Chapitre 24 - Le désir
Elizabeth
Je m’apprête à sortir de ma chambre pour rejoindre celle des garçons lorsque mon téléphone vibre. Je reçois un message de Catherine après plusieurs semaines de silence.
Salutations,
Le montage du reportage est bientôt terminé grâce à votre importante participation. Je vous invite le 10 janvier à dix-neuf heures au café O’clock pour assister au premier visionnement du film.
Ce message groupé me fait plaisir et je suis heureuse que Catherine ait atteint son objectif. Je range le téléphone dans mon sac, redresse mon pull rose puis je sors de ma chambre. Tout le bâtiment est chauffé et j’ai presque chaud avec mes bottes fourrées et mon jean épais.
Je passe devant la chambre de Grayson puis je toque à celle des garçons et la porte s’ouvre sur Louis. Il sort de la pièce pour se retrouver face à moi.
- Salut, je me demandais si vous vouliez venir vous balader avec moi ? je demande en souriant.
- Jason dort, chuchote-t-il pour ne pas faire trop de bruit. Il était de mauvaise humeur à cause du décalage horaire. Dès qu’il s’est allongé sur le lit, il s’est endormi comme une masse.
- C’est vrai que le matelas est tellement confortable, je commente.
- Pour ma part, je révise mes cours, explique-t-il avec un léger accent français. Si tu veux on peut se retrouver après le diner pour faire quelque chose tous les trois. Je ne pense pas que le professeur Grayson nous en veuille si on se couche avant minuit.
- D’accord, nous en discuterons à table.
Louis ferme la porte tandis que je me rends dans le hall de l’hôtel pour visiter les lieux. Dans le premier bar restaurant il y a seulement un employé et deux clients. Je me rends ensuite dans les jardins où le froid glacial heurte ma peau.
Je regarde les nuages gris qui laissent s’échapper une multitude de flocons. Je tends la main pour en recueillir quelques-uns et le froid n’a plus d’importance. Je suis tellement heureuse d’être sur un nouveau continent. A présent, un duvet blanc recouvre le jardin et mes pas bruissent dans la neige.
- Tu n’as pas le droit de faire ça ! j’entends crier à l’autre bout du jardin.
Je pensais être seule puisque cet espace semble réserver pour les jours plus chauds. Je m’approche du bruit et je tombe sur une silhouette familière qui me tourne le dos.
- Espèce de sale garce ! s’écrit le professeur Grayson dans son téléphone.
Il se tourne légèrement dans ma direction sans me voir puisque je suis derrière un buisson à moitié décharné. Je ne l’ai jamais vu aussi en colère et il est très effrayant. Ses yeux verts semblent lancer des éclairs.
- Quoi ? Non attend ! poursuit-il. Allo ? Allo !
Il balance avec rage son téléphone dans la neige.
- Et merde !
Le professeur se penche pour le ramasser tandis que je m’éclipse devant la porte d’entrée comme si je n’avais rien vu. Je vois ensuite Grayson apparaitre dans mon champ de vision les poings et la mâchoire serrés. Lorsqu’il me voit, une vague de surprise traverse son regard puis il passe devant moi en déclarant d’une voix dure :
- Vous devriez rentrer si vous ne voulez pas attraper froid mademoiselle Davinson. Je ne tiens pas à ce que vous passiez tout le séjour dans votre chambre.
Je ne réponds rien et il ouvre la porte pour entrer.
- J’ai besoin de me détendre, je l’entends marmonner pour lui-même.
Gloups. Le professeur était en train de se disputer et ce n’était surement avec quelqu’un de la fac. Lorsque je l’imagine avec une autre femme, mon cœur se serre. Non, ça ne peut pas être sa copine. On ne parle pas à une personne qu’on aime comme il vient de le faire. Moi aussi, j’ai vraiment besoin de me détendre pour oublier ce que je viens d’entendre.
Je viens de me rappeler que dans l’espace soin, le sauna est gratuit. Il ferme à dix-sept heures donc je dois me dépêcher si je veux en profiter un peu.
Je monte dans ma chambre pour récupérer une serviette. Si j’avais su, j’aurais pris un maillot de bain. Ensuite, je prends l’ascenseur pour descendre au sous-sol. Je me change sans crainte dans les vestiaires pour femmes qui sont déserts. J’attache mes cheveux avec un pince puis je noue ma serviette autour de mon corps nu.
Les couloirs sont dépeuplés car tout le monde doit s’afférer à vérifier que tous soit prêt demain pour la Convention. En effet, les organisateurs et les invités d’honneur logent dans cet hôtel alors que les visiteurs doivent se débrouiller eux-mêmes. Nous avons donc beaucoup de chance que Grayson ait été invité à venir avec certains de ses élèves.
J’ouvre la porte transparente du sauna et cette fois-ci la chaleur m’envahit. La pièce est assez vaste et la buée m’empêche de voir s’il y a quelqu’un d’autre. Je m’approche du fond et je perçois une silhouette masculine.
Merde, j’espère qu’il ne va rien m’arriver de mal. Je passe devant la personne et je reconnais immédiatement le professeur Grayson. Je m’arrête net, les yeux grands ouverts à le dévisager.
Ses cheveux bruns sont humides et des gouttelettes perlent sur son torse musclé. Mon Dieu, sa musculature est parfaite. Impossible de détacher mon regard de son corps. Une serviette est nouée autour de sa taille et j’aimerais bien l’enlever.
Attend. Quoi ? Est-ce que j’ai vraiment pensé ça ? Maintenant je dois être en train de rougir comme une adolescente.
- Au lieu de rester planté là à me regarder, vous devriez vous asseoir, finit-il par dire d’un ton moqueur.
La bourde, je suis grillée mais au moins il semble de meilleure humeur que tout à l’heure. Je recule pour m’asseoir dans un coin.
- Près de moi, ordonne-t-il d’une voix forte.
Je baisse la tête puis j’avance à nouveau dans sa direction pour me poser à un mètre de son corps. Je suis dans un état second et la chaleur ne m’aide pas à reprendre mes esprits. Comment résister à un homme aussi viril et mystérieux ?
- Inutile de vous tapir dans un coin, je ne vais pas vous manger.
Je baisse la tête sur ma serviette, incapable de dire quoi que ce soit. A cause de cette vision divine, ma tête commence à tourner. C’est comme si j’avais vu ce qu’aucun humain n’était censé voir.
Je jette un œil au professeur, incapable de tenir en place. Il a plié un genou et soutient sa tête avec son bras qui repose sur sa rotule. Ses yeux sont perdus dans la vague et j’ai vraiment l’impression d’être devant une photo de magazine ou même devant Dieu lui-même.
Sa tête se tourne légèrement vers moi et je plonge dans son regard émeraude. Je dois être rouge comme une tomate et je suis sûre que le professeur sait qu'il me fait de l’effet. Si je reste une minute de plus, je ne vais pas tarder à pisser du nez comme dans les mangas.
Je regarde vers la porte puis je me lève. Bien évidemment, je trébuche sur la marche du dessous. Je crois alors m’effondrer par terre mais le bras puissant de Grayson me saisi par la taille. Au lieu de quoi, je tombe délicatement sur les genoux.
Instinctivement, je me tourne vers mon sauveur. Je retiens un cri lorsque je vois son visage à quelques centimètres du mien. Ses yeux me transpercent et je crois y percevoir du désir. Ma respiration s’accélère, des papillons volent dans mon ventre et je ne peux pas résister. Le professeur s’apprête à dire quelque chose mais je pose ma bouche sur la sienne.
Grayson réagit immédiatement et me colle contre son torse malgré la chaleur ambiante. J’ai l’impression que c’est la fête de la musique dans mon corps. Mon cœur tambourine au même rythme que celui de l’enseignant. Il approfondit notre baiser et je sens sa langue caresser langoureusement la mienne.
Mon corps bascule contre le sol en bois pour se retrouver au-dessus de moi. Ma chair réclame par tous ses pores celle du professeur. Lorsque sa main se pose à l’intérieur de ma cuisse, je lâche un gémissement. L’enseignant grogne de plaisir et ses doigts se frayent un passage jusqu’à mon intimité pour entamer des vas et viens sur mon clitoris.
Je me cambre pour m’offrir à lui car je ne veux même plus résister. Quand ses doigts me pénètrent, je plante mes ongles dans ses biceps. Toutes les parcelles de mon corps sont en fusion et je découvre pour la première fois le plaisir sexuel.
- Professeur… je vais… je parviens à dire entre deux gémissements.
Quelques secondes plus tard, mon corps explose en feu d’artifice puis se relâche. Nous sommes tous les deux essoufflée par cet acte intime. Le regard sensuel de l’enseignant me prouve qu’il est satisfait. Je ne regrette rien car je suis amoureuse de lui, même si je n’ai pas le droit de l’aimer.
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