchissant, ce n’est pas tous les jours qu’on peut soutirer un sourire à Grayson. Même si je ne le regarde pas, je suis sûre que c’est ce qu’il doit faire.

- Il reste encore deux heures de vol environ, poursuit-il. Vous avez plutôt bien dormi.

- Quoi ? J’ai sombré dans le sommeil si longtemps ? je demande en me tournant enfin vers lui.

Grayson repose son livre d’Einstein sur sa tablette puis retire ses lunettes. Il a vraiment l’air d’un mannequin sans sa panoplie de professeur. Je me rends compte que j’ai de la chance d’attirer l’attention d’un homme comme lui. Il me regarde un sourire au coin des lèvres avant de répondre :

- Si vous ne vous rendez pas compte que le temps est passé vite c’est que vous dormiez bien. Vous serez en forme pour notre séjour à Washington. Pour ma part, je ne parviens pas à dormir dans un avion.

- Il faut dire que votre épaule était confortable, je dis en essayant de faire de l’humour.

Le professeur me sourit chaleureusement et je me détends en voyant que ma touche humoristique a marché. C’est la première fois que je le vois aussi détendu et de bonne humeur. Je pense que ce voyage lui tient beaucoup à cœur et qu’il est heureux de nous faire découvrir la première édition de cette Convention.

Après avoir passé tout ce temps à dormir, j’ai vraiment envie d’aller aux toilettes. J’explique mon besoin au professeur et celui-ci se lève pour me laisser passer.

- Au fait, l’hôtesse de l’air est passée nous donner notre petit déjeuner, m’interpelle mon voisin. Je pose votre paquetage sur votre table.

Je le remercie d’un signe de tête puis je me dirige au petit coin. L’espace est exiguë mais moderne. Lorsque je sors, je tombe nez à nez avec Jason.

- Je t’ai vu te lever et je me suis dit que je pourrais te saluer, explique-t-il en s’écartant de la porte.

- Nous nous sommes déjà vu ce matin dans le bus, je réplique étonnée.

- Bien que Louis soit une personne très sympa, il est impossible à arrêter lorsqu’il parle d’aviation. Discuter un peu avec un visage amical va me permettre d’attendre qu’il s’assoupisse un moment.

- Je suis disponible pour accéder à ta requête, j’annonce en riant.

Nous discutons dans un coin de l’appareil pour ne pas gêner les passagers. Après plusieurs minutes, Jason constate que Louis s’est enfin calmé et regagne son siège.

Lorsque je m’installe pour commencer mon petit déjeuner tardif, le professeur m’interroge :

- Vous avez mis beaucoup de temps, vous n’êtes pas malade ?

J’ouvre un sachez de biscuit et ma brique de jus d’orange avant de me tourner vers mon interlocuteur.

- J’ai rencontré Jason en sortant des toilettes, j’explique.

Je vois sa main se crisper sur la couverture cornée de son livre.

- Comme par hasard… je crois l’avoir entendu marmonner.

Je ne comprends pas pourquoi l’enseignant n’aime pas Jason. Peut-être à cause de leur goûts différents ? Ou il n’apprécie pas sa désinvolture ainsi que son manque de sérieux malgré ses notes excellentes. Je me promets d’appeler Cassidy pour lui demander ce qu’elle en pense.

Le professeur se referme à nouveau sur lui-même et je poursuis ma dégustation. Je ne lui adresse pas la parole jusqu’à la fin du voyage car je ne veux pas risquer de l’énerver encore plus.

Lorsque nous arrivons sur le continent américain, il est onze heures trente, heure de Washington. Nous arrivons dans l’aéroport pour récupérer nos valises. Une fois la chose faite, le professeur nous indique avec réserve que nous allons prendre un taxi au lieu de « se farcir les transports en commun » selon ses mots.

Heureusement que nous sommes trois étudiants comme ça, nous n’avons pas besoin de plusieurs professeurs lors du voyage. Entassé tous les quatre dans une voiture cinq place, je parviens à observer les paysages citadins défiler devant mes yeux.

- La ville n’est pas exceptionnelle, commente Louis. Ce sont juste des grattes ciel qui s’imposent dans le paysage.

- Avoue quand même que c’est un peu différent de Cambridge, commente Jason.

L’enseignant continue d’ignorer nos propos et se concentre sur la route jusqu’à notre arrivée à hôtel. Si je comprends bien il se trouve près de l’endroit où se déroule la Convention et toutes les chambres ont été réservées pour cet évènement.

L’entrée du Yours Truly DC n’est pas très grande mais décorée dans un style très cosy et un peu vintage. Je suis un peu gênée de constater qu’il s’agit d’un établissement cinq étoiles.

Le professeur discute avec l’hôtesse d’accueil puis revient vers nous le visage plus détendu.

- Les garçons, vous partagerez la même chambre tandis que mademoiselle Davinson a le privilège d’être seule, mentionne-t-il. Ma pièce se situe entre vos deux chambres donc n’hésitez à venir me voir en cas de problème. Vous avez quartier libre pour aujourd’hui mais vous devrez être revenu pour le diner du soir à dix-neuf heures dans le hall.

Nous nous dirigeons ensuite vers l’un des ascenseurs pour nous installer dans nos chambres. Jason me fait un petit signe de la main avant que je rentre dans la mienne.

Les mots me manquent lorsque je vois la décoration de la pièce. Un grand lit double me fait face ainsi qu’une magnifique armoire en bois clair. Un bureau est installé de l’autre côté du lit de la même matière. Plusieurs plantes et tableaux vintages sont disposés dans la pièce pour la décorer.

Je dépose mon pyjama sur les draps immaculés puis je commence le rangement des mes affaires dans l’armoire. Ensuite, je prends le catalogue de l’hôtel puis je m’allonge sur le lit. Il y a plusieurs bar-restaurants ainsi que des salles de sports et un espace bien-être. C’est vraiment inespéré qu’une personne comme moi se retrouve dans un hôtel comme celui-ci.

Je repose le magazine sur le bureau puis j’écris un SMS à ma mère pour lui dire que je suis bien arrivée. Ensuite, je clique sur le numéro de Cassidy pour l’appeler.

- Hey ! s’exclame-t-elle en décrochant à la première sonnerie. Comment ça se passe à Washington ?

- Le professeur a un comportement étrange, je me confie pensive.

- Ah ? Et pourquoi le bel enseignant est encore contrarié ? demande mon amie avec intérêt.

- Il est de mauvaise humeur dès qu’il me voit avec Jason et je ne comprends pas, je soupire.

Ma meilleure amie s’esclaffe plusieurs minutes au bout du fil.

- T’a fini ? je questionne agacée lorsque je n’entends plus sa voix.

- Ma pauvre Lise, tu ne comprends rien aux hommes alors que la vérité est sous tes yeux. Grayson est jaloux que tu discutes avec quelqu’un d’autre. Ne cherche pas à comprendre le désir de domination d’une personne sur une autre.

- Quoi ? je m’écris. Mais pourquoi serait-il jaloux ?

- Nous en avons déjà parlé. Depuis votre première rencontre au bar, il est attiré par toi. Sa jalousie envers Jason ne fait que confirmer ce que je t’ai dit. Cependant, Grayson ne peut pas intervenir dans ta relation avec un autre étudiant car ce n’est pas son rôle. S’il se referme comme une huitre c’est qu’il est conscient de toutes ces choses. Il sait qu’il doit réprimer ses envies mais cela doit l’affecter.

Comme toujours, Cassidy a toujours réponse à tout en ce qui concerne les hommes. Je ne préfère pas continuer sur ce sujet que je méditerais plus tard.

- Et comment vas-tu ? Tu sembles en forme, je poursuis.

- Evidemment ! Je travaille comme une dingue pour rattraper mon retard scolaire. Le directeur du département pense que j’ai une chance de réussir le semestre. J’ai encore quelques petits problèmes de mobilité mais le plus important c’est de reprendre mes études normalement.

- Je suis heureuse pour toi, j’avoue avec sincérité.

- J’aimerais discuter plus longtemps avec toi mais je dois travailler. Je suis inscrite au programme à distance pour ne pas avoir à faire le déplacement à l’université.

Je lui souhaite bon courage puis je raccroche. Maintenant mon cerveau risque de cogiter toute la journée si je ne fais rien. Je pense proposer aux garçons de faire une sortie s’ils ne sont pas trop fatigués du voyage.

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