Chapitre 27 - Troublant conseil
Elizabeth
Mon réveil sonne à huit heures mais je n’ai pas envie de quitter la douceur des draps. Je me force tout de même à me lever pour ne pas être en retard.
Je retire mon pyjama d’hiver puis je me glisse dans la douche spacieuse. Je me lave rapidement puis je me sèche avec vigueur. Ensuite, je revêts un pull en cachemire orange et mon jean de la veille.
Mes cheveux sont en bataille et je les discipline avec une brosse lissante. Pour l’instant ils sont aplatis mais ils redeviendront rapidement ondulés.
Je m’étale une crème sur le visage pour hydrater ma peau puis je prépare mes affaires avant de descendre. J’ai opté pour un petit sac en bandoulière bleu dans lequel j’ai rangé de quoi écrire et de quoi me restaurer en cas de petit creux.
Je suis à l’aise dans mes bottes en fourrures et je prends dans mes bras ma doudoune ainsi que mon écharpe et mon bonnet à pompon rose.
Lorsque j’arrive à notre table, il n’y a que Georges Higles. Je suis un peu gênée de me retrouver seule avec lui mais je prends place après avoir déposé mes affaires sur le dossier de ma chaise.
- Bonjour professeur Higles, je le salue poliment.
Il lève la tête de son journal puis repose sa tasse de café.
- Elizabeth, s’exclame-t-il heureux de me voir. Je vous en prie, appelez-moi Georges.
Je hoche la tête en lui lançant un sourire crispé avant de me retirer en direction du buffet. Je reviens rapidement à la table avec des viennoiseries et du thé.
- J’espère que vous vous plaisez à Cambridge et que Timothy ne vous embête pas, souhaite l’ancien professeur d’un air amusé.
- Bien sur que non, je réplique. Le professeur Grayson est une personne admirable et c’est un honneur d’être son assistante.
- Assistante… chuchote-t-il pour lui-même l’air pensif.
Une lueur mystérieuse passe dans ses yeux et il sourit.
- Vous aimez beaucoup votre professeur, finit-il par dire. J’espère qu’il vous poussera vers le haut comme je l’ai fait avec lui. Quoi que vous pensiez, Timothy vous estime beaucoup.
Je baisse la tête vers mes viennoiseries en rougissant.
- Prenez garde miss Elizabeth, dit-il avant de se lever. Mais surtout êtes-vous prête à prendre le risque ?
Je me tourne vers lui interloquée mais je le vois disparaître derrière le bar. Cet homme est vraiment très étrange. Il me fait presque penser à un vieux sage qui s’évapore au moment où on a une tonne de questions à lui poser.
Je n’ai pas le temps de méditer sur ces questions car mes camarades s’installent près de moi avec deux grosses assiettes de nourriture. Tout deux semblent en forme et excités d’aller à la Convention.
- Bien dormi ? demande Jason avec son fidèle sourire.
- Comme une souche, je n’avais pas envie de me lever.
- C’est clair, moi non plus !
Le professeur Grayson fait son entrée dans un style un peu plus professionnel. Il a enfilé un pull par-dessus sa chemise blanche et sa cravate.
- J’espère que vous êtes prêts pour l’aventure, s’enthousiasme-t-il.
- Evidemment ! réplique Louis avec entrain.
J’observe les garçons engloutir des friands au fromage et des saucisses. Pour ma part, je suis restée sur un déjeuner typiquement français car j’adore leur cuisine.
- Comment s’est passé votre sortie ? demande l’enseignant avec intérêt.
- Nous sommes allés boire un verre dans un bar, explique Jason. Il faisait trop froid pour rester dehors alors nous n’avons pas vu grand-chose de la ville. Mais la soirée était quand même trop cool !
Le professeur jette un coup d’œil irrité à mon camarade. Il n’apprécie pas trop son ton désinvolte et amusé. Peut-être est-il jaloux de ce jeune homme qui attire la sympathie de tous ? Jason est assez populaire à l’université grâce à son groupe qui a enregistré son premier album d’après ce qu’il m’a confié hier soir. Le rock n’est pas ma musique de prédilection mais j’apprécie quand même ce style.
Monsieur Grayson semble à nouveau de mauvaise humeur et regarde son thé perdu dans ses pensées, en avalant des petits fours. Je donnerais cher pour savoir ce qui le tracasse. L’appel de hier soir me revient à l’esprit mais je le chasse de ma tête. Cela ne sert à rien d’être jalouse envers une personne que l’enseignant déteste. Pourtant, j’aimerais vraiment comprendre qui est cette femme et quelle place occupe-t-elle dans la vie de mon séduisant professeur…
Lorsque tout le monde a terminé, nous nous levons pour nous habiller chaudement. Ensuite, nous sortons de l’hôtel pour rejoindre la route qui mène à la Convention qui doit être inaugurée à dix heures.
Nous marchons quinze minutes avant de nous retrouver devant un énorme bâtiment moderne avec une banderole : Convention sur l’Espace et l’Astronomie – Première édition. Le parking est plein à craquer et le professeur nous donne à chacun une carte VIP à pendre à notre cou. Grâce à ce badge nous entrons sans présenter nos billets et sans faire la queue.
Nous pénétrons dans l’immense hall où une sculpture géante d’un atome est représentée. Le professeur nous indique un immense amphithéâtre où aura lieu dans quelques minutes l’ouverture. Les personnes ne pouvant pas entrer pourrons suivre le discours sur les écrans géants du hall.
Nous nous asseyons à des places qui nous ont été réservées. Je remarque des jeunes portant le logo de Oxford sur leur sweat qui tout comme nous ont dû être invités.
Nous patientons quelques minutes avant que les lumières s’éteignent et que les projecteurs se dirigent vers un pupitre derrière lequel sont posés des drapeaux américains. Charles Bolden l’ancien administrateur de la NASA nommé par Barack Obama salut le public avant de commencer à présenter la Convention.
Son speech ne dure que quelques minutes avant qu’un intervenant nous présente une vidéo présentant le programme de la journée. Il y aura des conférences dans différents amphithéâtres ainsi que des échanges avec des personnalités importantes du monde scientifiques. Des activités en laboratoires et des démonstrations sont également au programme.
- J’ai déjà établi notre emploi du temps de la journée pour pouvoir faire le maximum de chose, nous présente l’enseignant en nous tendant des feuilles une fois les orateurs partis.
- Toujours aussi organisé à ce que je vois, je murmure pour moi-même.
Le professeur est assez distant avec moi mais je suis tellement contente d’être ici que je ne m’en préoccupe pas pour l’instant.
La journée passe à la vitesse de la lumière. Nous avons assisté à deux conférences de deux heures : l’une sur la formation des trous noirs et l’autre sur la possibilité scientifique de vivre sur une autre planète. Nous avons pu admirer des expériences scientifiques et expliqués par des professeurs du MIT ainsi qu’acheter des livres dédicacés.
La plupart de ce que nous avons vu n’est pas dans le programme scolaire mais cela nous permet de nous ouvrir à d’autres horizons. Nous sommes déjà à la fin de la journée et je me sens complètement vidée. Nous avons à peine avalé un sandwich durant une conférence et je commence à manquer d’énergie. La journée a été vraiment instructive et je suis vraiment contente d’être venu même si j’ai dû emprunter deux cent livres à mes parents pour payer le voyage.
Il est bientôt dix-huit heures trente et les vigiles commencent à diriger les gens vers la sortie. Je n’ai pas vu le professeur Higles et sa femme de la journée. Ils devaient être occupée à vérifier que tous se déroule comme prévu.
Nous nous dirigeons tous les quatre vers la sortie lorsqu’une femme d’une trentaine d’années se dirige vers nous d’un pas assuré. Le professeur croise son regard puis se crispe.
L’inconnue porte une jolie robe crayon jaune qui met en valeur sa taille fine et sa haute stature. Ses longues jambes sont soulignées par des escarpins. Ses cheveux noirs sont attachés dans un chignon sévère. Si je ne l’avais pas vu avec un air aussi sérieux j’aurais pu penser que qu’elle était mannequin.
- Bonjour Tim, je pensais ne jamais te recroiser, minaude-t-elle.
- J’ai passé la journée à t’éviter figure toi, réponds froidement Grayson en serrant les poings.
Nous nous regardons tous les trois avec Jason et Louis, sans comprendre ce qui est en train de se passer. Bon sang ! Mais qui est cette femme ?
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